Le chimiste d’origine tunisienne Moungi Bawendi, l’un des pionniers de la recherche sur les points quantiques dans le monde, a remporté le Prix Nobel de Chimie 2023 pour ces découvertes aux cotés de l’Américain Louis E. Brus et du Russe Alexey Ekimov. Les trois chercheurs basés aux États-Unis travaillent respectivement pour le Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’Université de Columbia et pour Nanocrystals Technology. Le comité a récompensé leurs travaux sur « la découverte et le développement des points quantiques, des nanoparticules si petites que leur taille détermine leurs propriétés », selon le jury.
Né le 15 mars 1961 à Paris, Moungi Bawendi, de son complet Moungi Gabriel Bawendi, est un chimiste tunisien, français et américain. Fils du mathématicien Mohammed Salah Baouendi et d’Hélène Baouendi (née Bobard), Moungi Bawendi immigre avec sa famille aux États-Unis dès son enfance, après avoir passé ses premières années en France puis en Tunisie. Aux États-Unis, il fait ses études scientifiques et obtient une licence appliquée et un master en chimie de l’université Harvard, respectivement en 1982 et 1983 et un doctorat en chimie de l’université de Chicago en 1988.
Après son doctorat, il effectue un stage postdoctoral de deux ans aux Laboratoires Bell, sous la direction de Louis E. Brus, où il commence à s’intéresser aux nanomatériaux avant d’intégrer le Massachusetts Institute of Technology en 1990 en tant que professeur assistant. Là-bas, il continue de mener des recherches sur les nanomatériaux et particulièrement sur les points quantiques. Ces efforts aboutissent au développement des premières techniques de production des premiers points quantiques de haute qualité et du contrôle de la taille des points quantiques et de la couleur de leur fluorescence en 1993. Cette performance lui permet d’être nommé professeur agrégé au MIT en 1995 puis professeur des universités au sein de la même institution en 1996.
Une fois nommé professeur au MIT, Moungi Bawendi étend ses domaines d’intérêt en créant son propre laboratoire de nanochimie et commence à réaliser des recherches interdisciplinaires visant à sonder la science et à développer la technologie des nanocristaux et autres nanostructures synthétisés chimiquement. Ces travaux lui permettent de devenir une référence internationale en nanochimie durant les années 2000.
Les points quantiques, aussi appelés boîtes quantiques, sont des nanocristaux de semi-conducteurs, faisant généralement de 2 à 10 nanomètres de diamètre. Capables de convertir un spectre de lumière entrant en une fréquence d’énergie différente, ils sont utilisés dans les écrans de télévision LED modernes, dans les panneaux solaires et dans l’imagerie médicale, où ils peuvent notamment guider les chirurgiens dans l’ablation de tumeurs. Découvertes dans les années 1970-1980, les boîtes quantiques ont depuis essaimé dans de nombreux secteurs industriels – les écrans de télévision où ils renforcent les contrastes lumineux – ou de recherche – en optoélectronique, ou pour visualiser des structures biologiques nanoscopiques par exemple.