L’arrestation de la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, mardi 3 octobre courant aux alentours du siège du bureau d’ordre de la Présidence de la République a suscité une vague de dénonciation exprimée par diverses composantes de la société civile, notamment : l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), la Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme (LTDH) et l’organisation Avocats Sans Frontières (ASF).
Après avoir consulté le dossier de l’arrestation de Abir Moussi, l’ATFD a exprimé, dans un communiqué datant du 4 octobre 2023, sa profonde préoccupation s’agissant de ce qui a été qualifié de « blocage politique » dominant dans le pays.
« En dépit de la divergence fondamentale avec le PDL et sa présidente, l’association considère que l’arrestation de Abir Moussi ne fera qu’accroître le pourrissement de la situation et contribuera à rabaisser la vie politique », lit-on dans le communiqué de l’ATFD.
Pour sa part, la LTDH a dénoncé l’arrestation de la présidente du PDL, Abir Moussi, en appelant à sa libération immédiate et en soulignant que le processus de son arrestation a été marqué par « un ensemble de violations s’agissant des dispositions du décret portant organisation de la profession d’avocat et au niveau des garanties légales relatives à l’arrestation et la détention qui sont énoncées par la loi n°5 de l’année 2016 et qui constituent l’une des garanties du procès équitable prévu par les lois tunisiennes et les conventions internationales ».
En mentionnant que plus de 25 avocats font actuellement face à des poursuites judiciaires dans différentes affaires, ASF a exprimé, à son tour, son entière solidarité avec Abir Moussi.
« Plusieurs avocat.e.s qui s’opposent au régime sont actuellement poursuivis ou détenus, avec le cas le plus récent étant celui de Abir Moussi. Arrêtée pour avoir exercé son droit de déposer un recours auprès du bureau d’ordre de la présidence de la République, Mme Moussi a été privée de voir ses avocats. Nous dénonçons le plus fermement ces méthodes et nous exprimons à cette occasion notre entière solidarité envers la présidente du Parti Destourien Libre », indique le communiqué publié le 04 octobre courant par l’ASF sous le « Halte au harcèlement des avocat.e.s en Tunisie ! ».
Dans un contexte connexe, les autorités tunisiennes ont été appelées à travers le communiqué de l’ASF à prendre un ensemble de mesures qui répondent au respect du droit à la défense, notamment : « la préservation de l’immunité juridique des avocat.e.s dans l’exercice de leurs fonctions » et « la cessation de toute intimidation et violence à leur encontre ».
Quelques heures avant son arrestation, Abir Moussi a publié sur sa page Facebook officielle plusieurs vidéos filmant sa présence aux alentours du bureau d’ordre de la Présidence dans le but de déposer une demande de recours contre les décrets présidentiels relatifs aux élections locales. Et après l’annonce de son arrestation, des membres et des sympathisants du Parti Destourien Libre (PDL) ont organisé pendant la soirée de mardi dernier (3 octobre) un rassemblement protestataire devant le poste de police à la Goulette (où elle a été transférée en premier lieu après son arrestation avant d’être placée en détention à Bouchoucha).
Jeudi le 05 octobre matin, Abir Moussi a comparu devant le juge d’instruction près du tribunal de première instance de Tunis 1. Entretemps, ses sympathisants et les membres du PDL ont organisé un deuxième rassemblement de protestation devant le tribunal où ils ont scandés des slogans de solidarité envers elle et d’autres appelant à sa libération. Jeudi 05 octobre soir, les avocats de Abir Moussi ont annoncé qu’un mandat de dépôt a été émis à son encontre.
Rym CHAABANI