La voie semble totalement balisée pour l’adoption du projet de loi sur la criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Ce projet de loi, qui avait été soumis à plusieurs reprises à l’ARP depuis la révolution de 2011 sans être adopté, a été examiné mercredi 11 octobre par la commission parlementaire des droits et des libertés après que 97 députés ont adressé une demande écrite à la présidence de l’Assemblée pour hâter l’examen de ce texte.
La commission parlementaire a notamment entendu les députés appartenant au bloc « La ligne nationale souveraine », qui a présenté cette initiative législative en juin 2023. Elle doit également tenir des séances d’audition avec des représentants de plusieurs parties concernées par ce projet de loi, dont la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères avant de soumettre son rapport au Bureau de l’Assemblée, qui devrait ensuite inscrire l’examen et l’adoption du texte en question à l’ordre du jour d’une séance plénière.
Dans le contexte actuel marqué par une agression sauvage et aveugle menée par Israël contre les populations palestiniennes installées dans la bande de Gaza, le projet de loi a toutes les chances de passer comme une lettre à la poste. D’autant plus que la majorité des députés sont acquis au président Kaïs Saïed, qui a affiché depuis le début de sa campagne électoral son soutien indéfectible à la cause palestinienne et son opposition à toute forme de normalisation avec l’Etat hébreu.
De plus, il y a très peu de chances que le président Saied sursoit à la ratification de cette loi et à sa publication dans le journal officiel, une fois qu’elle aura été adoptée par l’ARP.
Le projet de loi sur la criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste prévoit notamment des peines de prison allant de 2 à 5 ans de prison et une amende d’un montant variant entre 10.000 et 100.000 dinars à l’encontre de toute personne inculpée de normalisation avec l’entité sioniste. La tentative est aussi punissable.
Un soutien à la cause palestinienne est ancré dans l’histoire
En Tunisie, le soutien à la cause palestinienne est ancré dans l’histoire du pays. Tunis a abrité de 1982 à 1994 l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat après son départ du Liban. En octobre 1985, l’aviation israélienne avait procédé à un bombardement massif du quartier général de l’OLP à Hammam-Chott, tuant 50 dirigeants de l’OLP et 18 citoyens Tunisiens.
Dans de nombreux discours, le président Kaïs Saied a qualifié à plusieurs reprises la normalisation avec Israël de « trahison ». Le locataire de Carthage a également chargé son ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, de formuler une réserve sur les décisions de la réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe qui s’est tenue mercredi 11 octobre au Caire. « La Palestine n’est pas un dossier ou une affaire dans laquelle il y a un plaignant ou un défendeur, mais c’est plutôt le droit du peuple palestinien qui ne peut être prescrit ou annulé par l’occupation sioniste par le meurtre, le déplacement et la coupure des éléments les plus fondamentaux de la vie, comme l’eau et les médicaments, la nourriture et l’électricité et ciblant les personnes âgées, les femmes et les enfants innocents, les maisons, les hôpitaux et les équipes de secours et d’ambulance », a souligné M. Saïed.
Mardi dernier, les élèves ont salué le drapeau palestinien dans les différents établissements éducatifs du pays à l’appel du ministère de l’Éducation. Deux jours plus tard, ce sont des milers de Tunisiens qui ont défilé dans les rues de Tunis pour manifester leur soutien au peuple palestinien et réclamer la criminalisation de toute normalisation des relations avec Israël.
Dénonçant les frappes israéliennes contre la bande de Gaza, les manifestants, brandissant le drapeau palestinien, se sont rassemblés devant le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) avant de se diriger vers l’avenue Habib Bourguiba.
Dimanche, un avion chargé de produits alimentaires et de médicaments au profit du peuple palestinien a décollé de la base militaire de l’Aouina. Cette aide de douze tonnes de matériel de soin, d’antibiotiques, de médicaments d’urgence et lait pour enfants a été remise aux Croissant-Rouge palestinien et égyptien par la porte-parole du Croissant-Rouge tunisien et la vice-présidente de l’Ordre des pharmaciens.
Walid KHEFIFI