Par Raouf khalsi
Sommet pour la paix ? Abdelfattah Sissi n’était pas vraiment inspiré de le mettre sur pied au Caire, parce que, lui-même, joue aux trapézistes au milieu de ce conflit, tout en cherchant à rester excentré. Il est en contact journalier avec Netanyahu et Biden et il devait bien se douter que le sommet devait fatalement accoucher d’une souris.
L’arche de Noé du Caire n’a pas embarqué tous les genres : l’Occident comme le monde arabe. Parce que personne ne veut cette paix. Parce qu’encore une fois, le monde arabe se tait face aux atrocités commises par l’Entité sioniste, tandis que l’Occident épouse les thèses sionistes, malgré les mouvements de la rue. Seule la rue, partout, reste agrippée au droit humanitaire, à la paix en somme.
Ce sommet, c’est donc la montagne qui a accouché d’une souris ? Précisément. Parce que le communiqué final, celui des résolutions votées, n’a pas eu lieu. Controverses autour des points soulevés, entre autres la généalogie du Hamas : « organisation terroriste » ou « organisation militante » ? Autant s’interroger sur le sexe des anges ! Et cette ridicule position de Mahmoud Abbas qui s’emmure dans le silence depuis le 7 octobre, n’osant pas raffermir la souveraineté de l’Autorité palestinienne, ce qui fait que nous avons aujourd’hui deux Palestine.
En revanche, on s’est beaucoup attardé sur « la sécurité d’Israël et les représentants des pays arabes du Golfe (normalisation oblige !) n’auraient pas été contre. Le bourreau qui devient la victime : c’est du déjà-vu. La grande Hanan Ashraoui disait à ce propos : « Nous sommes le seul peuple au monde auquel on demande de garantir la sécurité de son occupant, tandis qu’Israël est le seul pays au monde qui prétend se défendre de ses victimes ».
Au demeurant, on sentait que ce sommet était destiné à capoter. Et-fait inédit- la résolution finale a été répercutée dans un communiqué signé par le président égyptien en personne.
Sans doute, attendait-il un peu plus d’engagement de ses pairs arabes et plus de pragmatisme de la part des Occidentaux. Au moment où elle doit gérer le corridor de Rafah avec l’épée de Damoclès sioniste suspendue sur la tête, l’Egypte refuse d’héberger ce million de Gazaouis condamnés au déplacement, mais toujours dans le carré de cette prison à ciel ouvert : c’est la Maison Blanche qui veut que les choses soient ainsi. Les Sionistes n’en pensent pas moins : ils refusent l’exodus aux Gazaouis, cet exode dont ont bénéficié leurs ancêtres des temps de Moise vers une terre à tous un peu trop promise.
Aujourd’hui, la machine à tuer sioniste n’est pas près de s’arrêter ou, au moins d’adhérer à une trêve. Le Hamas le voudra-t-il ? En fait, les deux camps paient le prix fort de leurs liaisons dangereuses à travers le jeu subversif du Qatar.
Les deux camps disent défendre chacun sa cause. Au bout, c’est le carnage et le génocide « hitlérien » des Palestiniens. Aucune cause au monde ne vaut cela.
« Quelle que soit la cause qu’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente ou le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant ».
C’est Albert Camus qui parle.