Recrudescence des appels au boycott des marques appuyant l’entité sioniste en faveur de la cause palestinienne : Qu’en pensent les tunisiens ?
Les événements survenus récemment à Gaza et les atrocités commises par l’occupation sioniste contre contre les palestiniens pendant environ 25 jours ont suscité une vague de colère qui a été traduite par diverses actions de condamnation et de protestation. Les appels au boycott des marques et entreprises ayant offert différentes formes de soutien à l’entité sioniste font parties de ces actions lancées par des groupes d’activistes politiques, syndicalistes et civils. En Tunisie, comme dans beaucoup d’autres pays, des listes comprenant les noms de ces marques circulent sans arrêt et d’une manière massive sur les réseaux sociaux, et ce, dans le but de sensibiliser les gens et les encourager à adhérer à cette campagne de boycott visant à transmettre plus d’un message s’agissant de la cause palestinienne et de ce qui se passe actuellement à Gaza.
Ingénieure en agroalimentaire May Chaabani ( 27 ans ), a considéré lors d’une déclaration accordée au Temps News que le boycott est l’un des moyens de résistance les plus puissants. S’agissant de la cause palestinienne, May a mentionné qu’il s’agit d’une certaine pression qui doit être exercée sur ces marques qui ne cessent d’offrir de l’appui à l’occupant sioniste malgré toutes ses atrocités, et ce, dans le but de les pousser à rectifier leurs positions envers cette injustice flagrante.
Et d’ajouter : « Compte tenu de la position d’impuissance dans laquelle ils ont été placés, les formes de résistance indirecte sont en train d’être adaptées par les populations du monde entier, et le boycott fait également partie de ces moyens de lutte contre l’oppression, l’injustice et les politiques de deux poids deux mesures. En fait, diverses marques internationales et locales ont choisi d’exprimer leur sympathie et leur soutien à l’entité sioniste depuis le 7 octobre. De mon point de vue, le boycott est un excellent moyen non seulement d’exprimer sa colère, son désaccord avec eux et son soutien total à la cause palestinienne, mais il représente aussi un moyen efficace qui permet de transformer cette colère et ce mécontentement en une réaction susceptible de faire, directement et de manière remarquable, la différence sur le plan économique en ce qui concerne les profits des entreprises boycottées ». D’après ses mots, l’opération du boycott est étroitement liée aux objectifs tendant à réduire leurs revenus et éviter la contribution à la multiplication des fonds connus pour « l’argent taché par le sang des palestiniens ».
Selon des photos et des publications circulant sur les réseaux sociaux, des activistes Koweïtiens ont récemment marqué des produits de certaines marques ayant des partenariats ou des transactions commerciales avec l’entité sioniste par des autocollants comprenant le slogan suivant : « As-tu tué un enfant palestinien aujourd’hui ? ».
Interviewée par le Temps News, Azza Belhaj, ( 26 ans ), titulaire d’un master en droit privé et juriste diplômée de la Faculté des Sciences Politiques Juridiques et Sociales de Tunis, a souligné, à son tour, que le boycott constitue un pas positif et très important vers l’élimination de la consommation des produits construits par des groupes et des marques qui ont des relations avec cet entité. Dans le même contexte, Azza a mis en garde contre le caractère temporaire ou occasionnel qui marque généralement ce type de campagnes en mentionnant qu’il ne faut pas abandonner cette décision et cette mobilisation dès la cessation de l’agression actuelle commise par l’occupation à Gaza.
« Les motifs du boycott et les défis connexes persistent quant aux injustices existants dans tout le territoire palestinien et il ne s’agit pas seulement de l’agression actuelle à Gaza. D’autre part, cette mobilisation populaire appelant au boycott doit être appuyée et renforcée par d’autres forces et d’autres actions qui doivent agir et appeler les gouvernements à adopter des positions et des mesures plus fermes contre les agressions et les violations subies par le peuple palestinien », a-t-elle expliqué.
Dans un contexte connexe, Azza Belhaj a noté que l’entité sioniste et les forces alliées contrôlent et gèrent la quasi-totalité des marchés et de l’économie ce qui rend la réalisation du processus du boycott un peu dure et compliquée. Et d’ajouter : « Ça ne veut pas dire qu’on doit renoncer, au contraire. Nous devons penser sérieusement à l’établissement de toute une stratégie permettant de garantir la réussite de cette campagne de boycottage à court et à plus long terme. On doit penser à des alternatives pour faciliter le boycott et doit aussi faire de ce boycott un projet permanent et un mode de vie ».
Les restaurants Macdonald’s dans certains pays arabes, notamment en Égypte, ont fait face à un vaste vague de colère populaire appelant au boycott. En fait, cette colère a été provoquée par le soutien manifesté envers l’armée de l’occupant israélien de la part de certains restaurants faisant partie de la même chaîne internationale de restauration qui sont actifs dans d’autres lieux, à l’instar des territoires palestiniens occupés .
En revanche, l’activiste politique Amal Hamrouni, juriste de formation, a noté lors de son entretien avec le Temps News, que l’idée basée sur la négation de l’efficacité du boycott est totalement fausse. Selon ses dires, le boycott est l’opposé de la reconnaissance de la légitimité de tout ce que l’entité sioniste fait depuis des années.
« Ce que l’entité sioniste cherche depuis environ 40 ans à travers diverses démarches, y compris les accords de Camp David, est la reconnaissance ! Son seul et unique objectif est d’enlever cette reconnaissance à tout prix. Ses tentatives à cet égard sont allées jusqu’aux tentatives de vol et d’usurpation de certaines composantes du patrimoine et héritage alimentaires de quelques pays, notamment des plats traditionnels tunisiens. Alors le boycott permet, dans ce sens, de réaliser un objectif très important,significatif et marquant. Le fait d’adhérer au boycott vaut un message de non-reconnaissance. Et l’impact de la non-reconnaissance pour l’entité sioniste est même plus alarmant que les dégâts financiers et matériels », a-t-elle déclaré.
Amal Hamrouni a indiqué, entre-autres, que le recul enregistré récemment au niveau des actions de certaines entreprises actives dans des pays arabes, comme Starbucks et Macdonald’s qui ont ont été boycottées sur la base de la défense des droits du peuple palestinien, prouve que « la guerre » pour la bonne cause peut être menée à l’aide de « différentes armes », notamment la culture du boycott qui est sociale à la base, et qui couvre plusieurs aspects.
Rym CHAABANI