Comment diable peut-on empêcher l’entité coloniale israélienne d’exercer ses pulsions génocidaires sur le Peuple palestinien ?
Le désir de réponse à cette question est comme l’épine qui ne peut être arrachée du pied. Elle vous passe au travers de la chair. Elle vous déchire la peau. Elle vous perce le plat du pied de part en part. Elle vous fait saigner aux quatre veines. La meurtrissure va en augmentant. Sa douleur devient intolérable. Elle vous fait tomber à quatre pattes. L’on ravale des larmes de déchirement. L’on réprime des gémissements de souffrance. L’on retourne l’épine dans la plaie. Et l’on continue de marcher.
Marcher l’épine au pied est un acte de résistance. Sans s’arrêter. Interminablement. Jusqu’à l’épuisement. Je corrige : jusqu’au dernier souffle.
À perte de souffle.
« Badda’ha toul nafass », écrit Shireen Abu Akleh. Traduction littérale : En avoir le souffle long. Traduction beaucoup moins littérale : Marcher l’épine au pied.
Le 11 mai 2022, Shireen Abu Akleh a été tuée d’une balle dans la tête, tirée de sang-froid par les forces génocidaires de l’occupant sioniste, alors qu’elle couvrait une offensive meurtrière d’Israël à Jénine.
Le 27 octobre 2023, en pleine guerre génocidaire contre Gaza, un bulldozer militaire israélien rase la rue portant le nom de Shireen Abu Akleh à Jénine, à l’endroit-même où cette journaliste d’Al Jazeera avait rendu son dernier souffle. Bien sûr, le bulldozer militaire israélien n’a pas omis, en passant, de détruire le mémorial de Shireen Abu Akleh.
C’est que, dans le fond, Israël, en ciblant délibérément les journalistes (34 morts depuis le 7 octobre) ne veut pas seulement assassiner la vérité. Il veut carrément en effacer tout souvenir.
Comment empêcher Israël d’en effacer tout souvenir ? Écrire. Marcher l’épine au pied.
Slim BEN YOUSSEF