Au moment où l’agression sioniste se poursuit à Gaza et continue à coûter la vie à de nombreux civils ghazaouis innocents, nous nous sommes dirigés vers l’un des jeunes activistes palestiniens en essayant de constater de près la réalité de la situation à Gaza et tout le territoire palestinien.
Interviewé par le Temps News, le jeune activiste palestinien installé à Ramallah, Ahmad Yassin, a souligné que tous les palestiniens sont touchés par ce qui se passe, ce qui explique l’existence quasi quotidienne des manifestations de soutien dans les différentes villes palestiniennes. D’après ses mots, ces manifestations, initiatives et mouvements de soutien à Gaza sont purement populaires et rassemblent tous les Palestiniens, les intellectuels, les politiciens et les travailleurs autour d’une revendication principale exigeant la cessation de l’agression sioniste brutale qui se poursuit depuis environ un mois. Ahmad a mentionné, en outre, que certains acteurs politiques et civils font également partie de ces mouvements et marquent leur présence dans ce processus protestataire à travers l’appel à l’organisation des grèves ou manifestations.
Dans un contexte connexe, Ahmad Yassin, qui est aussi expert dans les questions de la jeunesse palestinienne et titulaire d’un master en sciences du développement international, a mentionné qu’il ne se passe pas une journée en Cisjordanie sans que les forces d’occupation ne mènent une campagne d’arrestations et de détentions, sans compter les meurtres et les exécutions. Et d’ajouter : « Ce qui provoque l’occupant sioniste est la solidarité du peuple palestinien en Cisjordanie avec ses frères à Gaza. En contrepartie, l’objectif fondamental de l’occupant est basé sur une intention visant à éteindre toute étincelle de révolution qui pourrait se produire en Cisjordanie, compte tenu que cela contribue à affaiblir sa position et à rendre les choses plus compliquées pour lui, surtout au niveau sécuritaire ». Notre interlocuteur a mis l’accent sur l’importance de la bonne maîtrise des détails du contexte géographique complexe s’agissant des diverses formes d’actions possibles au niveau du soutien à Gaza.
« Par exemple, les palestiniens qui habitent à Al-Qods sont totalement isolés et il vivent sous la règle coloniale de l’occupant sioniste qui a imposé plusieurs obstacles, notamment le mur d’apartheid et d’autres barrières. Tous ces obstacles rendent leurs accès à ces mouvements quasiment impossible. En revanche, les palestiniens en Cisjordanie ont une certaine marge permettant de manifester aux centres-villes gérés par les autorités palestiniennes, pourvu que la sécurité des autorités ne soit pas compromise. Dans ce contexte, beaucoup pensent que l’autorité palestinienne en Cisjordanie ne représente pas le bon modèle à continuer à gouverner, mais de toute façon, les circonstances actuelles ne sont pas appropriées pour discuter de ce sujet maintenant ». Concernant les palestiniens qui vivent dans les territoires occupés en 1948, la situation est pire et est plus compliquée, selon ses dires, parce qu’ils risquent de tout perdre s’ils expriment un certain avis sur les réseaux sociaux par exemple ou s’ils portent le drapeau palestinien, la Kuffiya ou tout habit comprenant un signe pro-palestinien.
« Nous ne sommes ni divisés ni séparés, nous sommes un peuple uni et solidaire. La population palestinienne dans son ensemble est indivisible et inséparable », a-t-il insisté de mentionner tout au long de l’interview.
Sur le plan personnel, Ahmad Yassin nous a déclaré qu’il a reçu des messages et des témoignages choquants de la part de ses amis à Gaza.
« J’ai pu me rendre à Gaza seulement deux fois avec beaucoup de difficultés. J’ai beaucoup d’amis là-bas et j’ai des souvenirs avec cet endroit aussi beau et merveilleux. Gaza est belle et merveilleuse, avec ses habitants, sa mer, sa nourriture et ses gens. Donc, j’ai vécu le premier choc en regardant certains de mes endroits familiers à la télévision, complètement effacés ! Ils n’existent plus ! C’était comme si la terre, soudain fissurée, les avait engloutis … », a-t-il expliqué.
« Je communique avec mes amis à Gaza presque tous les jours et ils ont tous perdu leurs maisons … Toutes les questions que je leur pose tournent autour des points qui suivent : Vous êtes en vie ? Y a-t-il des voies de communication ? ».
Lors de cette interview, Ahmad nous a confié l’histoire de son collègue qui habite à Gaza et qui lui a dit qu’il souhaite mourir et rejoindre les martyrs parce la mort est devenue plus clémente que la vie dans des conditions où il se trouve obligé de témoigner les scènes de meurtre et de destruction autour de lui … L’un des amis de Ahmad ne se souvient pas de la dernière fois où il a pu boire de l’eau potable, et une autre amie à lui s’est contentée d’envoyer le message suivant : « Pardonnez-moi ! Je ne sais pas si je pourrai survivre … ».
« La vie n’était pas si rose à Gaza qui est assiégée depuis 16 ans .. Le palestinien ne peut pas contrôler ses ressources, ne possède ni un aéroport ni un port et fait face à des formes extrêmes d’apartheid … ».
À ton avis, quel est le point de vue des Palestiniens en ce qui concerne les solutions nécessaires pour mettre fin à l’agression sioniste à Gaza et afin de cesser ses crimes de guerres commis à l’égard des habitants ?
En réponse à cette question, Ahmad a noté que la population palestinienne dans son ensemble peut s’accorder sur la nécessité de l’admission d’un cessez-le-feu sans conditions qui doit être accompagné par l’entrée inconditionnelle des aides humanitaires aux victimes et aux personnes touchées par cette agression sioniste.
« À l’exception de quelques pays, les palestiniens ont témoigné une sorte d’inaction arabe dérogatoire en ce qui concerne l’expression explicite et ouverte de l’appui du peuple palestinien d’une part, et s’agissant de la prise de responsabilité d’exercer la pression nécessaire contre l’occupant de l’autre côté. En même temps, ils considèrent que la position présentée par l’autorité palestinienne est insuffisante par rapport à la monstruosité des massacres qui se produisent à Gaza. Suivant toutes ces données, je pense que, loin des victoires militaires, le Palestinen cherche aujourd’hui une victoire politique similaire et équivalente dans sa valeur à la douleur subie pendant cette épreuve par les habitants de Gaza », a-t-il ajouté en soulignant que la libération de tous les détenus se trouvant dans les prisons de l’occupation et la reprise du processus tendant à établir un État Palestinien avec Al-Qods comme capitale font partie des revendications fondamentales des palestiniens à cet égard.
Rym CHAABANI