La Tunisie, en proie à des défis économiques et sociaux persistants depuis des années, fait face à une réalité déchirante : le fléau du chômage. Dans les cafés, le spectacle est saisissant : des jeunes, parfois âgés de plus de 30 ou 40 ans, tuent le temps, faute d’emploi qui occupe leurs journées. Certains s’adonnent aux jeux de cartes, d’autres dorment toute la journée, sollicitant parfois de l’argent à leur famille pour des sorties entre amis, l’achat de cigarettes, voire même la consommation de drogue pour échapper à une routine où ils se sentent inutiles et non productifs.

Le chômage ne fait pas que briser l’individu, il est à la racine de multiples maux : la consommation de drogue, la montée de la criminalité, et il entrave la croissance économique. Il est facile pour certains de dire aux chômeurs qu’ils n’ont qu’à se former, obtenir un diplôme et accepter n’importe quel travail. Cependant, c’est bien plus complexe, car nombreux sont ceux ayant dédié des années d’études à réaliser leur rêve d’occuper des postes importants, pour finalement se heurter à une réalité où la vie n’est pas juste avec eux.

85 mille nouveaux postes d’emploi par an

Le directeur de cabinet du ministère de l’emploi et de la formation professionnelle Abdelkader Jammali a déclaré que 85 mille nouveaux postes d’emploi par an sont recommandés pour maîtriser le taux de chômage en Tunisie, ajoutant que plus de 100 mille nouveaux postes d’emploi par an doivent être fournis pour réduire le taux de chômage, eu égard au contexte économique et social difficile à l’échelle nationale et mondiale.
Le directeur de cabinet du ministère de l’emploi a souligné, au cours de sa participation à l’ouverture d’un atelier de travail organisé le 13 novembre 2023 à Tunis, la nécessité de promouvoir la qualité des offres d’emploi dans le secteur privé notamment celles liées aux nouvelles technologies.
Le démarrage d’une étude sur « le dossier du leadership entrepreneurial en Tunisie » a été annoncé au cours de cet atelier de travail qui s’est déroulé en présence de la représentante de la direction générale de la banque Africaine de développement (BAD) Malinne Blomberg et de la directrice de la Banque Européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), lit-on sur le site de l’agence TAP.
A cette occasion, le directeur du cabinet a indiqué dans son allocution que le gouvernement accorde un grand intérêt au dossier du leadership entrepreneurial en Tunisie vu sa capacité à l’employabilité et à la réalisation de la valeur ajoutée, précisant qu’il offre des opportunités supplémentaires d’emploi et assure la pérennité des postes d’emploi permanents. Il a affirmé que le ministère de l’emploi travaille selon une approche participative avec tous les acteurs sociaux, économiques et partenaires techniques et financiers y compris avec la BAD et la BERD, d’après l’agence susmentionnée.
Dans le même contexte, Jammali a précisé que les diplômés du supérieur à la recherche d’emplois peuvent bénéficier de financements pouvant atteindre jusqu’à 200 mille dinars de la part de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) pour le financement de leurs projets.
Il a relevé que la loi de finances 2023 a prévu une ligne de financement en faveur des entreprises socio-économiques moyennant une enveloppe estimée à 30 MD qui sera consacrée à l’octroi de crédits à des taux préférentiels pour la création d’entreprises.
Par ailleurs, le directeur de cabinet du ministère de l’emploi a indiqué que le programme d’appui aux petites entreprises en difficulté démarre prochainement avec un budget d’un montant de 26 MD en collaboration avec l’agence française de développement.

Chiffres alarmants

Au deuxième trimestre de l’année 2023, le nombre de chômeurs est estimé à 638,1 mille, contre 655,8 mille au premier trimestre de l’année. Le taux de chômage ressort à 15,6 % (contre 16,1 % au premier trimestre et 15,3% au deuxième trimestre de 2022). Selon le sexe, le taux de chômage reste nettement plus élevé pour les femmes (21,1 %) que pour les hommes (13,2%), selon l’Institut national de la statistique.

Au deuxième trimestre de l’année 2023, 38,1 % des personnes actives âgées de 15 à 24 ans sont au chômage (contre 40,2 % au premier trimestre de cette année et 37,2 % au deuxième trimestre de 2022). Le taux de chômage est de 39,2 % chez les jeunes hommes et de 35,8 % chez les jeunes femmes. Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur atteint 23,7 % au deuxième trimestre de l’année 2023 (contre 23,1 % au premier trimestre de l’année et 22,8 % au deuxième trimestre de 2022). Ce taux est de 14,9 % chez les hommes et de 31 % chez les femmes, d’après la même source.

Ghada DHAOUADI