La valorisation biotechnologique des déchets marins peut créer de nouvelles opportunités d’emploi et contribuer au développement économique des zones côtières et des régions ayant accès aux ressources marines. Cette approche implique l’utilisation des techniques innovantes pour extraire de la valeur de diverses formes de déchets marins, notamment les coproduits issus de la transformation de produits aquatiques, les écarts de pêches, les algues et les sédiments de dragage. Pour ce nouveau secteur, les défis sont nombreux notamment l’accessibilité à la matière première, la réglementation, la technologie à mettre en œuvre et la délocalisation. C’est dans ce contexte que la BiotechPole Sidi Thabet a organisé en partenariat avec l’Institut National des Sciences et Technologies de la Mer le 1er Forum sur la valorisation des déchets marins dans le cadre de l’économie bleue sous la thématique : » Explorer les challenges de la biotechnologie bleue et des procédés de la valorisation pour un avenir meilleur .Ce Forum a comporté des conférences plénières, des panels, des rencontres B2B entre les acteurs tunisiens, italiens et les sociétés tunisiennes et italiennes et des sessions de pitching de projets innovants en Biotechnologie marine.
Cette manifestation comme l’a précisé Ouajdi Souilem , le PDG de la biotech Pole de Sidi Thabet vise à la mise en réseaux des différents acteurs engagés dans la filière de la valorisation des déchets marins notamment les institutions transfrontalières qui agissent dans la recherche et l’innovation et dans le transfert technologique (système technopolitain, centres de recherche, etc.) ,les représentants de l’industrie, les startuppeurs et les communautés locales,les investisseurs,les institutions territoriales intéressées par la gestion des déchets et des sédiments issus du dragage des ports et les représentants de la société civile (associations, clusters, etc.)Ce forum contribuera à la formation d’un consensus et à la promotion d’une vision commune parmi les parties prenantes concernant l’importance de la gestion et de la valorisation des déchets marins. Hachem Missaoui , Directeur général de l’institut national des sciences et technologies de la mer a souligné que la mer Méditerranée est un bassin maritime unique, caractérisé par son long littoral et un secteur de la pêche qui emploie plus de 300 000 personnes.. La diminution des stocks halieutiques de la Méditerranée et la pollution menacent cette mer. C’est pourquoi nous sommes engagés à sauver les ressources halieutiques de la Méditerranée et à protéger la richesse écologique et économique de la région tout en explorant les challenges de la biotechnologie bleue et de la recherche scientifique et des procédés de valorisation pour un avenir meilleur. Pour Maher Agrebi, directeur à l’APII « l’agence API ne cesse à travers ses programmes d’ inciter à l’entrepreneuriat et aux projets innovants . Plus encore , elle accompagne une bonne vingtaine de startups. 50 projets sont labélisés L’objectif est d’ enraciner la culture entrepreneuriale ». Balkiss Bouahaoulla Professeure et chercheuse à l’ institut Pasteur de Tunis a création a soulevé le processus de la création d’une société Spin-off qui est un processus très enrichissant susceptible d’apporter, outre des retours directs pour le chercheur-entrepreneur, des retours indirects substantiels pour les laboratoires et chercheurs concernés et de contribuer ainsi à leur développement
Comment réconcilier le monde de la recherche et celui de l’entreprise
Entre le monde de l’entreprise et celui de la recherche en management, il y a un fossé parfois difficile à franchir.La rencontre du monde entrepreneurial et du monde académique est certes un moteur d’innovation. « .Avant de débuter une coopération, explique l’universitaire Ouajdi Souilem, il est indispensable d’apprendre à se connaître car ce sont deux mondes qui trop souvent s’ignorent. Il faut ensuite bien se comprendre et définir un compromis clair entre la visée économique de l’entreprise et l’objectif théorique de l’institut de recherche.Le milieu académique pense que l’entreprise ne voudrait pas collaborer avec l’université et injecter de l’argent alors que l’entreprise voudrait des solutions susceptibles de booster plus son activité. Il faudrait un climat de confiance et des mécanismes pour les rapprocher. L’universitaire ne doit pas rester cloisonné dans sa structure. L’entrepreneur doit soutenir la recherche .Cependant en dépit de l’amélioration continue de l’écosystème de l’innovation et bien que la Tunisie essaye de rattraper son retard pour rejoindre les autres pays du monde, des efforts restent à consolider notamment au niveau de l’environnement des affaires, de l’éducation, de la collaboration entre l’université et les entreprises au niveau de la Recherche& Développement. Nous avons une bonne recherche mais on ne peut pas la valoriser . C’est pourquoi notre biotech Pole de Sidi Thabet essaie de faciliter les contacts entre les entreprises et les autres acteurs du même secteur pour profiter de la transversalité de l’industrie. Notre Pépinière met à la disposition des 10 porteurs de Startups une panoplie de services à haute valeur ajoutée. Ces porteurs de projets qui seront labélisés pourront créer leur propre entreprise. »
Il est important de miser davantage sur l’entrepreneuriat et de réfléchir ensemble aux conditions gagnantes pour permettre aux jeunes de s’épanouir et réaliser leurs projets entrepreneuriaux. D’autant qu’il y a actuellement une foule d’opportunités dans le monde pour se lancer en affaires et répondre à des enjeux dans les domaines de l’environnement et de la santé, par exemple. « La peur de l’échec ne devrait jamais empêcher une personne à se lancer en affaires. Oui, il y a des risques, mais ça fait partie de la vie et il faut avoir confiance en ses capacités », conseille Ouajdi en référant à un vieux dicton : c’est quand on ne risque rien que l’on risque le plus. Le but, c’est toujours d’avancer, de ne jamais faire la même chose qu’il y a 5 ou 10 ans, de s’ouvrir à de nouveaux secteurs, etc. Ce sont des écosystèmes mouvants ! Au fond, l’objectif est de transformer les scientifiques en entrepreneurs, pas de les associer à des profils entrepreneurs !
Kamel BOUAOUINA