Lors d’un témoignage accordé au Temps News depuis l’hôpital Nasser à la ville de Khan Younes située dans le sud de Gaza, le journaliste palestinien Ahmed Abu Aziz a mentionné que sa présence à l’hôpital Nasser depuis 40 jours lui a permis d’observer de près la sordidité et l’horreur des crimes commis par l’occupation israélienne contre les habitants et les familles dans la région.
Selon les dires de Ahmed, qui est correspond du réseau médiatique « Qods Feed », l’entité sioniste utilise des armes prohibées et internationalement interdites en ciblant les civils et leurs maisons. Et d’ajouter : « Selon ma propre couverture médiatique, environ 80 % des blessés victimes et martyrs reçus à l’hôpital en ma présence tout au long de cette période sont des femmes et des enfants. D’autre part, un nombre important des blessés hospitalisés ici subissent des amputations et souffrent de brûlures à différents degrés, et ce, à cause l’usage sioniste abusif délibéré des armes interdites au niveau international ».
« Personne n’est exempt des massacres de l’occupant sioniste et personne n’est à l’abri de ses atrocités. En fait, l’occupant israélien commet des crimes et des horreurs qui glacent le sang ».
Lors de cette interview avec le Temps News, Ahmed nous a parlé d’une partie de ses discussions partagées avec le staff médical et a également souligné que certains médecins lui ont dit que certaines blessures et plaies ont fait l’objet d’infection après le nettoyage et la désinfection, ce qui rend le processus de traitement difficile et on perd l’espoir de la guérison lorsque de telles complications apparaissent.
« J’ai vu des cadavres démembrés de plusieurs martyrs placés d’une manière collective dans un seul cercueil ».
Dans le même contexte, notre interlocuteur nous a raconté les détails de son expérience au sein de la morgue de l’hôpital et aux pompes funèbres où il a témoigné hier ( dimanche 19 octobre ) la présence des cadavres de plus de 30 martyrs qui ont quitté la vie à la suite d’un bombardement mené par l’occupant le 19 novembre à l’aube. D’après Ahmed, les cadavres et les corps de ces martyrs étaient démembrés et déchiquetés.
Compte tenu de la forte incidence de ciblage des journalistes palestiniens à Gaza et de leurs famille et la montée des menaces qui les entourent et l’accroissement du nombre des martyrs parmi eux : Quel est l’impact direct de cette agression sioniste croissante sur le travail des journalistes sur le terrain, selon vous ? Quelles sont les difficultés que vous affrontez durant l’accomplissement de votre profession dans la foulée de ce contexte empreint de péril ?
En réponse à cette question, le journaliste Ahmed Abu Aziz a indiqué que les journalistes palestiniens à Gaza font face à de nombreuses difficultés et divers obstacles et risques, notamment l’absence des équipements de protection des journalistes à l’instar des casques de sécurité, gilets et dossards de presse.
« Le Syndicat des Journalistes et la Maison de la Presse devaient mettre ces équipements de protection à la disposition des journalistes, mais ces équipements ont été distribués dans certains cas à coups de favoritisme et népotisme. C’est cela qui a poussé un nombre de journalistes à creer des solutions provisoires en portant tout vêtement comprenant le mot “ Presse “ ou en se tournant vers la couture des gilets chez les couturiers et cette procédure prend beaucoup de temps », a-t-il expliqué.
Ahmed a critiqué, en outre, la façon dont le Syndicat des Journalistes Palestiniens interagit avec le décès des journalistes à Gaza en notant que 07 martyrs parmi les journalistes ont été ignorés par le Syndicat qui n’a pas cité leurs noms dans la liste des martyrs récemment publiée sur sa page officielle.
D’après ses mots, l’accumulation des conflits et problèmes internes du Syndicat et ses orientations qui font l’objet de critiques et d’opposition de la part de plusieurs journalistes, n’ont fait que compliquer encore plus la situation actuelle des journalistes à Gaza.
« J’avais une phobie provocant une incapacité à voir le sang, mais cette agression sioniste et les scènes sanglantes qui l’accompagnent ont mis fin à cette phobie et ont également éliminé les sentiments humains et les réactions ordinaires et normales en nous ».
Ahmed a décrit le climat lourd et l’atmosphère tendue et mortelle dans lesquels les journalistes palestiniens travaillent à Gaza en considérant que les scènes sanglantes et les situations traumatismsantes et douleureuses auxquelles ils ont été confrontés ont entraîné l’élimination des sentiments humains de peur, de phobie et de terreur chez eux.
Quelles sont les scènes qui sont restées coincées et ancrées dans votre esprit et memoire pendant la couverture journalistique de ce qui se passe à Gaza ?
Dans le cadre de cet entretien mené avec le Temps News, le journaliste Ahmed Abu Aziz a dit qu’il a découvert le décès de sa cousine, son mari et 04 de ses enfants alors qu’il était présent sur le terrain pour couvrir les dégâts de l’une des frappes aériennes perpétrées par les forces de l’occupation sur la ville de Khan Younes. Dans ces moments difficiles, Ahmed a poursuivi son travail en regardant le transfert des membres de sa famille à la morgue. Son but était de documenter et couvrir tout ce qui se passe malgré la peine et l’émotion. Sa persistance et sa ténacité sont fondées sur un immense engagement envers les principes fondamentaux de sa profession.
Pour ne pas oublier, les noms des martyrs parmi les journalistes à Gaza jusqu’à présent sont comme suit : Mohamed Al Salhi, Ibrahim Al Lafi, Mohamed Jarghoun, Asaad Chamlakh, Saied Al Tawil, Hicham Al Nawajha, Mohamed Abu Rezeq, Aed Al Najjar, Mohamed Abu Matar, Rajab Al Naqib, Ahmed Chihab, Abd Al Rahman Chihab, Hossam Mubarak, Hani Al Madhoun, Issam Bhar, Mohamed Baaloucha, Abd Al Hadi Habib, Ali Sulaiman, Anas Abu Chmala, Samih Al Nadi, Khalil Abu Adhra, Mahmoud Abu Dhareefa, Mohamed Ali, Iman Al Akeeli, Mohamed Lebed, Ahmed Massoud, Rochdi Al Sarraj, Mohamed Al Hosni, Saed Halabi, Jamal Al Fakaaoui, Ahmed Abu Mahadi, Yasser Abu Namous, Salma Mkheemar, Douaa Sharaf, Salam Meema, Majed Kachkou, Imad Al Waheedi, Houdhaifa Al Najjar, Nadhmi Al Nadeem, Majd Arandas, Eyad Matar, Mohamed Al Bayari, Mohamed Abu Hatab, Zaher Al Afghani, Mustapha Al Naqeeb, Haytham Harara, Mohamed Al Jaja, Yahya Abu Meniaa, Mohamed Abu Haseera, Mahmoud Matar, Ahmed Al Qarra, Moussa Al Berch, Amrou Abu Haya, Mustapha Al Saouaf, Abdelhaleem Awadh, Sari Mansour, Hassouna Isleem et Belal Jadallah.
Rym CHAABANI