Bref rappel physiologique
Le cœur est la pompe principale participant à irriguer les différentes parties et cellules du corps. Le sang riche en gaz carbonique (CO2) transite par les différentes cavités cardiaques et pulmonaires (oreillette droite OD, ventricule droit VD, poumons, oreillette gauche OG, ventricule gauche VG). Ce dernier par le truchement d’une très grosse artère, l’aorte, propulse le sang riche en oxygène (O2)vers l’organisme. Curiosité, le muscle cardiaque ou myocarde, ne puise pas directement son quota d’oxygène directement de ses quatre cavités OD, VD, OG, VG. Les artères coronaires issues de l’aorte sont les vaisseaux nourriciers du cœur. Il s’agit de fins tuyaux de 2 à 5 mm amenant le sang au myocarde. Ils sont disposés en couronne à la surface de celui-ci, d’où leur nom. La maladie athéromateuse coronaire est fréquente chez l’espèce humaine et correspond à un rétrécissement progressif (rétrécissement du calibre des artères avec sténose coronaire) ou brutal (l’artère se déchire puis se bouche, c’est l’infarctus du myocarde) de leur calibre. Les conséquences peuvent être dramatiques : depuis l’angine de poitrine (douleurs thoraciques lors des efforts) jusqu’à l’infarctus avéré avec mort subite.
Le miracle appelé stent
Un stent est un petit treillis métallique, serti sur un ballon d’angioplastie coronaire initialement dégonflé. Le stent est inséré jusqu’à la zone coronaire pathologique où il est déployé et mis en place par le cardiologue interventionnel. L’artère ou coronaire est ainsi étayée, la plaque d’athérome ( bouchon) est écrasée entre le stent et la paroi artérielle, laissant la lumière (l’intérieur du vaisseau) perméable. L’infarctus est ainsi évité et /ou jugulé avec le pronostic vital préservé.
Le comble de la perfidie, de la bassesse
Cette intervention se fait dans une salle d’opération spécialement conçue à cet effet. Fait importantissime, le patient n’est pas anesthésié et suit toutes les péripéties de l’intervention sur un écran répondant au passage au praticien sur l’intensité de la douleur, si elle a diminué ou pas depuis le stade initial. Un malade stressé, souffrant le martyr (dans le cas où l’infarctus a déjà été installé : Une douleur atroce, constrictive en étau accompagnée souvent d’une sensation de brûlure et irradiant parfois à la mâchoire inférieure, au membre supérieur gauche voire à l’abdomen (prenant des fois le tableau d’un ulcère gastrique). Le praticien en présence du patient, prend le stent de la part de son et/ou ses assistants, vérifie les données portées sur l’emballage et procède à son » inoculation » au malade soit par le pli de l’aine (abord fémoral) soit par le poignet (abord radial). Impossible donc de passer à côté et de ne pas détecter la date de péremption du stent.
Une nébuleuse bien rodée
Qui incriminer dans l’affaire ? Toute une chaine avec à l’amont le laboratoire étranger nous fourguant à bas prix son rebus. Les services locaux de contrôle à tous les niveaux. Toute la filière impliquée dans les cliniques (allant des responsables des achats, du stockage, de la maintenance jusqu’à ceux de la mise en place auteurs de l’estocade finale assénée aux patients désarmés, démunis livrant en toute confiance, les yeux fermés (au sens figuré) leur corps, leur cœur, leur vie à leurs prétendus et supposés sauveurs.
Comment estimer les dégâts?
Quantifier les dégâts relève de l’impossible et pour cause. L’intervention en elle-même effectuée dans le strict respect des normes comportant des risques énormes pour le sujet atteint d’un infarctus. Les fautifs jouissent de ce fait d’une large zone de manœuvres et se targuent de facto d’un solide parapluie, la létalité en pareils cas étant largement à prévoir. Autres questions qui taraudent l’esprit du patient opéré, et survivant encore à son infarctus : » Suis-je porteur oui ou non d’un stent périmé ? Comment m’en assurer ? A qui me fier pour en avoir le cœur net ? Ne risquerai-je point d’avoir une attaque foudroyante du fait du stent porté dans mes chaires serait défectueux, périmé ? Un supplice moral au quotidien enduré par les malades et payé au prix fort avec des centaines de millions entassées dans les comptes de ceux ayant largement et scandaleusement bénéficié de cette fraude. Nous attendons que les services concernés jettent la lumière, toute la lumière sur cette malheureuse affaire et que les conclusions de l’enquête (au cas où elle aurait eu lieu ce dont nous doutons fort) soient portées à la connaissance du public. Dans le cas contraire, rouvrir le dossier, y plancher sérieusement et délimiter les responsabilités des uns et des autres comme le prône la justice de la Tunisie nouvelle post-25 Juillet. Serait-ce trop demander ?
Mohamed Sahbi RAMMAH