Avancer que les finances de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) battent de l’aile, ne tournent pas rond rime avec une Lapalissade voire un euphémisme tellement le marasme frappant cette institution saute aux yeux. Ce phénomène n’est pas spécifique à cette Caisse mais touche pratiquement tous les secteurs payant chèrement les retombées néfastes de la décennie d’incurie que nous avons traversée. Pour preuves, les interminables retards endurés par ses affiliés pour recouvrer les frais de leurs prestations médicales et pharmaceutiques. Les coups de gueules récurrents des praticiens, pharmaciens, laborantins, radiologues peu satisfaits, et réclamant la révision des conventions initiales, stigmatisant au passage avec force la latence énorme dans le règlement des bordereaux. Guéguerres continuelles, un secret de Polichinelle en quelque sorte tellement elles sont connues de tout un chacun. Un phénomène nouveau prend de plus en plus de l’ampleur se répandant telle une tache d’huile dans toutes nos contrées : Les malades doivent très souvent se coltiner une large virée à la recherche d’une pharmacie, d’un laboratoire d’analyses, d’un centre de radiologie acceptant encore de collaborer avec la CNAM. Par ricochet, certains médecins de famille, voire des spécialistes se désistent de cette affiliation invoquant les mêmes doléances.
Opportunité mitigée des cartes magnétiques
Si nous avons brossé ce tableau peu reluisant de l’état des lieux de la CNAM, c’est uniquement suite à la décision de cette dernière de revenir à la charge en remettant sur le tapis son » projet » des cartes magnétiques. Une approche qui a été largement médiatisée voilà quelques années déjà contraignant les affiliés à manquer des journées entières de travail pour faire la queue dans l’espoir de se procurer ce fameux sésame. Au vu de l’affluence record et des queues interminables devant les guichets, certains durent remettre ça à maintes reprises avant de parvenir enfin à avoir gain de cause. Et puis ce fut le néant, le silence radio ! Les cartes en main sont en attente, nullement opérationnelles. Actuellement, bis- repetita avec annonces fracassantes incitant les affiliés non détendeurs encore de cette carte de se présenter aux caisses pour se la procurer. Une excellente initiative facilitant énormément les rapports malades-prestataires de services et les relations de ces derniers avec la CNAM. Un hic dans l’affaire qui interroge cependant : La CNAM dans l’état actuel des lieux est-elle en mesure d’assurer la lourde logistique accompagnant inéluctablement pareille initiative, entendre doter les cabinets médicaux, les officines, les centres de radiologie, les laboratoires d’analyse des appareils enregistreurs adéquats ? Une telle entreprise terriblement onéreuse est-elle pour l’heure dans les cordes des finances de la CNAM ? A moins que cette dernière n’impose leur achat par les prestataires de service et dans une telle conjoncture, ces derniers accepteraient-ils de mettre la main dans la poche pour se les octroyer ou opteraient-ils pour la mise de la clé sous la porte avec déni pur et simple de leur affiliation au grand dam des malades, les grands perdants dans l’affaire ?
Délais imposés aberrants
Une décision prise par la Caisse mettant dans l’embarras les médecins de famille et leurs patients. De façon arbitraire et dans le dessein de comprimer les remboursements, chaque malade  » ordinaire » ou aigüe n’a la possibilité de consulter que seulement deux fois par mois avec un intervalle de 15jours séparant les deux visites médicales. A titre d’exemple une angine phlegmoneuse avec une fièvre à 40° survenant une semaine après l’atteinte d’une gastroentérite aigue doit  » patienter » encore huit (8) jours pour être prise en charge par la CNAM. Une complication cardiaque toujours à redouter en pareils cas n’alarme personne. Les textes l’on décrété… Concernant les maladies chroniques, les consultations doivent être espacées, tenez-vous bien, de trois mois (90 jours) ! Un diabétique qui décompense son diabète avec risque majeur de sombrer dans un coma pouvant lui être fatal, un asthmatique suffoquant, respirant avec peine, cyanosé par manque d’oxygène, Un hypertendu ayant forcé la veille sur la bouffe avec un pic tensionnel alarmant flirtant avec les cimes frôlant un accident vasculaire cérébral avec une hémiplégie à la clé , un épileptique en pleine crise de comitialité type grand mal, un cardiaque souffrant le martyr , et à un iota d’un infarctus du myocarde, etc., doivent temporiser et respecter le délai de trois mois les séparant de leur dernière consultation pour pouvoir être pris en charge par la CNAM. Situations dramatiques vécues au quotidien par les patients. Passe pour les médecins qui volent au secours de leurs malades n’ayant cure de cette restriction ridicule voire pathétique, mais les analyses biologiques, les explorations radiologiques, les lourds médicaments sont souvent à la charge du pauvre patient grevant douloureusement sa bourse. Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Sans tenir compte de certains remèdes capitaux pour de sévères maladies non pris en charge par la caisse car étiquetés  » traitements de confort » ; ceux de la Prostate au prix exorbitants en font partie.
Le supplice de dépôts mensuels des bordereaux 
Chaque fin du mois, les médecins, pharmaciens, laborantins, radiologues ou leurs assistants doivent se bousculer au portillon du siège de la CNAM satellite de leur lieu de travail pour y déposer un Disque Compact (CD) et un relevé manuscrit attestant de l’identité des patients examinés, de la nature de la pathologie soignée (aigue ou chronique). Une perte de temps monstre avec souvent des nerfs mis à vif et pour ces derniers et pour les responsables des guichets. Pourquoi ne pas mettre en place un lien par e-mail autorisant pareille entreprise de s’effectuer directement du lieu de travail en cliquant uniquement sur une minuscule touche du clavier?
Lettres recommandées onéreuses
Régulièrement, les médecins de famille reçoivent des lettres recommandées de la CNAM les informant que tel ou tel affilié a dépassé le plafond lui étant annuellement alloué. Certaines lettres retournant à l’envoyeur car le patient n’est point assujetti au médecin visé. Une grande perte d’argent pour la CNAM alors qu’un simple e-mail aurait largement fait l’affaire.
Changements de statuts
Jamais, un bordereau déposé avec une somme telle n’est exécuté intégralement. Certains malades ayant changé de statut de médecine de famille optant pour le mode remboursement ou public continuent à fréquenter leur médecin de famille ou plus exactement leur ex-médecin de famille. Ce dernier nullement averti par la CNAM les reçoit comme de coutume. Pourquoi les services concernés de cette dernière n’aviseraient-ils guère immédiatement le médecin de famille du changement de cap de leur affilié ?
Mohamed Sahbi RAMMAH