A l’instar d’autres pays, la Tunisie est en voie d’achever sa transition démographique marquée par un vieillissement de sa population qui représente un défi majeur pour l’économie tunisienne, avec des répercussions sur les finances publiques, la croissance économique et l’emploi.

Ce vieillissement de la population est un phénomène planétaire. La majorité des pays doivent faire face à une augmentation de leur population de personnes âgées et la Tunisie n’échappe pas à cette tendance mondiale. La société tunisienne connaît une profonde mutation marquée en particulier par une baisse de l’indice synthétique de fécondité (ISF) qui a régressé ces dernières années en raison de plusieurs facteurs. Il est passé à 2.2 enfants par femme en 2016, à 2 en 2020 pour descendre encore plus en 2021. Il est actuellement de 1.8. Selon l’institut national de statistiques, le nombre de naissances a baissé de 2017 à 2021 de 23%.

En effet, le nombre de naissances est estimé à 166 551 (en recul par rapport à l’année 2004) contre 209 mille en 2017. Les Gouvernorat de Sfax et de Tunis viennent en tête avec le plus grand nombre de nouveaux nés 14 800, Tozeur est en bas du tableau avec seulement 1900 nouveaux nés (2004). Le nombre de ménages est estimé à 2 185 839 avec une moyenne de 4,53 membres par famille. Le plus grand nombre des accouchements prennent place aux hôpitaux 122 186, les accouchements à domicile sont estimés à 19 096 dont 8597 enregistrés au Centre Ouest du pays. Ces statistiques démographiques actualisées sont édifiantes, à ce sujet : la population tunisienne est en train de vieillir à un rythme rapide. Ce vieillissement de la population tunisienne est lié tout d’abord à l’allongement du célibat. Selon une enquête de l’Office national de la famille et de la population (Onfp), publiée en 2020, « plus de 2,4 millions de jeunes femmes entre 34 et 45 ans ne sont pas mariées soit 60% de la population féminine, ce taux passe à 81% pour les hommes de la même tranche d’âge ». De nos jours, on se marie de plus en plus à un âge avancé en raison notamment des études pour les deux sexes. En Tunisie, qui demeure qu’on le veuille ou non un pays conservateur, on ne s’oppose plus à l’idée de retarder l’âge de mariage. Le deuxième indice concerne la taille moyenne des ménages. Celle-ci est passée à 3,9, c’est-à-dire en dessous de la taille moyenne dans le monde. Le troisième porte sur l’indice synthétique de fécondité (ISF) qui a régressé ces dernières années en raison de plusieurs facteurs. Il est passé à 2,2 enfants par femme en 2016, à 2 en 2020 pour descendre encore plus en 2021. Il est actuellement de 1,8. Dans un contexte marqué par une faible fécondité et un allongement de la vie, on assiste à une augmentation croissante de la part des personnes âgées dans la population. C’est ce qui est communément désigné par « vieillissement démographique » et qui touche de façon massive les pays industrialisés.

18 à 20 % de la population vieille d’ici 2030

Ce phénomène, touchant presque l’ensemble des pays développés, commence à se faire sentir en Tunisie. En effet, le profil démographique de la Tunisie a subi, ces dernières années, des changements profonds. La baisse de la fécondité combinée avec la réduction de la mortalité aux âges élevés (60 ans et plus) a façonné une pyramide des âges de la population reflétant clairement les prémices du déclenchement du processus d’un vieillissement inéluctable de la population tunisienne. Les personnes âgées de 60 ans ou plus devraient représenter 18% de l’ensemble de la population à l’horizon 2030, alors que l’espérance de vie à la naissance devrait poursuivre sa progression pour atteindre 77,5 ans pour les hommes et 82 ans pour les femmes. Dans un contexte marqué par une faible fécondité et un rallongement de la vie, on assiste à une augmentation croissante de la part des personnes âgées dans la population. C’est ce qui est communément désigné par « vieillissement démographique » et qui touche de façon massive les pays industrialisés. Dans cette perspective, le vieillissement de la population est considéré comme un frein au développement, à la croissance et à la productivité. Le vieillissement étant, ici, synonyme de baisse de l’épargne des agents économiques de hausse des dépenses improductives. Celles-là mêmes qui sont liées à la santé et à la retraite et qui se font au détriment des investissements productifs.

. Les conséquences du vieillissement de la population seront visibles à travers : l’accroissement des dépenses de santé, des difficultés considérables en termes d’accompagnement et de soins aux personnes âgées et l’augmentation des maladies chroniques par l’effet de la progression de l’espérance de vie. Elles seront également perçues à travers les déficits des caisses sociales en raison des déséquilibres grandissants entre le nombre des affiliés actifs et celui des affiliés retraités.

Le vieillissement de la population est un enjeu considérable qui nécessite une réflexion globale, une prise de conscience immédiate et une stratégie qui permettra à l’ensemble de l’économie de profiter de cette évolution démographique plutôt que de la subir. Ce phénomène pourrait avoir un impact négatif sur la croissance économique, l’emploi et la compétitivité de la Tunisie.

 

                                            Kamel Bouaouina