A quelques heures de la clôture de la consultation nationale sur l’Education (Samedi dernier) le nombre de participants n’excédait guère les 560 mille, dont la plupart ont moins de 15 ans. La tranche d’âge des moins de 15 ans représente, en effet, le pourcentage le plus élevé. Les élèves seraient-ils en effet plus sensibles à l’avenir de l’Education que leurs propres parents ? Parce que, là où le bât blesse, c’est que la tranche d’âge entre 31-40 ans n’a pas dépassé les 8,7%, tandis que les 41-65 ans se sont situés à 20%, ce qui n’est guère trop reluisant. Cette consultation, enclenchée le 15 septembre dernier, soit à la rentrée scolaire, fait figure, selon la déclaration du président de la République, de l’une des plus importantes dans l’histoire de la Tunisie.
Sauf que les taux, énoncés plus haut, révèlent quand même, et de manière palpable, le désengagement des parents. Car si l’on ne s’en tenait qu’au primaire et au secondaire, il s’agit quand même de l’avenir scolastique du quart de la population tunisienne. L’impact n’a pas suivi au vu du nombre réduit de participants à la consultation.
Bien des commentateurs, à l’enclenchement même de la consultation, ont plutôt fait dans le négativisme, considérant les vingt questions passées autour des thèmes principaux, comme étant « trop sommaires », si ce n’est des thèmes – bateau. Ces thèmes tenaient pourtant à l’éducation de la petite enfance et la protection de la famille, les programmes d’enseignement, le système d’évaluation et le temps scolaire, la coordination et la complémentarité entre l’éducation, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur, l’égalité des chances et l’apprentissage tout au long de la vie.
Thèmes – bateau ? Qu’il nous soit permis d’en douter. Parce que toute la quintessence est là : le processus scolastique et le cursus depuis la petite enfance, depuis l’école, jusqu’au supérieur, jusqu’à encore le marché de travail, avec toute la dichotomie entre les diplômes stérilisés et l’emploi, du fait qu’il existe une telle prolifération de spécialités que celles-ci buttent sur un marché du travail trop frileux et renfermé.
Il y a donc lieu de se poser des questions autour de cette révolution éducative tant recherchée pas la consultation. Le chiffre des désaffections n’aidera pas à réviser, du moins à révolutionner, un système éducatif, jadis fierté du pays, mais à la traîne aujourd’hui, et qui ne fait que générer un monstrueux gâchis.
Raouf KHALSI