Par Raouf KHALSI

Entre les Lumières et la loi sur l’immigration, ce sont les magmas d’une France, en contradiction avec elle-même, qui se meuvent bruyamment, divisant la classe politique et dépitant ceux, parmi les immigrés, réguliers et non réguliers, qui croient toujours en leur « douce France »

La France exhibe aujourd’hui, un visage fardé, tout fait de dénis par rapport à sa propre histoire, au regard du berceau des Droits de l’Homme auquel elle renonce, et de ce havre des Lumières qui deviennent, du coup, évanescentes.

La loi sur l’immigration marque, en effet, le désengagement de la France par rapport à sa valeur cardinale : l’humanisme, et sur laquelle elle a bâti son aura.

Il ne s’agit pas de Darmanin, ni de Macron, ni de parlementaires tout acquis à la « cause » de ce repli civilisationnel.

Il s’agit, en effet, d’une France qui suit la montée européenne (et même mondiale) de la droite radicale, du rejet de l’Autre, mettant tous les immigrés dans un même panier et se repliant sur elle-même au risque de se   déjuger.

Entre immigrés tunisiens en situation régulière et en situation irrégulière, ou en cours de régularisation, ils sont plusieurs dizaines de milliers à espérer que la France apporte des réponses à leurs questionnements existentiels. La loi sur l’immigration nous concerne donc en plus haut niveau, peut-être même, bien plus que les flux et reflux qui pointent l’Italie, parce que le problème est d’une complexité inextricable avec les Subsahariens.

La France décide, donc, de se renfermer sur elle-même. Déjà, les visas sont consentis au compte-gouttes (normal), mais l’étau se resserre même autour des immigrés qui résident régulièrement en France.

Conjoints, enfants ayant déjà la nationalité française : tout est donc remis en question.

De dépit en dépit, après, surtout, les positions initiales de la France vis-à-vis de Gaza et qui ont brillé par leur cynisme et par les relents pro-sionistes, « la douce France » bascule à droite à la faveur de cette loi, si ce n’est carrément dans une xénophobie, déjà récurrente.

Suivre la vague de l’extrême droite qui sévit en Europe, c’est quand même humiliant pour la France des Lumières. Celle-là même qui infléchissait les modèles civilisationnels dans le vieux continent et, même, dans le monde.

Le pays de la Déclaration des Droits de l’Homme rentre dans les rangs. Son côté conquérant, Napoléonien, s’efface pour qu’émerge un fantasme : le côté martyr, le côté Jeanne d’Arc, en somme.