Certains ont consacré jours et nuits à étudier pour décrocher une bourse sacrifiant parfois leur vie familiale pour rejoindre le Canada, pays synonyme d’opportunités. D’autres ont investi des sommes colossales, des millions, pour accéder aux universités canadiennes et améliorer ainsi leurs conditions de vie. Les groupes sur Facebook débordent de publications d’étudiants inquiets, de parents désorientés face aux mesures pour avoir une acceptation d une université ou du permis d’études. Pour chacun de ces étudiants, aucun ne s’attendait à ce que l’annonce du 22 janvier 2024 révèle un futur incertain.
Ce jour-là, une mauvaise nouvelle a secoué les étudiants qui veulent poursuivre leurs études au Canada : l’introduction de règles strictes et de restrictions, accompagnée d’une chute significative de 35% dans le nombre de permis d’études acceptés prochainement. « Aujourd’hui, nous annonçons des mesures supplémentaires pour protéger un système devenu si lucratif qu’il a ouvert la voie à des abus. Trop, c’est trop ! », déclare Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Une réalité déchirante pour ceux qui aspirent à poursuivre leurs études et à voyager au Canada pour construire un avenir académique et enrichir leurs horizons.
« L’intégrité du système des étudiants étrangers a été remise en cause »
Les étudiants étrangers enrichissent nos collectivités et font partie intégrante du tissu social, culturel et économique du Canada. Au cours des dernières années, l’intégrité du système des étudiants étrangers a été remise en cause. Certains établissements ont grandement augmenté leur nombre d’étudiants étrangers afin d’accroître leurs revenus, et de plus en plus d’étudiants sont arrivés au Canada sans bénéficier du soutien nécessaire pour réussir. La hausse rapide du nombre d’étudiants étrangers au Canada a également exercé une pression sur le logement, sur les soins de santé et sur d’autres services. Tandis que nous œuvrons à mieux protéger les étudiants étrangers des acteurs malveillants et à soutenir une croissance démographique durable au Canada, le gouvernement met en œuvre des mesures ayant pour but de stabiliser le nombre d’étudiants étrangers au Canada, lit-on sur le site officiel du Gouvernement du Canada.
Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, a annoncé, le 22 janvier 2024, que le gouvernement du Canada mettra en place un plafond national de réception des demandes de permis d’études afin de stabiliser la nouvelle croissance sur une période de deux ans. Il est attendu que le plafond aura comme résultat l’approbation d’environ 360 000 permis d’études en 2024, ce qui représente une baisse de 35 % relativement à 2023. Dans un souci d’équité, des plafonds provinciaux et territoriaux ont été fixés, pondérés en fonction de la population, ce qui se traduira par des diminutions beaucoup plus importantes dans les provinces où la population d’étudiants étrangers a connu la croissance la plus insoutenable. Cette mesure n’aura aucune incidence sur le renouvellement des permis d’études. Les étudiants à la maîtrise ou au doctorat ainsi que ceux des niveaux du primaire et du secondaire ne sont pas touchés par ce plafond. Les détenteurs actuels d’un permis d’études ne sont pas touchés par ces mesures.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) attribuera une partie du nombre de demandes plafonné à chacune des provinces et chacun des territoires, qui répartiront ensuite le nombre qui leur a été alloué entre leurs établissements d’enseignement désignés. À compter du 22 janvier 2024, afin de mettre en œuvre le plafond, chaque demande de permis d’études présentée à IRCC devra être accompagnée d’une lettre d’attestation de la province ou du territoire concerné. Les provinces et les territoires doivent mettre en place un processus pour la délivrance de lettres d’attestation aux étudiants, et ce, au plus tard le 31 mars 2024.
« Ces mesures temporaires seront en place pendant deux ans »
Ces mesures temporaires seront en place pendant deux ans, et le nombre de demandes pour un nouveau permis d’études qui sera accepté en 2025 sera réévalué à la fin de la présente année. Au cours de cette période, le gouvernement du Canada continuera de travailler avec les provinces et les territoires, les établissements d’enseignement désignés et les intervenants nationaux du milieu de l’éducation sur l’élaboration d’une voie à suivre viable pour les étudiants étrangers, notamment en finalisant le cadre pour les établissements reconnus, en établissant des niveaux viables à long terme d’étudiants étrangers et en veillant à ce que les établissements d’enseignement postsecondaire soient en mesure d’offrir un niveau adéquat de logements étudiants, lit-on encore sur le site du Gouvernement du Canada.
Concernant le Programme de permis de travail postdiplôme, les critères d’admissibilité ont été modifiées.
À compter du 1erseptembre 2024, les étudiants étrangers qui commencent un programme d’études faisant partie d’un accord d’utilisation des programmes d’études ne seront plus admissibles à un permis de travail postdiplôme à la fin de leurs études. Dans le cadre des accords d’utilisation des programmes d’études, les étudiants fréquentent physiquement un collège privé qui a été autorisé à offrir le programme d’études d’un collège public affilié. Ces programmes ont connu une croissance importante pour ce qui est d’attirer des étudiants étrangers au cours des dernières années, bien qu’ils soient moins surveillés que les collèges publics et qu’ils permettent d’exploiter une faille en ce qui concerne l’admissibilité au permis de travail postdiplôme, selon la même source. Les diplômés de programmes de maîtrise et d’autres courts programmes d’études supérieures pourront bientôt demander un permis de travail valide pendant trois ans. Selon les critères actuels, la durée d’un permis de travail postdiplôme est fondée uniquement sur la durée du programme d’études d’une personne, ce qui nuit aux diplômés de programmes de maîtrise en limitant le temps dont ils disposent pour acquérir de l’expérience de travail et éventuellement faire la transition vers la résidence permanente.
A noter que pour les semaines à venir, seul l’époux ou l’épouse d’un étudiant étranger dans un programme de maîtrise ou de doctorat aura accès à un permis de travail ouvert. L’époux ou l’épouse d’un étudiant étranger à un autre niveau de scolarité, y compris dans un programme collégial ou de premier cycle, ne sera plus admissible.
En ces temps de mesures restrictives aux horizons incertains, de nombreux étudiants envisageant de poursuivre leurs études au Canada sont secoués par les récentes annonces. Cependant, plusieurs initiatives récemment dévoilées, telles que l’augmentation des heures de travail pour les étudiants et des avantages tels que la possibilité de déposer une demande de résidence permanente à la fin de leurs études, viennent équilibrer la balance. Cela pousse les étudiants à peser le pour et le contre, à prendre des décisions qui demandent certes de nombreux sacrifices, mais qui, pour certains, changent leur réalité et les aident à concrétiser leurs rêves
Ghada DHAOUADI