Les personnes du troisième âge sont souvent incommodées par des problèmes mineurs comme l’insomnie, les douleurs causées par l’arthrose et les rhumatismes, la fatigue, les picotements ou la sensation de froid aux extrémités. Ces petits bobos ne constituent pas nécessairement l’expression d’une maladie, mais ils n’en sont pas moins dérangeants (ou carrément douloureux, parfois) et peuvent miner grandement la qualité de vie. Le triste constat est sans appel : avec le temps qui passe, tous les organes et toutes les fonctions de l’individu s’affaiblissent. De la cellule à l’organisme, tous les niveaux d’organisation et de fonctionnement sont touchés.
Le vieillissement, qui n’est pas une maladie mais un processus naturel, transforme progressivement l’adulte en bonne santé en un individu fragile.
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, les enjeux du vieillissement ont changé. Désormais, les populations vieillissantes sont moins préoccupées par la longévité, mais plutôt par ce que l’on appelle le “bien-vieillir”, ou la capacité à vivre en bonne santé le plus longtemps possible. Mais avec l’âge, rester bien dans sa tête et dans son corps n’est pas un jeu d’enfant. Les maladies, la douleur, le deuil et l’isolement sont autant de facteurs qui conduisent certaines personnes âgées à renoncer à leur épanouissement. Si l’on ne peut malheureusement pas contrôler tous les aspects du vieillissement, il est néanmoins possible d’agir sur certains d’entre eux pour vieillir de la meilleure façon possible et sans souffrir. Comportement, habitudes, hygiène de vie : les études scientifiques prouvent que notre façon de vivre au quotidien conditionne à 40% notre état de santé et notre forme de demain.
Alors l’heure est venue de se préparer.
C’est dans cadre que le bureau de la Société Tunisienne de Gériatrie ‘’STG’’ organise organisation son 5ème Congrès National de Gériatrie ‘’5ème CNG-2024’’ intitulé « Bien vieillir…sans souffrir » qui sera jumelé cette année au 5th Euro Med Geriatric Meeting ‘’5th EMGM’’ les 18 et 19 mai 2024 à Hammamet en présence de plusieurs personnalités maghrébines, africaines et européennes.
Vieillesse : fatalité ou… opportunité !
Le vieillissement est mal vécu qu’il représentait une atteinte à la force de travail. Le spectre de la maladie, de la précarité matérielle et affective, tout cela contribue à nous faire appréhender la vieillesse comme une épreuve à surmonter, davantage qu’une saison à savourer.
Le vieillissement est un immense défi : humain, économique, sociétal, éthique. Il est surtout inéluctable. C’est pourquoi il faut changer le regard qu’on porte sur lui afin d’en faire un actif à préserver et à faire fructifier le plus longtemps possible. C’est qu’il faut, c’est l’accompagner, à son rythme, à son image et selon ses envies dans une perspective beaucoup plus large. On sait déjà qu’on a le droit d’aspirer à vivre et à mourir dignement. Il est temps d’ajouter à ces évidences le droit de prendre de l’âge dignement. Pour Fatma, 80 ans « Bien vieillir c’est pouvoir prendre l’air et occuper ses journées par des activités. Moi je bouge beaucoup, je danse, je marche et je m’occupe de mes petits-enfants »
Maha, 67 ans, espère qu’elle pourra vivre le plus longtemps possible chez elle. « Je n’ai pas peur de la vieillesse grâce à ma grand-mère qui m’en a toujours renvoyé une image positive. Je l’ai longtemps connue raffinée, alerte et grande voyageuse. Dernièrement, après une opération au genou, j’ai réalisé que bien vieillir, c’est aussi prendre du temps pour soi. » Angoissée par les années qui filent, Jamila, estime que vieillir est l’occasion d’un nouveau rapport à soi, plus serein et plus libre« Bien vieillir est un art, assure-telle, et il existe des clés pour avancer avec confiance sur ce chemin de la vie » .Jalal, 60 ans, s’est inscrit à un club de fitness « de manière préventive ». Pour ce professeur de maths, « garder la ligne permet de garder le moral. Rester mince, tonique, faire cinq ans de moins que mon âge, ça m’aide à envisager l’avenir sereinement, je sens que j’ai un certain contrôle sur ma vie ».
Salah, un vieux fellah, souligne qu’il change de place, de rôle social. « Les coups durs, les deuils, les maladies, les accidents ont aussi un effet vieillissant. Nous avons toujours un avenir devant nous, même s’il doit être bref, et nous continuons chaque jour d’inventer notre vie » Mohamed Ali a toujours eu un agenda bien rempli… « Et ça continue, à un autre rythme bien sûr,dit-il Aujourd’hui, je prends le temps de savourer. Je tiens à être organisé car quand on arrête de travailler, on peut avoir tendance à refuser les contraintes horaires : se lever tard, sauter certains repas, ne rien programmer, traîner à la maison… Avec le risque de se laisser aller et de ne pas se sentir très en forme. Moi, je me fixe un emploi du temps. J’ai compris l’importance de garder un rythme régulier, et pour le corps et pour la tête. Mon médecin m’a confirmé qu’un mode de vie trop sédentaire, sans sortie, sans activité, avec trop de temps au lit sans dormir dérègle notre horloge interne. Et comme c’est elle qui assure l’alternance veille/sommeil, ça se traduit par des troubles du sommeil et de la vigilance. Du coup, j’essaie de me lever à heure fixe et, dès le réveil, j’ouvre les volets : la lumière donne le top départ à l’organisme pour se synchroniser. Je passe pas mal de temps en extérieur pour emmagasiner la lumière et faire le plein d’énergie en marchant, en pratiquant le jardinage.. Et le soir, pour être sûr de bien dormir, je me prépare au sommeil : il ne vient que dans un corps et un esprit au repos.»
Fatalité ou opportunité, la vieillesse est perçue différemment pour chacun. Seule certitude, elle est inéluctable. Bien sûr, l’amélioration des conditions de vie et les progrès de la médecine ont profondément modifié notre rapport à notre âge. C’est le cas de Henda, mère de trois petits-enfants qui n’envisage d’arrêter de sitôt le tennis, les voyages, et encore moins de renoncer au maquillage ni à ses cours de gym, qui lui assurent une silhouette de trentenaire.
Kamel BOUAOUINA