Le suicide, un sujet délicat et alarmant, se manifeste comme une tragédie humaine bien ancrée dans la société tunisienne. Ce n’est pas une histoire que l’on découvre à travers un écran, mais une réalité brûlante qui nécessite une attention urgente.
Le paradoxe de cette dure réalité réside dans le fait que le suicide n’est pas simplement une fin tragique, mais le résultat d’une bataille interne, d’une détresse psychologique profonde qui demeure souvent invisible aux yeux de la société. Comment une personne en est-elle arrivée à envisager un acte aussi extrême, mettant fin à ses aspirations et à sa propre vie. Le fardeau émotionnel que porte une personne au bord du désespoir est difficile à imaginer. À quel point son état psychologique doit-il être instable pour la pousser à choisir la voie du non-retour ? Les proches, souvent surpris par la tragédie, se retrouvent alors à fouiller dans les souvenirs et les messages laissés par le disparu, cherchant des réponses à des questions qui ne trouvent que des échos silencieux.
La question qui se pose alors est de savoir comment la Tunisie peut faire face à cette réalité déchirante. Peut-on simplement se contenter de considérer le suicide comme un tabou à éviter, ou est-il temps de briser le silence et de mettre en place des ressources et des mécanismes de soutien psychologique plus solides?
FTDES : 95 cas de suicide enregistrés en 2023
Selon le rapport annuel du forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) 95 cas de suicide et 52 tentatives de suicide ont été enregistrés au cours de l’année 2023, dont la plupart parmi les jeunes.
La membre du FTDES Rihab mabrouki a souligné, au cours d’une conférence de presse consacrée à la présentation de ce rapport, que le nombre le plus élevé de suicide et de tentatives de suicide a été enregistré dans le gouvernorat de Kairouan, expliquant ce phénomène par les difficultés socio-économiques dans cette région, selon l’agence TAP.
Le gouvernorat de Kairouan a enregistré près de 17,7 % de cas de suicide et de tentatives de suicide en 2023 suivi par le gouvernorat de Nabeul avec un taux de 9,52, puis le gouvernorat de Bizerte avec plus de 8 pc.
Différence entre acte et tentative de suicide
L’OMS définit le suicide comme un acte qui consiste à se donner délibérément la mort. Depuis quelques années, à l’échelle internationale, plusieurs rapports sur le sujet ont parlé de « suicide complété » pour identifier les décès par suicide. Cette expression a remplacé celle de « suicide réussi », qui est actuellement considérée comme inappropriée puisqu’on ne veut pas qualifier un décès par suicide de réussite. Aujourd’hui, on a tendance à utiliser simplement le mot « suicide » ou les mots « mort par suicide » au lieu de « suicide complété », lit-on dans sur le site officiel du Centre d’expertise et de référence en santé publique. Le terme « tentative de suicide » désigne tout comportement suicidaire non mortel et tout acte d’auto-intoxication, d’automutilation ou d’autoagression, avec intention de mourir ou pas. Selon la même source, Il s’agit d’une définition dont la portée est plus large que celle utilisée dans un grand nombre de recherches, qui distinguent souvent l’automutilation avec intention de mourir de celle sans cette intention. Dans les faits, les recherches en Europe ont davantage tendance à regrouper tout comportement autodestructeur sous la rubrique « deliberate self-harm » (c’est-à-dire des conduites automutilatrices ou blessures auto-infligées). En Amérique du Nord et dans d’autres pays, les recherches divisent généralement ces comportements en deux catégories, soit l’automutilation sans intention suicidaire et les tentatives de suicide.
Ghada DHAOUADI