Mercredi 14 février 2024 s’est tenue à Beit El Hikma une conférence donnée par Pr. Samir Marzouki autour de la poésie francophone en Tunisie. Cette conférence intitulée « Considérations relatives à la nouvelle poésie tunisienne de langue française » a été animée par Pr. Kamel Gaha et s’est déroulée en présence d’un public formé de poètes et d’écrivains tunisiens ainsi que d’hommes de culture et de journalistes.

Le conférencier a d’abord parlé de l’existence d’une poésie de langue française en Tunisie depuis belle lurette et de l’intérêt que donne le lecteur tunisien à la poésie française, produite par des Tunisiens qui ont pour langue maternelle la langue arabe (classique ou dialectale). Il a ensuite cité certains noms de poètes tunisiens de langue française qui ont fait leur preuve à une certaine époque, comme Moncef Ghachem, Hédi Bouraoui, Majed El Houssi, Tahar Bekri, Sophie El Goulli et d’autres encore non moins importants. Plus tard, certains ont choisi l’exil comme Tahar Bekri en France, Hédi Bouraoui au Canada et Majed El Houssi en Italie où chacun a continué ses créations poétiques en langue française.

Cependant la poésie française créée par des Tunisiens remonte aux années de la colonisation et depuis, plusieurs poètes se sont succédé, comme Salah Farhat, Mohamed Férid Ghazi, Abdelwaheb Bouhdiba, Abdelmajid Tlili qui ont publié des recueils de poésie. Plus tard, il y a eu Hédi Bouraoui, Abdelaziz Kacem, Moncef Ghachem, Chems Nadir et Salah Guermadi qui ont également marqué leur temps par leurs poèmes encore mémorables.

Le conférencier a lu quelques passages de poèmes appartenant à ces poètes anciens, notamment ceux de Guermadi, ce grand poète qui reste encore une référence aux nouveaux poètes tunisiens, notamment pour les thèmes choisis et la manière dont il les a abordés. Il a cité également quelques vers de M. Ghachem où l’on ressent, chez l’un et l’autre, un certain engagement contre la misère, la violence, l’injustice et les tourments de leur époque.

Parlant de la spécificité de la poésie française en Tunisie, le conférencier a indiqué que la plupart du temps, les poètes tunisiens d’expression française se trouvent influencés par la langue arabe et par les traditions, si bien qu’ils utilisent des mots ou des expressions autochtones. Comme exemple, le conférencier a cité des vers de Guermadi : « Mal de nommer compatriotes des hommes candides/ Qui grignotent des glibettes qui mangent du kadide/ En dépeçant nos ongles marinés dans l’acide… »

Samir Marzouki a aussi parlé des nouvelles générations de la poésie francophone en Tunisie citant essentiellement Bedreddine Ben Henda qui a publié en une période assez courte plusieurs recueils de poésie. Cette poésie se caractérise par un style bref et une prédominance de jeu de mots, sans manquer d’humour et d’amour et qu’on peut qualifier d’originale par rapport au grand nombre de poètes apparus après la Révolution. La conférence a été suivie d’une discussion intéressante parmi l’assistance.

Hechmi KHALLADI