Nos villes sont des pôles de promesses, d’emplois, de bien être, de technologies et de développement économique et social mais elles doivent faire face à de nombreux défis économiques, sociaux et environnementaux. Sur cette base, la place du citoyen dans l’administration de sa ville prend de plus en plus d’importance. Au-delà du simple électeur, il devient acteur entre les périodes d’élection par le fait d’obtenir le droit d’être informé sur les affaires de sa collectivité et de participer à ses décisions. L’approche participative comme pilier de la réussite des opérations d’amélioration urbaine. Aujourd’hui, l’amélioration du cadre de vie de nos villes occupe de plus en plus une place importante dans les politiques d’aménagement et de gestion urbaines.
La société civile plaide pour l’implémentation d’un modèle de développement urbain à même d’inscrire nos villes et territoires sur la voie de la durabilité, l’inclusivité et la résilience. La nécessité de renouveler ce modèle fait aujourd’hui, et plus que jamais, l’unanimité. Les acteurs politiques, socio-économiques, professionnels et chercheurs sont unanimes et ont, à maintes reprises, exprimé la nécessité de renouveler le modèle urbain en Tunisie. L’urbanité de qualité, l’accessibilité aux services urbains, la préservation de l’environnement et du cadre de vie, l’efficience du système de mobilité urbaine, l’innovation urbaine sont, aujourd’hui, autant de qualités d’un modèle de développement urbain économiquement viable, socialement inclusif et territorialement durable.
Il appartient aux différents acteurs d’inventer les modes de développement permettant à nos populations d’accéder à un mieux-être tout en préservant les conditions de sa durabilité. Nous devons, tous, œuvrer dans ce sens et écouter les créatifs, les jeunes, les citoyens, ceux qui innovent et qui préparent notre monde de demain. Il est de la responsabilité de la société civile de porter des visions d’avenir et d’agir pour les mettre en œuvre, à travers de grandes mesures et des chantiers structurants. C’est cela même le sens du développement durable. Pour être pérenne, solide et riche, le développement doit être porté par une vision partagée par tous les acteurs d’une société, où chacun décide et choisit de l’incarner à sa manière.
Les villes tunisiennes se trouvent exposées à certains problèmes liés aux phénomènes d’urbanisation et d’industrialisation, en l’occurrence l’occupation irrationnelle du sol, le foisonnement de l’habitat irrégulier, la dégradation de l’environnement, la propreté … Elles sont appelées à apporter des réponses à la dégradation de l’environnement urbain, à réduire l’empreinte écologique et à améliorer le cadre et la qualité de vie des habitants.
C’est le cas de Nabeul, jadis belle, propre et blanche, n’a plus rien de son lustre d’antan.
Décidant de réagir à cet état de fait, le club de Nabeul a décidé en collaboration avec les députés et les associations et les représentants de la société civile de lancer un débat citoyen sur le devenir de la ville, convaincu que des initiatives et des idées novatrices pouvaient changer la réalité de nos cités.
« C’est une journée d’écoute qui vise à projeter une vision cohérente et inspirante des villes et territoires de demain. Les citoyens, jaloux de leur cadre de vie et de celui de leurs enfants, sont appelés à y adhérer massivement .Nous voulons tirer la sonnette d’alarme afin que tous les acteurs de la société soient conscients de la dégradation de l’environnement de leur cité. L’implication de tous les acteurs de la société est indispensable pour éveiller les consciences et inciter les citoyens à prendre soin de leur environnement. Si l’ensemble de la société civile, associations, députés, sensibilise les citoyens dans ce sens, on pourra régler énormément de problèmes au niveau de chaque ville», a expliqué , Aleya Bettaieb, le Président du club de Nabeul.
Faire entendre la voix de la ville
Aujourd’hui, la participation citoyenne, n’est plus un vain mot et se pose avec une acuité tunisienne riche et diversifié. La responsabilité de sa préservation est théoriquement partagée par l’ensemble des composantes de la société: individus, groupes, et organismes. Bien que la préservation exige des ressources et des efforts considérables, ceci n’a pas empêché quelques acteurs de la société civile à prendre l’initiative et de s’engager dans l’expérience.. En effet, comme l’a précisé le député Anouar Marzouki, les appels à la « société civile » sont de plus en plus nombreux dans les projets d’aménagement des territoires. Elle apparaît comme un ingrédient indispensable à la bonne gouvernance des territoires .
« La participation de la société civile est très souvent associée aux expressions de « démocratie locale » et « démocratie participative ». Une bonne gestion de l’urbanisation permet de stimuler la croissance et d’améliorer la qualité de vie. L’avenir de la ville de Nabeul passe par l’implication de la société civile car nous sommes tous concernés de Kélibia à Hammamet en passant par Grombalia, Soliman et Takelsa pour concevoir un nouveau modèle urbain qui permettra de réinventer nos villes .Ce premier rendez-vous a permis de cartographier les préoccupations citoyennes, mais aussi de relever les premières initiatives locales qui pourraient inspirer la société civile et les pouvoirs publics »
Pour y remédier, le député estime qu’un travail de sensibilisation s’impose et que tous les acteurs de la société doivent jouer leur rôle, en terme de sensibilisation, à commencer par le mouvement associatif, les élus, l’administration, l’école, la famille et les médias. « Il faudrait jouer collectif. Face à la détérioration de nos villes, il appelle à réagir rapidement avec le soutien des autorités mais aussi des représentants de la société civile. Il nous appartient de nous atteler à créer la ville de nos rêves. Nous devons aussi relever le défi de l’urbanisme de l’avenir afin de nous adapter au changement de la ville. Nous devons être plus ambitieux et plus créatifs dans le futur car la gestion de nos villes continue à poser de plus en plus de défis en raison de la croissance rapide de leur population urbaine..
Anticiper, accompagner les changements, prendre en compte les aspirations des citoyens, adapter les politiques : voilà à présent des composantes nécessaires à l’élaboration d’une stratégie urbaine de long terme car nos villes comme Nabeul, Hammamet, Beni Khalled ou Soliman ont besoin d’un lifting. Il faudrait définir une stratégie commune et surtout coordonnée pour élaborer une feuille de route pour améliorer l’environnement de nos villes. La programmation d’une journée de réflexion permettrait d’approfondir les sujets de discussion et enrichir les propositions citoyennes »
L’amélioration urbaine, une action plurielle pour rechercher la qualité de vie
Amor Khalef, membre actif, a appelé à reconstruire la ville à travers le renouvellement, la requalification et la réhabilitation des tissus urbains existants. Il s’est interrogé sur l’avenir de nos enfants dans ces futures mégapoles : un rêve merveilleux ou un cauchemar permanent ? Quel scénario doit-on prendre pour agir dès maintenant sur certains des facteurs qui vont faire la ville de demain ? Nous devrons mener une réflexion prospective par extrapolation des tendances constatées en tenant compte des différences de vitesse de progression du phénomène urbain. Réviser nos plans d’aménagement c’est primordial. Le Grand Nabeul ou le Grand Hammamet, c’est pour demain.»
Pour Mondher Karma, informaticien, estime que nos villes sont handicapées par la défaillance de leurs infrastructures urbaines notamment en termes d’équipements et de services publics, par la faiblesse de leur tissu économique ainsi que par la dégradation de leur paysage et de leur cadre de vie. En venant en ville, le citoyen recherche avant tout les services qu’elle procure, l’emploi, les loisirs, la qualité de la vie urbaine, l’urbanité. La gestion de la ville est l’affaire de tous, celle de l’État, de la collectivité, des opérateurs économiques et, de plus en plus, celle du citoyen, la politique urbaine aujourd’hui doit être une politique de concertation, de partenariat et d’écoute.
Autrement, il en résulterait toutes sortes de dérives. Elle exige la démocratisation des débats techniques pour que l’habitant puisse vivre et s’approprier sa cité, et contribuer à son élaboration et à ses mutations. Le citoyen doit être mis au centre de la réflexion sur la ville de demain. C’est pourquoi il faudrait l’associer dans cette journée de réflexion que compte organiser le club de Nabeul . L’objectif est d’élaborer des propositions concrètes pour l’amélioration du quotidien des citoyens pour une meilleure qualité de vie dans le cadre du plan de développement local.
Pour le député de Soliman, Abdelkader Ben Zineb, un grand débat s’impose pour imaginer la ville de demain « Nous devons impliquer toute la société civile à travers une réflexion collective destinée à relever les défis environnementaux de demain. Durant cette journée de réflexion, les citoyens, les associations, les femmes, les jeunes vont partager leurs attentes et solutions. Aujourd’hui nous sommes appelés à travailler ensemble à l’intérieur d’un plus grand périmètre. Les problèmes soulevés touchent toutes nos villes. Au fond, il ne s’agit pas seulement de demander à votre population de donner son avis, mais de la convaincre de s’impliquer et de co-construire la ville de demain ».
De son côté, le député Sami Rais a appelé à se préparer dès à présent pour l’échéance municipale. « Les conseils municipaux pourront résoudre pas mal de problèmes de nos villes. Ainsi, nous devons commencer à réfléchir, sans plus tarder, à l’organisation des élections municipales. Les conseils locaux constituent une nouveauté pour l’administration tunisienne, d’où la nécessité de promulguer aussi une loi fixant leurs domaines de compétence.»
Kamel BOUAOUINA