« Ibn Al-Aqir » (Le Fils de la Femme Stérile) est la dernière publication de l’écrivaine tunisienne Zohra Hawachi qui est à la fois poétesse, traductrice et romancière. C’est un roman qui parle d’une femme du Nord-Ouest tunisien qui n’a pas eu d’enfants malgré ses nombreuses années de mariage. Son destin était donc de divorcer et de retourner dans son pays natal. Refusant de se remarier quoiqu’elle ait l’air de vieillir, une connaissance de son père dont la femme vient de mourir en laissant un bébé, l’a demandée en mariage pour qu’elle prenne soin au même temps du bébé. Après hésitation, elle accepte enfin et n’a désormais qu’une seule affaire : s’occuper du bébé. Ainsi Rebeh Bent Dhaoui convole en justes noces avec Ali Belkhamri, agriculteur de son état. Dès lors, elle retrouve son bonheur auprès du bébé en le considérant comme son propre enfant.
Dans ce roman, l’auteure décrit dans le détail le développement de l’état psychologique de Rebeh, qui s’occupe du nourrisson. Entretemps, les soins prodigués au bébé et l’amour qu’elle lui éprouve se sont transformés en une sorte de satisfaction et d’acceptation de la nouvelle vie, surtout qu’elle retrouve chez son nouveau mari tout le respect et toute la gentillesse. Ainsi, le sentiment de féminité et de maternité explosent chez elle, après ses longues années de désespoir qu’elle a endurées sans avoir pu avoir d’enfants. C’est alors qu’un jour, elle a senti le bras d’Ali, son mari, se poser sur ses épaules. La chaleur de son visage et de sa moustache lui touchent le front, et sa tête est proche de la sienne, sentant l’odeur du parfum mêlée à la chaleur masculine. Elle jouit de cet instant de plaisir et de bonheur, mais cela ne dure pas longtemps.
À partir de ce jour-là, leur union ne se réduit pas aux seuls soins prodigués à l’enfant, mais cela devient une relation conjugale au vrai sens du mot. Elle n’a donc plus le seul rôle d’un baby-sitter, mais d’une épouse d’un mari qui l’aime et la protège et qui lui assure le bonheur dont s’est privée depuis longtemps. Elle a passé ainsi de nombreuses années, jusqu’au jour où le petit enfant grandit et les autres fils de son mari viennent exiger leur part de l’héritage.
Les étapes du roman nous ont emmenés entre différents états psychologiques, s’intensifiant une fois et s’adoucissant une autre fois, vacillant entre contraction et crise et flux et soulagement. Cette exploration des profondeurs de l’âme de l’épouse a fait de ce roman un récit important, avec son suspense et son excitation abondante au cours de la vie quotidienne dans la campagne du nord-ouest de la Tunisie. Le roman a enregistré les coutumes et les traditions dans les moindres détails quotidiens, depuis la naissance jusqu’à la mort.
Quant au dialogue, c’est le dialecte rural, spécifique à ces régions, qui a été adopté par l’auteure. Une description minutieuse des lieux, des coutumes, des traditions et des scènes quotidiennes de la vie rurale est à remarquer en suivant le cours des événements. Ces derniers sont vraisemblables et pleins de révélations surprenantes sur la région du Nord-Ouest et de ses habitants au point de dire que l’auteure a vécu réellement dans ces zones rurales riches à la fois en beauté naturelle et en bonté humaine. Un roman passionnant qui peut se lire d’une traite.
Hechmi KHALLADI