La digitalisation et les outils numériques gagnent du terrain dans plusieurs secteurs, notamment dans la médecine. Qu’en est-il de la pratique dentaire ? Décryptage avec Mohamed Kessentini, vice-président du Syndicat tunisien des médecins dentistes de libre pratique.
Le Temps.news : Est-ce que la digitalisation a contribué à améliorer la pratique dentaire ?
Mohamed Kessentini : Le phénomène de digitalisation de la santé connaît un vrai succès à tous les niveaux : de l’intégration des logiciels dans les structures médicales pour suivre les patients, à la diversification des applications mobiles en rapport avec l’état de santé. De ce sens, on met l’accent sur le secteur dentaire qui est aujourd’hui en pleine transition numérique aussi. La digitalisation dans ce secteur facilite le travail des professionnels du domaine au quotidien, qui bénéficie à son tour d’une nouvelle organisation. Cette révolution digitale a réussi à fournir ainsi le confort au patient et une meilleure qualité de soins.
Cette numérisation du secteur dentaire est bénéfique pour les praticiens ainsi que pour les patients. Elle aide les praticiens à affiner les diagnostics et à optimiser les traitements pour assurer une meilleure expérience patient. Pour le faire, les professionnels utilisent des outils technologiques puissants tels que les logiciels de stimulation des sourires des patients, les applications mobiles pour assurer le contrôle des traitements et des plateformes de prises de rendez-vous. Dans notre métier de chirurgien-dentiste, le numérique rassemble l’ensemble de nos outils qui acquièrent les données volumétriques, densitométriques, morphologiques et surfaciques sur l’aspect osseux, dentaire, facial et occlusal de nos patients.
La récolte de toutes ces informations permet de concevoir nos plans de traitement, planifier nos interventions, prévisualiser les résultats fonctionnels et esthétiques, préparer nos éléments prothétiques de temporisation, sécuriser nos gestes chirurgicaux et faciliter les phases prothétiques
Les dentistes tunisiens sont–ils ouverts à cette digitalisation ?
Le challenge du médecin dentiste tunisien actuel est d’intégrer le numérique dans son travail quotidien. Il serait complètement erroné de parler de la dentisterie du futur, la dentisterie digitale est la dentisterie d’aujourd’hui. Elle facilite le travail du praticien au quotidien, qui bénéficie d’une nouvelle organisation. Elle fournit aussi un meilleur confort au patient, une qualité de soins améliorés et une anticipation des futurs traitements. C’est notamment le cas pour les traitements implantaires , et les traitements orthodontiques par aligneurs.
Quel est l’apport des outils numériques en implantologie ?
La dentisterie connaît depuis cette dernière décennie un bouleversement total grâce à la Le dentiste actuel doit s’engager dans la formation de cette nouvelle technologie et acquérir les compétences nécessaires pour gérer un cabinet digitalisé moderne
L’implantologie dentaire continue de progresser aussi bien par le nombre de praticiens que par le nombre de patients, qui demandent de bons résultats le plus rapidement possible. La rapidité des progrès techniques et les nouvelles offres des fabricants d’implants et des secteurs connexes de l’industrie viennent répondre tout aussi rapidement à ces demandes, avec un éventail souvent déroutant de solutions possibles. Cette effervescence est particulièrement évidente dans le domaine de la dentisterie numérique, avec des solutions matérielles et logicielles pour le diagnostic, l’imagerie, la chirurgie, la prise d’empreinte, et pour la conception et la fabrication assistées par ordinateur des prothèses intra-orales
Un patient sur cinq renonce à se rendre chez le dentiste à cause des tarifs des soins dentaires . Pensez-vous que ces tarifs sont élevés en Tunisie ?
Les soins dentaires, en Tunisie, représentent en réalité certainement un des meilleurs rapports qualité-prix au monde. Peut-être même le meilleur! Les praticiens tunisiens dans leur majorité, font même de très gros efforts pour continuer à rendre les soins accessibles. Il est vrai que ces soins exigent de moyens financiers. Depuis, le coût de la vie a été multiplié par 3. Dans nos cabinets, tout a été aussi multiplié par 3: les loyers, les fournitures, l’électricité… En revanche les investissements ont, eux, explosé (radiographies -, stérilisation, informatique, fauteuils dentaires, appareils divers et variés) Malgré cela, nos tarifs restent en dessous de ce qui se pratique dans les pays riches (USA, Suisse, Allemagne, Canada, la France).Les praticiens, ainsi que les techniciens de laboratoire (les prothésistes) font donc de gros efforts pour maintenir un bas coût de soins.
Mais de plus en plus d’étrangers viennent se soigner en Tunisie ?
Plusieurs milliers de personnes d’Europe et des pays arabes se déplacent chaque année en Tunisie pour se soigner pour des raisons de coût ou bien pour bénéficier d’un traitement non disponible ou difficilement accessible dans leur pays. Ça coûte moins cher et on passe de bonnes vacances. La chirurgie dentaire étant l’une des interventions les plus recherchées, en Tunisie, le tourisme dentaire est un secteur tout à fait florissant. Notre pays bénéficie d’une solide réputation en matière de soins dentaires. Chaque année, plusieurs milliers d’Européens et de Maghrébins viennent s’y faire soigner. Outre la qualité des soins prodigués, ce sont surtout les prix pratiqués qui attirent les patients étrangers. Ce créneau médical a besoin de plus d’information.Malgré l’interdiction de la publicité dans le domaine médical, dentaire et orthodontique, un fort besoin de communication se fait ressentir chez les praticiens. Les patients, quant à eux, sont également en demande d’information et de transparence de la part des professionnels qui les soignent. … Et entre information (autorisée) et publicité (interdite), la frontière est parfois très mince.
Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA