Après des mois de répétition, ,les quatre chorales de l’Association des Parents et Amis des Handicapés Tunisiens, Nabeul, Rades, El Walid et 9 avril font leur entrée sur scène sous la houlette du maestro Zouhair Mili, à la cité de la culture en présence de leurs parents qui apprécient, chaque année, cette initiative qui leur permet de voir leur enfant différemment, oubliant l’instant de quelques heures ce handicap. Cet après-midi-là, leur énergie inonde tout l’espace. Le public est happé par ces chanteurs aux accessoires colorés, qui se tiennent debout sur scène. Les pieds ancrés dans le sol. Le visage dévoré par leur sourire. Le regard droit et pétillant.

La première chanson parle des droits de la femme. À l’unisson, ils se présentent, presque dans un cri de joie : « Anissa » Avec détermination et talent, enfants et jeunes ont chanté toute leur volonté de vaincre leur handicap et exprimé leur joie de vivre. Maestro Zouhair Mili, devenu spontanément self-made musicothérapeute. Attentif, patient et passionné, il s’adapte facilement au gazouillement de sa chorale exaltée et l’embarque, en parfaite communion, dans une symphonie sublime. Le public, venu nombreux, ne peut cacher son émotion. Il est ébahi en écoutant les promesses de ces anges enchantés. Tout le monde s’y met. « Chanter ensemble est un moment magnifique et très émouvant. Je me réjouis de cette initiative exceptionnelle ! » s’est exclamée Fatma

« Ce qui se passe aujourd’hui est une incroyable récompense », livre Mouna Miled, la Présidente de l’Association des Parents et Amis des Handicapés Tunisiens. Ces jeunes, garçons et filles, ont voulu rejoindre la chorale. Ils sont attirés par le projet. Ils avaient une expérience à vivre ensemble. Ils ont réussi leur pari. Ils ont ainsi fait la fierté de leurs proches venus les écouter et aussi du grand public . La musique leur fournit une solution de rechange là où s’arrêtent les mots, car elle demeure un langage universel qui parle à tout le monde. Elle fournit aux enfants polyhandicapés des outils supplémentaires pour communiquer » dit-elle

Se faire entendre et comprendre. Tel est l’objectif que les enfants de l’APHAT recherchaient en chantant devant plusieurs centaines de personnes. L’un des buts recherchés est, certes, de faire évoluer les mentalités sur les handicapés, mais pas seulement. Sami aimerait ainsi mettre à profit cette expérience pour continuer dans la musique. « La création de cette chorale fut autant un bienfait pour les enfants (épanouissement personnel, solidarité, partage, confiance en soi…) que pour les parents qui se sentent moins seuls et qui peuvent échanger avec d’autres familles dans la même situation qu’eux. Une expérience concluante. Au centre, on a senti les regards changer. Ils sont tellement heureux de venir ici. Ils ont un sentiment de reconnaissance. Et pour nous, éducateurs et parents, c’est énorme. », confie Haifa Zemni, directrice d’un centre d’éducation spécialisée

A chaque prestation de ces enfants, les spectateurs ne pouvaient pas exprimer leur joie. Hommes et femmes, tous étaient sensibles à leur talent. Ils ne chantent pas pour chanter, mais pour vivre une rencontre avec les autres. Le but de cette fête, c’est de leur apporter du bonheur mais aussi de leur donner confiance en leurs capacités.

                                   Kamel BOUAOUINA