Pour présenter ce nouvel ouvrage « La Tunisianité au pluriversel », Françoise Brunel historienne et vice-présidente de l’université Paris I-Panthéon Sorbonne a écrit : « Artiste et intellectuel, Mohamed Zinelabidine ne redoute pas les champs de réflexion complexes, pas plus qu’il ne craint d’agir pour une Res Publica dont il porte au plus haut les valeurs humanistes. » Le philosophe Fathi Triki, titulaire de la chaire Unesco de philosophie, pour sa part, a précisé : « Mohamed Zinelabidine a réfléchi, tout au long de ce livre, sur l’identité du Tunisien. Avec force, il dénonce la réaction qui a voulu réduire cette identité à une seule expression fixiste. La Tunisianité, pour lui, est cette volonté de dépassement… »
Il est clair que Mohamed Zinelabidine prend fermement position, ces dernières années durant, et s’engage intellectuellement, à travers le monde, pour plaider en faveur d’une acception nouvelle de la culture, au cœur d’une herméneutique à même de repenser le monde. Dont une tunisianité pluriverselle contre l’universalisme abstrait occidental, centré et toutes discriminations de culture, d’origine, de genre, pour créer les scissions et oppose l’Orient à l’Occident. La « Tunisianité au pluriversel », pour lui, résume la synthèse d’un monde peu similaire, mais tellement complémentaire, car constamment évolutif.
Partant, l’auteur accorde une responsabilité majeure aux chercheurs, aux intellectuels et aux artistes tunisiens dans un tel projet de construire un monde plus ouvert à l’assimilation réciproque, sans hiérarchie des valeurs ni exclusion aucune. Pour autant, il suffira de (re) lire l’histoire et d’en prendre acte. Il a recours à Martin Heidegger dans « Être et Temps » posant déjà la question de la présence au monde. Un monde qui porte un sens suffisant à l’Homme pour qu’il en fasse une propre détermination, projection et aspiration. Il abonde dans ce sens et cette sentence « Deviens ce que tu es ! Ainsi parlait Nietzsche ». C’est censément cette conjonction du poète lyrique grec Pindare s’adressant à Hiéron, confrontée à l’impératif socratique « connais-toi toi-même », que Mohamed Zinelabidine reprend à son compte, non sans omettre « ce que l’on est » et « qui l’on est », selon Hannah Arendt.
Mais référence faite au particularisme et à la singularité, les trajectoires historiques et géographiques sauront donner sens, raison et originalité à l’esprit propre. Une Tunisianité qu’il entend non réductible, non simpliste, non fixiste, en phase avec une histoire conjuguée, voire recomposée, entre Orient et Occident. Il en ressort une Tunisianité non circonscrite, constamment en mouvement, toujours régénérée par la force de l’imagination créatrice. Contre la « mêmeté », terme de Paul Ricœur, il revient sur une Tunisianité dynamique et plurielle, faite de « convergences » et d’« ipséité ».
Hélas, un certain Occident, en se représentant les cultures autres que la sienne, a tendance à invoquer le moins représentatif d’elles, sur fond de clichés rébarbatifs. Et pour prétextes, ses colonisations successives, toutes formes des conservatisme religieux et identitaire, aux regard de séparatisme et de décivilisation, souvent à la rescousse. Loin s’en faut, Mohamed Zinelabidine dénonce autant cet euphémisme que le regard réducteur exercé. Il défend l’esprit historique capable de rebondir contre la subordination culturelle, mais invoque, en même temps, l’impératif pour les intellectuels tunisiens de courber l’échine et faire entendre une Tunisianité plus ouverte et davantage décomplexée, autrement audible et intelligible.
En effet, c’est son neuvième ouvrage consécutif depuis le « Trialogue Francis Fukuyama, Mohamed Zinelabidine et Samuel P. Huntington » et sa collection de sept ouvrages traitant de « l’Impensé politique », « l’Impensé sociologique », « l’Impensé coenesthésique », « L’Impensé génésique », « l’Impensé poïétique » et « l’Imbroglio des cultures », préfacés par le philosophe Fathi Triki, la poïéticienne Eliane Chiron, l’historienne Françoise Brunel, le philosophe François de Bernard, l’historien de l’art Benjamin Brou, l’universitaire en littérature française Sanae Ghouati et le critique des théories de la culture Gérard Pelé. En plus, il a publié « Correspondances André Malraux et Mohamed Zinelabidine », qui a été préfacé par le Professeur Abderrahman Tenkoul, ancien président des universités au Maroc.
Ses ouvrages ont été analysés et loués, à travers nombreuses universités du monde, pour leurs audace, véracité et résonnance singulière. Le présent livre ne déroge point à l’esprit des précédents, dans l’objectif d’exprimer une pensée complexe, voire labyrinthique, des fois confuse, dédaléenne, embrouillée, emmêlée et enchevêtrée par le cours de la culture qui en est au cœur, en vue d’une analyse herméneutique et maïeutique des contextes géopolitiques, sociologiques, poïétiques, coenesthésiques, génésiques et philosophiques adjacents. Pour l’auteur, l’Occident ne devra jamais occulter que la Tunisianité a imprimé l’histoire universelle, depuis les Carthage (s), les Carthagène (s) qu’elle a offertes au monde. Il suffit d’en découvrir la carte géographique ou d’apprécier « Didon et Enée », un chef d’œuvre de la musique baroque qui porte un témoignage indélébile sur Carthage.
Mais avant Carthage, depuis des milliers d’années, les Atériens de Nefta, depuis 100000 ans d’histoire, les Moustériens et l’Hermaion d’El Guettar, depuis 40000 ans, actuellement exposé au Musée National du Bardo, aussi les Capsiens, pour en arriver à Qart-Hadasht, la « Nouvelle » « Ville » en phénicien où l’appellation et les ramifications sont pérennes dans nombreux continents du monde.
(avec Edition Sotumédias)