En Tunisie, le transport public est en proie à de graves dysfonctionnements. Ce secteur, indéniablement en crise, s’est distingué récemment comme l’un des dossiers suscitant le plus de préoccupations pour Carthage. Après avoir limogé dernièrement le ministre des Transports, le président Saïed appelle la ministre intérimaire à élaborer une « stratégie nationale » à même de sortir ce secteur de sa « précarité ». En tête des priorités : la crise de Tunisair qui, visiblement, donne du fil à retordre aux gouvernements successifs…
Le président de la République, Kais Saied, a souligné lors de sa réunion, le 21 mars 2024 au palais de Carthage, avec Sarah Zaafrani Zanzari, ministre de l’Équipement, de l’Habitat et chargée de la gestion du ministère du Transport, la nécessité d’accélérer l’élaboration d’une stratégie nationale pour le transport public afin de sortir ce secteur de la situation précaire dans laquelle il se trouve en raison des politiques suivies depuis le début des années 1990 et qui ont abouti à l’abandon presque total des infrastructures de transport public ainsi que de nombreux autres services publics, selon un communique publie sur la page officielle de la présidence de la République.
« Solutions temporaires »
Le chef de l’État a expliqué que, en attendant l’élaboration de cette stratégie, il est impératif de trouver des solutions temporaires, car les citoyens passent chaque jour de longues heures à attendre un moyen de transport public qui peut arriver ou ne pas arriver, ou qui peut ne pas s’arrêter du tout car il n’y a plus de place pour un nouveau passager. Certains passagers se retrouvent à moitié à l’intérieur et à moitié à l’extérieur des autobus, tandis que d’autres passent quatre heures par jour en attente. Il est inacceptable que le nombre d’autobus dans le grand Tunis ne dépasse pas environ 300, et que le nombre de métros ait diminué d’environ trois quarts, d’après le même communique. Saied a souligné que le droit au transport est un droit constitutionnel, et que chaque citoyen a le droit de se déplacer dans des conditions convenables où toutes les conditions de sécurité sont remplies et à des heures précises.
Dans ce contexte, le chef de l’État a également mentionné que les prêts obtenus par l’État tunisien sont souvent destinés à la construction de nouvelles routes, ce qui est louable car le transport est le poumon de l’économie, mais il est impossible d’obtenir des financements pour le développement du secteur du transport public en termes de bus, de trains ou de tramways. Si la Tunisie souffre de la situation catastrophique du transport public en raison du manque de financement, d’où proviennent les fonds pour importer des voitures de luxe, dont un nombre considérable est importé chaque mois ?
Hors de question de privatiser Tunisair
Dans cette réunion, le président de la République a également abordé la question des transports collectifs privés, qui ne peuvent en aucun cas constituer une solution, d’autant plus que les conditions dans ces véhicules ne peuvent être décrites que comme inhumaines et portent atteinte à la dignité humaine, en plus des risques encourus par les passagers, dont le nombre dépasse leur capacité d’accueil. Ceci en plus des travailleuses et travailleurs qui sont transportés en milieu rural dans des camions non sécurisés, sans aucun respect pour les droits fondamentaux de l’homme. Beaucoup de ces travailleuses, en particulier, ont été impliquées dans des accidents dus à ce type de transport, lit-on encore dans le communique.
Dans le même contexte, cette réunion a également abordé la situation de Tunisair, qui a été à un moment donné une source de fierté pour la Tunisie sur le plan international, mais qui a décliné progressivement et est tombée dans une situation qui nécessite une intervention urgente pour l’assainir afin de lui rendre sa splendeur et son rayonnement. Le président de la République a souligné qu’il ne peut y avoir aucune concession « ni dans la terre ni dans le ciel » et que cette institution doit être remise sur pied, ainsi que d’autres institutions, car ces personnes n’ont aucun autre objectif que de sacrifier les acquis de notre pays et de se soumettre honteusement aux instructions qu’elles reçoivent de l’étranger et de ceux qui sont tombés entre les mains des lobbies à l’intérieur, selon le communique susmentionné.
Ghada DHAOUADI