La crise de Tunisair semble sans issue. De la gestion des recrutements à la stabilisation financière en passant par la médiocrité des services, chaque aspect de son fonctionnement est devenu un casse-tête. La route vers la réforme est semée d’embûches.
Le président de la République, Kais Saïed, a effectué, le 2 avril 2024, une visite inopinée à l’aéroport international de Tunis-Carthage, où il a pris connaissance de moult « insuffisances, lacunes et dépassements » survenus par le passé et qui persistent encore jusqu’à ce jour.
130 agents et cadres ont intégré cette entreprise selon des diplômes falsifiés
Dans ce contexte, le chef de l’Etat a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer autant que possible à redonner à la compagnie aérienne nationale « Tunisair » ses lettres de noblesse et d’opérer une purge au niveau du personnel y opérant, d’autant plus que les opérations d’audit des recrutements publics ont révélé que plus de 130 agents et cadres ont intégré cette entreprise selon des diplômes falsifiés et sur la base des critères de favoritisme et de loyalisme et non sur la base de la compétence et des diplômes scientifiques, lit-on dans un communiqué publié sur la page officielle de la présidence de la République. Le président Kais Saïed a saisi sa visite pour réaffirmer à nouveau sa position inflexible sur le dossier de l’avenir des entreprises publiques, a rapporté l’agence TAP.
Il n’y aura plus de cession des établissements et entreprises publics, a fait savoir le chef de l’Etat, ajoutant que rien ne fait obstacle à ce que ces entreprises soient financièrement équilibrées et solides, notamment, après avoir procédé à leur assainissement et après avoir récupéré les fonds qui leurs ont été volés.
A noter que les opérations d’audit des recrutements publics ont pris corps dans un texte de décret paru au journal officiel de la République tunisienne (JORT), en date du 21 septembre 2023. Il s’agit du décret relatif à l’audit général des opérations d’intégration et de recrutement dans la fonction publique, les instances publiques, les établissements publics, les entreprises publiques, les sociétés à participation publique et toutes autres structures publiques, réalisées à compter du14 janvier 2011 jusqu’au 25 juillet 2021
La dénomination du texte semble donner un champ d’application élargi à la mission dévolue au comité de pilotage des opérations d’audit.
Concernant la question des recrutements publics, elle constitue un des dossiers auxquels le chef de l’Etat n’a de cesse de conférer un surcroît d’intérêt et d’attention à travers ses réunions de travail avec plusieurs chefs de départements ministériels lors desquelles l’accent a été mis sur le double souci de la célérité et de la responsabilité. Et d’ajouter que le délai accordé aux comités d’audit pour remettre leurs rapports au comité de pilotage, placé sous la tutelle de la présidence du gouvernement, a été prorogé de deux mois à partir du 20 décembre dernier.
Hors de question de privatiser Tunisair
Rappelons que lors de sa réunion avec Sarah Zaafrani Zanzari, ministre de l’Équipement, de l’Habitat et chargée de la gestion du ministère du Transport , le président de la République avait abordé la situation de Tunisair, qui a été à un moment donné une source de fierté pour la Tunisie sur le plan international, mais qui a décliné progressivement et est tombée dans une situation qui nécessite une intervention urgente pour l’assainir afin de lui rendre sa splendeur et son rayonnement. Le président de la République a souligné qu’il ne peut y avoir aucune concession « ni dans la terre ni dans le ciel » et que cette institution doit être remise sur pied, ainsi que d’autres institutions, car ces personnes n’ont aucun autre objectif que de sacrifier les acquis de notre pays et de se soumettre honteusement aux instructions qu’elles reçoivent de l’étranger et de ceux qui sont tombés entre les mains des lobbies à l’intérieur, selon le communique susmentionné.
La crise de Tunisair met en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les entreprises nationales dans un monde en évolution rapide. Toutefois, elle offre également une opportunité de réévaluer les politiques et les pratiques qui ont conduit à cette situation.
Ghada DHAOUADI