Sabrine, fraichement divorcée, a été assassinée, en fin de semaine, chez elle à Jebel Lahmar par son ex-mari, ainsi que sa mère et son oncle maternel. Un triple meurtre qui a ébranlé le quartier populaire surpeuplé de la capitale, et qui a surtout suscité la grogne de la société civile qui dénonce la multiplication inquiétante des actes de féminicides.
Selon les informations préliminaires, l’auteur avait auparavant menacé de tuer la victime si elle insistait pour divorcer. Massacrés à coups de marteau, les corps des victimes ont été découverts le 6 avril 2024. Après son arrestation, le criminel a avoué ses crimes et l’enquête semble avoir été close, mais les réactions de la société civile continuent de déferler. En tête de file : les organisations féministes qui montent au créneau face à la multiplication des féminicides.
Failles dans l’application de la Loi 58
L’association Aswat Nissa et l’Association Femme et Citoyenneté El Kef (AFC) ont dénoncé, dans un communiqué publié dimanche, le triple meurtre de Jebel Lahmer. Les deux associations ont considéré qu’il s’agit d’un crime annoncé qui « révèle une fois de plus les failles dans l’application de la loi 58/2017 , la prise en charge des femmes qui signalent les violences et la faiblesse des autorités à mesurer le danger pour les victimes de violences conjugales et à prendre les mesures nécessaires pour les protéger », d’après leurs mots.
« La liste des féminicides s’allonge encore avec les mêmes horreurs, la même sauvagerie et le même sentiment chez les bourreaux qu’ils ont un pouvoir absolu sur le corps et la vie de leurs victimes … Sabrine avait alerté les autorités sur les menaces qu’elle avait reçues de la part de son ex-mari. Cependant, ses craintes n’ont pas été suffisamment prises au sérieux … », lit-on dans le communiqué conjoint.
« Stratégie nationale contre les féminicides »
Aswat Nissa et l’Association Femme et Citoyenneté El Kef ont également appelé à : « l’Ouverture par les ministères de l’Intérieur et de la Justice d’une enquête sur le traitement de la plainte déposée par Sabrine quelques jours avant son assassinat », « l’établissement d’un traitement rigoureux des demandes de protection faites par les victimes comme le prévoit l’article 26 de la loi n°58/2017 », « la Mise en place d’une formation destinée aux agents des unités spécialisée et des magistrats ainsi que le renforcement de leurs moyens humains et matériels », « la publication du rapport sur les féminicides élaboré par le Ministère de la famille, de la femme , de l’enfance et des séniors «, « l’activation effective du conseil scientifique de l’Observatoire National des violences à l’égard des femmes pour qu’il inscrive dans ses priorités une réflexion sur la lutte contre les féminicides en collaboration avec les organisations de la société civile féministes et travaillant sur les droits humains », et « la mise en place d’une stratégie nationale multisectorielle de lutte contre les violences conjugales et de prévention des féminicides conjugaux ».
Pour rappel, une déclaration conjointe datant du 21 février 2024, l’Association Aswat Nissa et l’Association Femme et Citoyenneté El Kef ( AFC ) ont annoncé que la période allant du début de l’année 2024 jusqu’au 19 février dernier a été marquée par l’enregistrement de 5 crimes de féminicide en Tunisie. Dans le même contexte, l’Association Aswat Nissa et l’Association Femme et Citoyenneté El Kef ont souligné, à l’époque, qu’il est toujours important de se rappeler que le nombre des crimes de féminicide en Tunisie a atteint 25 durant l’année 2023.
Rym