Le bassin méditerranéen est naturellement exposé à de nombreux risques, notamment les séismes, les éruptions volcaniques, les crues, les incendies et les sécheresses. Compte tenu de la complexité de la situation, plusieurs nouveaux enjeux liés au changement climatique sont à prendre en compte, comme le réchauffement climatique, des sécheresses accrues, l’élévation du niveau de la mer et son acidification. Ces enjeux sont également associés à d’autres changements environnementaux comme la pollution et l’étalement urbain.

Le bassin méditerranéen est en surchauffe. Dans la région, le réchauffement climatique  est plus fort que la moyenne planétaire, et il pleuvra de moins en moins en été. Les sécheresses et les canicules   vont donc continuer à se prolonger et à s’intensifier, avec un impact significatif sur les ressources en eau, l’agriculture, la biodiversité et les écosystèmes de la région.

Depuis quelques temps, les changements climatiques s’intensifient et exacerbent les problèmes environnementaux du bassin méditerranéen qui sont causés par les effets combinés des modifications de l’utilisation des sols, de l’augmentation de la pollution et de la dégradation de la biodiversité. L’adaptation aux changements climatiques, qui consiste à recourir à des infrastructures plus résilientes, à sécuriser les ressources en eau, à améliorer la production agricole sur les terres arides, à protéger les côtes maritimes et à prendre d’autres mesures de ce type, peut être triplement bénéfique : les pays souffriront moins des futurs chocs climatiques, bénéficieront d’une productivité et d’une croissance accrues et en récolteront des bienfaits sociaux et environnementaux.

Méditerranée : peut-on encore la sauver ?

La mer Méditerranée court-elle un grand danger ? Quel est l’impact et la part de responsabilité du réchauffement climatique, de la surpêche et de la pollution sur la diminution de la biodiversité de la mer Méditerranée ? La Méditerranée est en danger, sommes-nous en mesure de la sauver ?

Cette université de printemps interdisciplinaire, qui réunit des universitaires de spécialités différentes, des scientifiques ainsi que des responsables de terrain, tente de comprendre, innover, trouver des solutions pour augmenter la résilience de la mer Méditerranée, pour préserver sa biodiversité exceptionnelle et pour aider les pays et les populations du bassin méditerranéen à implémenter les mesures d’adaptation nécessaires face  aux bouleversements climatiques annoncés. Cette mer Méditerranée est un espace de biodiversité : elle abrite de 4 à 18 % des espèces marines connues dans le monde, alors qu’elle ne représente que 0,8 % de la surface des bassins océaniques mondiaux. Ces désordres affectent directement les écosystèmes marins et la biodiversité méditerranéenne.

Les déséquilibres constatés génèrent déjà des phénomènes de pullulation de méduses et d’espèces non-indigènes, de mucilage, de mortalité de masse (coraux, gorgones), de modification de répartition des espèces, de réduction des stocks de poissons laissant entrevoir un risque généralisé pour la sécurité alimentaire et la santé des 150 millions de personnes vivant sur les littoraux de la Méditerranée. Alors, pour mieux comprendre les facteurs à l’origine de cette spécificité régionale en matière de climat, évaluer les conséquences d’un réchauffement accéléré sur les écosystèmes naturels et les sociétés humaines qui y vivent, et obtenir quelques pistes de réflexion pour atténuer le changement et s’y adapter, des experts interviendront pour expliquer les changements climatiques et leur impact en Méditerranée.

Nous citons  Houda Ben Jannet, Directrice Générale de l’organisation méditerranéenne de l’Energie et du climat, Catherine Lagneau, Présidente BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Une table ronde  sur les impacts  des changements climatiques en Méditerranée sera animée par Houda Ben Jannet, Directrice Générale de l’organisation méditerranéenne de l’Energie et du climat, Dina Ranarifidy, spécialiste principale en développement urbain au sein de la banque mondiale, Mahmoud Elyes Hamza, Ancien ministre de l’Agriculture – Directeur du Centre d’activités régionales pour les aires spécialement protégées (SPA/RAC) en Méditerranée et Raoudha Gafrej, Expert eau et changement climatique – Directrice Générale de l’Univers de l’Eau.

La préservation de l’eau est une priorité stratégique en Méditerranée . Les deux rives de la Méditerranée doivent travailler ensemble pour relever les défis de l’eau. En quelques années seulement, la Méditerranée est  passée de l’abondance à la rareté. L’écart entre le nord et le sud de la Méditerranée en matière de ressources en eau se réduit, d’où la nécessité de travailler ensemble pour remédier à cet état de fait.

La stratégie du secteur de l’eau en Méditerranée, est le thème de la deuxième table ronde de cette université du printemps. Modérée par Yasmine Boughzela et Youssef Karoui, elle sera animée par Catherine Lagneau, Présidente BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) Abderrahmen Ouasli, Expert en ressources en Eau et développement durable et  ancien directeur de la gestion du secteur hydraulique au  Ministère de l’agriculture et Amel Hamza-Chaffai, Experte en écotoxicologie – vice-présidente de la Taskforce de la Décennie de l’Océan chargée de la Méditerranée et la mer Rouge.

Une troisième table ronde intitulée « Présentation des stratégies d’adaptation existantes et potentielles » verra la participation de Yousri Helal, Team Leader cluster climat, environnement, énergies et réduction de risque de catastrophe et Montassar Ghallab, Chirurgien  en oncologie et  chef de Projet développement durable, à l’Institut Salah Azaiz. La clôture se fera par huit équipes d’étudiants qui exposeront leurs projets d’adaptation au changement climatique en Méditerranée devant un jury d’experts. Les projets sélectionnés par le jury recevront des prix.

Bref, les efforts consentis actuellement gagneraient à être renforcés pour sauver la Méditerranée et lutter contre le dérèglement climatique. Les outils existent. L’Union pour la Méditerranée pourrait être un cadre d’action collective efficace à l’échelle de la Méditerranée, avec des moyens d’action et un mandat adaptés. La convention de Barcelone, qui a permis plusieurs avancées sur la protection des espèces ou des zones maritimes vulnérables, mérite toute notre mobilisation, en vue de sa COP24 qui se tiendra en Egypte en 2025. D’autres cadres d’action au niveau des Etats, comme le « Dialogue 5+5 » en Méditerranée occidentale, ou l’initiative Ouest Med pourraient servir à impulser des initiatives et à coordonner les efforts dans la lutte contre la pollution plastique, pour faire face au stress hydrique, parmi bien d’autres sujets. Sans doute, sur ces sujets si cruciaux pour l’avenir de notre région commune, faut-il aussi davantage de solidarité, entre le nord et le sud. La mobilisation générale de tous, Etats, territoires, citoyens, ONG, est plus qu’une nécessité, c’est une question de survie.

 Kamel BOUAOUINA