Vient de paraitre sur les Editions L’Harmattan le nouveau livre de Khélil Gouia intitulé «La Nature dans l’Art : Images et matière, une poïétique. » Khélil Gouia est maître de conférences à l’ISAMS, Université de Sfax, plasticien écrivain, chercheur en matière d’art et des sciences humaines et commissaire d’expositions. Il possède une maîtrise en philosophie, un DEA en Théories de l’art, un Doctorat en Sciences et techniques des arts (Université de Tunis) et un Doctorat en Arts plastiques (Université de Toulouse 2). Il a déjà publié en Esthétique, Poïétique et en Histoire de l’art.
Ce nouvel ouvrage de 288 pages comprend trois chapitres précédés d’un avant-propos rédigé par l’auteur lui-même, d’un préface de Dominique Château et d’une introduction où l’auteur présente les grandes lignes de son ouvrage. C’est le fruit d’une expérience artistique menée sur le terrain par l’auteur, ce qui lui permettra d’adopter une approche poïétique « afin d’expliquer le processus de la création dans diverses démarches artistiques. Donc, c’est une démarche personnelle touchant de près à la relation de l’art avec la nature dans le cadre d’une critique post-moderne de l’histoire de l’art et dans le contexte de la réconciliation de l’humanité avec la Nature pour construire des visions futuristes relativement à la vie sur Terre »
Dans le cadre de la poïétique de l’acte artistique, Khélil Gouia a interrogé l’importance de la dimension temporelle dans la compréhension du parcours artistique, dans la pratique matérielle ainsi que dans l’image qu’elle produit. Dès lors, « l’art dans le contexte du contemporain n’est pas simplement un substitut de la nature, ni même en rivalité avec celle-ci, mais plutôt en rapport de similitude ontologique. » Dans cette optique, « la pratique enseigne qu’il n’y a pas d’art sans respect de la Nature comme système vital. Ainsi l’art est création, par opposition à la nature qui reflète l’ensemble des éléments constituant notre environnement originel. Ce parcours explore les différentes phases de la création artistique par le biais de la nature : de la représentation à l’interprétation du réel en passant par l’imagination et la nature rêvée. »
La nature devient ainsi la source d’inspiration privilégiée, en raison de plusieurs facteurs. D’où l’expérience menée par l’artiste sur le site archéologique de la région d’El Haouaria au Cap Bon de la Tunisie (une expérience bien expliquée au 2è chapitre du livre). Passionné par la richesse géologique et botanique de la région riche en éléments naturels (environnementaux, végétaux, marins, rocheux…), l’auteur s’est intéressé à tous les systèmes biologiques et naturels à travers son expérience sur le site d’El Haouaria. « En fait, dit-il dans sa conclusion, le milieu est très emblématique. Il reflète les aspects d’une région riche en éléments environnementaux […] C’est par cette richesse qu’il (le milieu) est reconnu. J’ai été attiré par les reliefs et les textures des rochers alors que celles-ci racontent aux visiteurs leur résistance au fil du temps et l’étendue de leur vigueur au fil des siècles. »
En effet, l’une des caractéristiques de l’Art Nouveau est l’observation de la flore dans son ensemble. Les inspirations sont diverses et concernent les plantes, les arbres, les lianes, les tiges, aussi bien que les fleurs. L’expérience de Land Art et de l’Art in-situ, menée par l’auteur dans le site des grottes d’El Haouaria lui a permis de s’adonner à des analyses scientifiques, voire philosophiques, et d’aboutir à des conclusions logiques.
Grâce à ce livre, on découvrira désormais l’importance de la Nature dans l’Art Nouveau. Cependant, l’art ne peut pas simplement imiter la nature. L’art est aussi expression personnelle et création spirituelle autonome : l’artiste propose sa propre vision futuriste dans la création artistique. L’art ne semble donc pas devoir se contenter d’imiter la nature, ou de reproduire la réalité qui nous entoure. D’une manière générale, la conception moderne de l’art se démarque de la conception classique : le beau ne doit plus être découvert (dans la nature qui contient la beauté parfaite, idéale), mais il doit être inventé : la beauté se trouve désormais dans l’esprit de l’homme lui-même, et non dans l’ordre de la nature. Disons enfin que le livre de Khélil Gouia est la conclusion d’une pratique artistique réelle, réalisée sur le terrain, visant à saisir un Art Contemporain liée aux enjeux écologiques.
En résumé, je vous cite ces quelques propos de l’auteur qui vous serviront comme un avant-goût à la lecture de ce livre artistique très intéressant : « Cet ouvrage est le produit d’une attitude qui relève d’une saisie de la crise de l’homme contemporain au sein d’un univers turbulent. En tant que plasticien et chercheur qui s’intéresse à la synergie entre théorie et pratique, j’ai essayé de reformuler, de développer et d’examiner cette proposition à travers une expérience artistique, pas avec les mêmes vocabulaires relatifs aux expériences esthétiques modernes où le beau était mythifié et considéré au centre de l’acte créateur. » Bonne lecture !
Hechmi KHALLADI