L’Inde est l’une des économies à la croissance la plus rapide au monde et se transforme rapidement en moteur de la croissance mondiale. Au cours de la période 2000-2023, qui englobe les années instables de la crise financière mondiale et de la pandémie Covid, le taux de croissance moyen du géant d’Asie du Sud a été de 6,5 %. Cette performance soutenue a permis à l’Inde de devenir la sixième économie du monde, représentant 8 % de l’économie mondiale. Compte tenu de sa taille, un taux de croissance de 6,5 % pour l’Inde ajoute 0,52 point de pourcentage (p.p.) à la croissance mondiale. Cela signifie que l’Inde est à l’origine d’une part importante de la croissance mondiale de 3,2 % attendue en 2024.
L’Inde a pu réaliser cette performance en dépit d’obstacles structurels importants. Les entreprises et les institutions internationales ont pointé du doigt une réglementation excessive et une bureaucratie pesante, des restrictions disproportionnées au commerce et au marché du travail, ainsi que des coûts de transaction élevés. Malgré ces difficultés, la forte dynamique de croissance de l’Inde devrait se poursuivre et contribuer à élever le niveau de vie d’une grande partie de sa population. En 2000, le PIB par habitant était de 442 USD et atteindra 2 500 USD en 2023, soit un niveau de revenu moyen inférieur selon la classification de la Banque mondiale. Dans une décennie environ, le pays pourrait dépasser le seuil de revenu moyen supérieur de 4 465 USD, soit près de 10 fois le niveau par habitant deux décennies plus tôt.
Croissance du PIB réel de l’Inde
(%,d’une année à l’autre)
L’Inde devrait maintenir sa solide trajectoire de croissance et continuer à être l’une des économies qui se développent le plus rapidement, avec des taux de 6,4 % au cours des prochaines années.
Tout d’abord, des niveaux d’investissement élevés stimuleront la demande globale et augmenteront les capacités de production. En pourcentage du PIB, l’investissement s’est redressé par rapport au niveau bas atteint au lendemain de la crise financière mondiale et pendant la pandémie de Covid, et devrait rester supérieur à 30 % à moyen terme. Cette évolution s’explique en grande partie par l’impulsion donnée par le gouvernement central et les gouvernements des États aux dépenses d’investissement.
Investissement total dans le PIB en Inde
(en % du PIB, par an)
Le budget du gouvernement central pour les infrastructures a plus que triplé par rapport à celui d’il y a cinq ans, pour atteindre 135 milliards d’USD pour l’exercice 2025. Ce chiffre est presque doublé si l’on inclut les dépenses au niveau des États. Les investissements dans les infrastructures ont un impact significatif dans un pays dont les besoins sont considérables. Ils permettront d’améliorer les chemins de fer, les autoroutes, les réseaux électriques et les voies navigables, entre autres infrastructures cruciales. Le nombre d’aéroports, par exemple, devrait passer de 148 il y a quelques années à 200 d’ici l’année prochaine, ce qui va de pair avec une croissance importante des services aériens. Outre la réduction des coûts logistiques et de transport, les dépenses en capital du gouvernement encourageront les investissements des entreprises. En fait, l’investissement public est connu pour avoir le plus grand effet multiplicateur sur l’activité économique et pour inciter efficacement les entreprises privées à investir.
En second lieu, une population nombreuse, jeune et en pleine croissance fournira une main-d’œuvre apparemment inépuisable pour soutenir l’économie en expansion. Récemment, l’Inde a dépassé la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde, après avoir atteint 1,4 milliard d’habitants. Avec un âge moyen de 28 ans, contre 39 ans en Chine, le problème du vieillissement de la population, de plus en plus répandu dans d’autres pays, est éloigné dans cette nation d’Asie du Sud. En outre, le taux de participation de la population active n’est que de 51%, soit 25 p.p. de moins qu’en Chine. Cette différence s’explique dans une large mesure par le taux d’activité exceptionnellement bas des femmes en Inde (25 %), soit 46 % de moins qu’en Chine. Ces statistiques soulignent le potentiel considérable et les tendances encourageantes de l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre, qui continueront à soutenir la trajectoire de croissance économique de l’Inde.
En troisième lieu, un programme de réformes approfondies est mis en place pour soutenir fermement la croissance de la productivité. Contrairement à d’autres économies émergentes ces dernières années, l’amélioration de la productivité a été un facteur important pour expliquer la croissance économique en Inde. La libéralisation du droit du travail, qui a déjà été encouragée dans de nombreux États indiens, contribuera à un rééquilibrage des travailleurs de l’agriculture vers des secteurs plus productifs. Selon le FMI, la productivité du travail dans l’agriculture ne représente que 2,3 % de celle des industries agricoles les plus productives au monde. La productivité du travail dans les services en Inde est de 18 % par rapport à celle des travailleurs des services les plus productifs. Étant donné que 46 % de la main-d’œuvre indienne travaille dans le secteur agricole à faible productivité, encourager la transition des travailleurs vers des activités plus productives donnera un coup de fouet à l’économie.
Le gouvernement progresse également dans la négociation de nouveaux accords commerciaux bilatéraux et dans la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires au commerce. Les producteurs indiens seront ainsi exposés à une saine concurrence, ce qui les aidera à accroître leur productivité. Les réformes ont déjà attiré des investissements plus importants dans la fabrication et la technologie de la part d’entreprises multinationales telles qu’Apple, Samsung et Boeing. À l’avenir, le processus de réforme en cours continuera à jouer un rôle de premier plan dans la croissance de l’Inde.
Globalement, l’Inde devrait poursuivre sur la voie d’une croissance soutenue, à des taux proches de 6,5 % en 2024 et 2025, et maintenir une forte dynamique par la suite grâce à des contributions généralisées du capital, du travail et de la productivité.