La Ligue arabe s’est réunie jeudi à Manama, la capitale du Bahreïn, dans le cadre d’un sommet ordinaire. Les circonstances sont inhabituelles dues au génocide israélien à Gaza. Les dirigeants du monde arabe s’étaient déjà réunis d’urgence en novembre dernier en Arabie Saoudite où ils avaient condamné l’offensive d’Israël sur l’enclave palestinienne, tout en s’abstenant d’énoncer des mesures économiques et politiques punitives à son encontre, malgré la colère populaire dans un monde arabe et musulman acquis à la cause palestinienne. Et depuis, la situation s’est considérablement dégradée avec un bilan humain chiffré à plus de 35.000 morts.
Dans son allocution à l’ouverture du 33e sommet de la Ligue arabe à Manama, le roi du Bahreïn Hamad ben Issa Al Khalifa a appelé à une « conférence internationale pour la paix au Proche-Orient », ainsi qu’à « soutenir la pleine reconnaissance de l’Etat de Palestine et son adhésion aux Nations unies ». Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, a déclaré pour sa part que « le sommet adoptera des positions fortes soutenant les droits palestiniens et correspondant aux attentes des peuples arabes », ajoutant que le sommet appellera la communauté internationale à ne pas abandonner ses responsabilités relatives aux droits des Palestiniens.
Invité au sommet, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que la guerre qui ravage la bande de Gaza depuis plus de sept mois était « une plaie ouverte qui menace d’infecter toute la région », en réitérant son appel à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages » et un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ». « Toute offensive sur Rafah est inacceptable », a-t-il ajouté alors qu’Israël menace de lancer une offensive d’envergure sur cette ville du sud de la bande de Gaza où s’entassent plusieurs centaines de milliers de déplacés.
Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a déclaré que la communauté internationale doit intervenir immédiatement pour arrêter la guerre d’Israël contre Gaza. « L’histoire retiendra la tragédie, marquée par les actes meurtriers, la déportation et les sièges imposés à une population entière, ainsi que par les tentatives de colonisation de leurs terres, le tout dans un contexte où la communauté internationale et ses institutions semblent impuissantes. », a-t-il dit dans son intervention.
Pour sa part, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé les frères et amis arabes à revoir leurs relations avec l’État occupant et à l’arrêt de sa guerre ouverte contre le peuple palestinien, ses terres et ses lieux sacrés, et retrouver le chemin de la paix et de la légitimité internationale. « Nous avons décidé d’achever la mise en œuvre des décisions du Conseil central de l’OLP concernant les relations avec l’État occupant, face au rejet israélien de la paix et de l’Initiative de paix arabe, et à l’agression continue contre notre peuple dans la bande de Gaza, à la destruction des institutions de l’État de Palestine, et au terrorisme colonialiste y compris Jérusalem » a déclaré Mahmoud Abbas.
Outre la question palestinienne, les dirigeants arabes se sont penchés sur les autres conflits dans la région, au Soudan, en Libye, au Yémen et en Syrie, dont le président Bachar al-Assad a été présent, après avoir été longtemps boycotté par le royaume. Les attaques des Houthis du Yémen contre les navires en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden ont également figuré au menu des discussions. Le pays hôte est membre de la coalition maritime mise en place par les Etats- Unis pour contrer les attaques que les Houthis disent mener en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza.
(avec agences et médias)