Figure éminente et influente de la sphère politique iranienne actuelle, Mohammad Mokhber occupe actuellement le poste de premier vice-président de la République islamique d’Iran depuis août 2021. Dans la foulée de la mort du président Ebrahim Raïssi, il remplace désormais ce dernier, selon la Constitution iranienne.
Né le 11 mai 1955 au sein d’une famille de clercs, Mohammad Mokhber a passé ses premières années à Dezfoul, ville située au sud-ouest du pays, dans la province du Khuzestan. Il y poursuit des études supérieures en gestion et en économie jusqu’au doctorat. Au cours de la guerre Iran-Irak, le futur président par intérim sert en tant qu’officier médical au sein du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), l’armée idéologique de la République islamique. Sa position au sein de l’organisation et sa proximité avec l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution à partir de 1989, vont lui permettre d’occuper d’avantageuses positions liées au régime iranien.
Après la fin de la guerre, M. Mokhber devient PDG de Dezful Telecommunications, avant d’être nommé gouverneur adjoint de sa province natale. Au début des années 2000, il est hissé à la vice-présidence de la Fondation Mostazafan, une puissante entité paraétatique directement contrôlée par le bureau du Guide suprême, qui contrôle des pans entiers de l’économie iranienne, selon le département du Trésor américain. Peu après, il est nommé PDG de la Sina Bank, contrôlée à 84% par la fondation. À ce poste, M. Mokhber a notamment contribué à superviser le financement des programmes nucléaires et de missiles balistiques de la République islamique, ce qui lui vaut d’être sanctionné par l’Union européenne en 2010. Celle-ci le retire toutefois de sa liste en 2012.
Parallèlement, Mohammad Mokhber est nommé en 2007 à la tête du Setad, autre organisme directement liés au Bureau du Guide suprême. Créé en 1989, un mois avant l’accession au pouvoir de l’ayatollah Khamenei, celui-ci est en charge des biens expropriés par la République islamique depuis sa création. Selon une enquête publiée par l’agence de presse Reuters en 2013, le Setad a ainsi bâti une fortune basée sur « la saisie systématique de milliers de propriétés appartenant à des Iraniens ordinaires », en saisissant également des biens appartenant à des membres de minorités religieuses. Le montant d’actifs construit sur ces saisies s’élèverait ainsi à 95 milliards de dollars d’actifs, toujours selon cette enquête. En poste à la tête de l’organisation jusqu’en 2021, M. Mokhber a donc joué un rôle central dans la gestion de ce vol d’Etat.
En 2018, c’est au tour du département du Trésor américain d’imposer des sanctions à son encontre, en raison de ses liens avec le CGRI. Pour autant, cela n’empêche en rien ce dernier de continuer son ascension politique. Lorsque Ebrahim Raïssi remporte les élections présidentielles d’Iran en 2021, celui-ci nomme Mohammad Mokhber au poste de premier vice-président. Celui-ci est donc tenu de conduire les réunions du gouvernement en l’absence du président, ainsi qu’à le remplacer si ce dernier venait à mourir. En 2022, il devient aussi membre du Conseil de discernement, organisme étatique adoubé d’un rôle consultatif auprès du Guide suprême. En tant que premier vice-président, M. Mokhbar aura pour tâche de superviser dans les 50 prochains jours de nouvelles élections, afin d’élire un nouveau président.
(avec agences et médias)