La Cour internationale de justice (CIJ a ordonné, ce vendredi 24 mai, à Israël d’arrêter « immédiatement son offensive militaire, et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah », conformément aux obligations lui incombant au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Selon la CIJ, l’opération actuelle serait susceptible « d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique totale ou partielle ». La CIJ a commencé vendredi sa session pour rendre sa décision concernant la demande de cessez-le-feu de l’Afrique du Sud dans la bande de Gaza.
La CIJ a décidé de conserver les mêmes mesures conservatoires prononcés en janvier et mars dernier malgré la détérioration des conditions humaines à Gaza. « Les craintes soulevées par l’Afrique du sud sont devenues réalité. Israël a demandé à 100 000 personnes de quitter Rafah », a déclaré le tribunal. Dans ce contexte, par 13 voix contre deux, le tribunal a ordonné à Israël, conformément aux obligations lui incombant au titre de la Convention des Nations-Unies sur le génocide, de stopper « immédiatement » son offensive militaire à Rafah.
La plus haute juridiction de l’ONU demande également à Israël de prendre des mesures pour « garantir l’accès sans entrave à la bande de Gaza » afin de permettre aux organes compétents « d’enquêter sur des allégations de génocide ». La Cour, qui siège à La Haye aux Pays-Bas, ordonne enfin que le poste frontière de Rafah soit maintenu ouvert, afin d’acheminer « à grande échelle » les services de base et l’aide humanitaire. La CIJ a également décidé qu’Israël devait soumettre un rapport sur les mesures qu’il prendrait, dans un délai d’un mois à compter de la date de publication de la décision.
L’Afrique du Sud, qui avait saisi la CIJ, avait estimé la semaine dernière que le génocide commis par Israël à Gaza avait atteint un « niveau horrible ». Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réuni plusieurs ministres de son gouvernement lors d’une conférence téléphonique pour « consultation » à propos de cette décision, a annoncé vendredi son bureau. Les ordonnances de la cour sont juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun moyen de les faire respecter.
La cour, saisie à la fin de décembre par l’Afrique du Sud, a ordonné en janvier à Israël de « faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza ». Mais elle n’était pas allée jusqu’à ordonner un cessez-le-feu. Or, pour Pretoria, l’évolution de la situation sur le terrain – notamment à Rafah – nécessitait une nouvelle ordonnance de la CIJ.
Cette décision survient quelques jours après que le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a demandé des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, son ministre de la défense pour des crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza ainsi que trois dirigeants du Hamas.
Le génocide israélien dans la bande de Gaza, qui s’est déclenché depuis 7 mois, a entraîné la mort de plus de 35.800 Palestiniens, essentiellement des enfants et des femmes, selon des données du ministère de la Santé à Gaza.
(avec agences et médias)