Ce recueil de poésie est l’œuvre de Monia Belazi, alias Monia Tuniselle, écrite en langue française et éditée par la maison d’édition SOWED+. Le titre est un nom composé de deux mots « Coquelicot » et « âme », ce qui veut dire « les coquelicots de l’âme ».
Une traduction arabe de ce recueil de poésie vient d’être publiée par Jalal El Mokh, l’écrivain qui a plus d’une corde à son arc : en effet, il est poète, essayiste, nouvelliste et traducteur. Auteur d’environ une cinquantaine de livres jusqu’à présent, le voilà aujourd’hui qui s’intéresse à la traduction de la poésie, tâche difficile, précise et méticuleuse, sachant que le poème n’est pas une écriture ordinaire, mais plutôt un langage sublime du cœur et de l’âme.
En effet, il faut être poète pour entreprendre cette tâche fragile, car la poésie est l’un des styles linguistiques les plus mélodieux que l’homme ait jamais inventés pour caresser les oreilles de l’auditeur. En tant que moyen de communication, la poésie possède un vocabulaire beaucoup plus riche que le langage utilisé pour l’écriture romanesque ! Le défi étant d’évoquer les mêmes émotions exprimées dans la langue d’origine. C’est pourquoi les rimes, les allitérations, les assonances, les images, les métaphores doivent être traduites avec précision dans la langue cible. Il faut rendre justice au poème d’origine pour conquérir un nouveau lectorat pour le nouveau texte.
La traduction de la poésie est considérée comme un art délicat, car elle doit prendre en considération les aspects linguistiques, stylistiques, culturelles et surtout créatives. L’essentiel étant de préserver la singularité de l’œuvre poétique d’origine lors de son adaptation à la langue cible. Dans sa traduction, Jalal El Mokh a su naviguer à travers les nuances du texte d’origine, tout en étant sensible non seulement au sens propre et littéral des mots mais surtout aux différentes connotations que ces mots présentent, qu’elles soient culturelles ou contextuelles.
En traduisant les différents textes, Jalal El Mokh a réussi à conserver l’âme et l’esprit de la langue source, dans la mesure où il respecte tout ce qui est agréable à l’oreille (rimes, musicalité, rythme…) sans jamais perdre l’essentiel du texte à traduire. Cependant, le traducteur a dû effectuer des choix linguistiques propres à la langue arabe, ayant toujours un effet similaire sur le lecteur ou l’auditeur qui aurait déjà lu ou entendu le texte d’origine. De même, les qualités rythmiques du texte d’origine ont été scrupuleusement respectées par le traducteur, moyennant des mots et des expressions qui correspondent agréablement au texte de départ. Quant aux métaphores, qui sont généralement difficiles à traduire, elles sont exprimées par le traducteur suivant des alternatives pertinentes, de façon à évoquer approximativement les images dans l’esprit du lecteur du texte traduit.
Bref, on peut dire qu’il s’agit ici d’une traduction plus ou moins fidèle au texte d’origine, sachant que le traducteur-poète, si sensible au texte poétique, a relevé le défi, en transposant un texte poétique français vers l’arabe, bravant toutes les situations où parfois des mots ou des expressions peuvent difficilement se traduire dans une autre langue. Avec cette traduction, émotions, sensations et exaltation seront garanties, car il s’agit là d’une poésie traduite par un poète qui a sûrement senti ces poèmes en langues française pour pouvoir les traduire en arabe. Pour traduire un poème à sa juste valeur il faut bien avoir un côté, un penchant poétique. Nul doute, le talent poétique de Jalal El Mokh est manifeste dans chaque vers soigneusement traduit. Il a réussi à saisir l’âme de ces poèmes en les rendant accessibles à un nouveau public passionné de poésie arabe.
Hechmi KHALLADI