Un nouveau Parlement européen pour cinq ans. Au-delà de la France, les vingt-six autres pays membres de l’Union européenne ont voté entre jeudi et ce dimanche 9 juin pour élire leurs eurodéputés. Les groupes du Parti populaire européen (droite), Socialistes et démocrates (S&D) et Renew Europe (centristes et libéraux) conservent à eux trois réunis une majorité au Parlement européen, malgré une poussée des forces d’extrême droite, selon des projections publiées ce dimanche par l’institution. Passage en revue des résultats du scrutin à travers l’Europe, lit-on sur le site « le parisien ».
Allemagne
Avec 84 millions d’habitants dont 61 millions d’électeurs, l’Allemagne est le pays qui envoie le plus de députés au Parlement européen, 96 au total. La coalition conservatrice CDU/CSU arrive en tête, avec près de 30 % des voix. Les nationalistes allemands de l’AfD suivent, avec plus de 16 % selon les premiers sondages. Ils ne semblent pas avoir tant pâti des différents scandales qui ont entaché la campagne.
Cette élection marque un revers pour le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, dont le parti SPD n’atteint que la troisième place avec 14 % des voix, selon des sondages en sortie d’urnes réalisés pour ARD et ZDF. Les Écologistes, membres de la coalition gouvernementale, accusent de leur côté un net recul en arrivant seulement en 4e position.
Autriche
Les 20 eurodéputés autrichiens seront en majorité issus du parti d’extrême droite FPÖ, le Parti de la liberté d’Autriche, qui est arrivé en tête avec 27 % des voix et était donné gagnant dans les sondages, devant les conservateurs de l’ÖVP, au coude à coude avec les sociaux-démocrates du SPÖ (23 %), selon des sondages publiés par les principaux médias après la fermeture des bureaux de vote. Les Verts affichent un score de 10,5 %.
Belgique
Complexe mode de scrutin que celui des Belges, même pour une élection européenne. Le pays dispose de 22 sièges à Strasbourg et a choisi de les répartir par minorité linguistique : 13 sièges vont aux néerlandophones, 8 aux francophones et un aux germanophones. En Flandre c’est le Vlaams Belang qui est arrivé en tête, tandis qu’en Wallonie, le Mouvement Réformateur s’impose.
Bulgarie
Grosse journée pour le pays qui borde la mer Noire : en plus d’élire leurs eurodéputés, les Bulgares étaient également appelés aux urnes pour choisir leurs députés nationaux, un an et deux mois après les dernières législatives qui n’ont pas permis l’émergence d’un gouvernement stable.
Le GERB, parti de centre droit, était arrivé vainqueur en avril 2023. Il s’est à nouveau imposé au niveau national et européen ce dimanche, avec 25 % des voix selon des sondages de sortie d’urne pour les élections européennes. La coalition centriste PP-DB et les ultranationalistes complètent le podium, tandis que les centristes et la gauche parviennent à décrocher chacun au moins deux sièges.
Chypre
Les sondages donnaient la gauche et la droite au coude à coude, c’est finalement la droite de DISY qui l’a emporté avec 24,4 % des voix. L’AKEL (gauche) vient en deuxième position avec 23,7 %. Les sièges restants sur les six à pourvoir sont partagés entre sociaux-démocrates et les indépendants.
Croatie
Le parti conservateur HDZ est arrivé largement en tête du scrutin avec 33,7 % des suffrages, surfant sur son succès obtenu en avril lors des élections législatives croates. Il est suivi par les sociaux-démocrates (27,8 %), et un parti d’extrême droite nationaliste.
Danemark
À gauche toute ! Les électeurs danois ont placé en tête les socialistes avec 18,4 % des voix, secondés par les sociaux-démocrates (15,4 %) puis par les Verts qui ont réuni 13,9 % des suffrages. Ils récoltent 3 sièges chacun sur les 15 mis en jeu lors de cette élection. Le reste des partis, de la gauche radicale aux ultranationalistes, se partagent les sept sièges restants.
Espagne
En pleine tempête en raison du scandale Pedro Sanchez, dont la femme est accusée de corruption, le Parti socialiste a résisté (30 %) mais finit tout de même dernière le Parti populaire (34 %) représentant de la droite, selon les résultats définitifs. Les deux partis majoritaires vont se partager 42 des 61 sièges en jeu, tandis que Vox, parti d’extrême droite allié du RN, atteint les 9,6 % et est en nette progression par rapport à 2019. Le mouvement de gauche radicale Podemos, pour sa part, dégringole à un peu plus de 4 %, derrière les Écologistes (6 %). Surprise de ce scrutin, « La fête est finie » (Se acabo la fiesta), une nouvelle formation classée à l’extrême droite et fondée par un youtubeur controversé, a totalisé environ 4,5 % des voix et va faire son entrée au Parlement européen avec 3 députés.
Estonie
Il y avait sept postes d’eurodéputés à pouvoir dans le pays balte, et c’est le parti chrétien-démocrate Isamaa qui est arrivé en tête avec 21,6 % des voix selon des résultats provisoires, secondé par les sociaux-démocrates (19,30 %), ils héritent chacun de deux sièges. Les libéraux et les centristes ont 17,9 % des votes et le parti d’extrême droite EKRE arrive quatrième avec 14,9 %.
Finlande
Comme lors des législatives de 2023, c’est le Parti de la coalition nationale (droite) qui l’a emporté en Finlande en réunissant 24,8 % des suffrages. L’Alliance de gauche arrive deuxième, avec 17,30 %. Suivent les sociaux-démocrates (14,9 %), les centristes (11,8 %) puis les Verts (11,3 %).
Grèce
Pas de surprise en Grèce, la droite est arrivée largement en tête, puisque Nea Dimokratia a récolté entre 28 et 32 % des voix, selon des sondages à la sortie des urnes publiés par la chaîne ERT. La gauche place deux partis sur le podium, la gauche radicale Syriza (15,2 % à 18,2 % des voix) et les sociaux-démocrates du Pasok (entre 10,9 % et 13,9 %), dans un pays qui s’est relancé via le tourisme et en souffre aujourd’hui.
Hongrie
Le parti du Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, qui avait qualifié les élections européennes d’« historiques », est arrivé dimanche en tête mais a enregistré un net recul, selon des résultats partiels publiés dans la soirée. Son parti Fidesz a recueilli plus de 43 % des voix, sur la base de plus de la moitié des bulletins dépouillés, à comparer à un résultat de 52,5 % au précédent scrutin de 2019.
Italie
Un scrutin clé pour la Première ministre Giorgia Meloni. La présidente de Fratelli d’Italia était également tête de liste de son parti d’extrême droite et l’a emporté aisément ce dimanche avec un score compris entre 26 et 30 % des voix. Juste derrière, la gauche se repositionne solidement avec 21 à 25 % des voix pour le Parti démocrate, tandis que le Mouvement 5 étoiles – formation antisystème – limite la casse (10-14 %).
La grande perdante du scrutin reste la Ligue du nationaliste Matteo Salvini : largement en tête avec 34,9 % des suffrages en 2019, elle n’obtient cette fois qu’entre 8 et 10 % des votes des électeurs, tout comme l’historique parti Forza Italia fondé par Silvio Berlusconi (entre 8,5 et 10,5 %).
Lettonie
La Nouvelle Union, une association de partis de centre-droit, s’est imposée (25,07 %) face à sa rivale d’extrême droite de L’Alliance nationale, qui a recueilli 22,08 % des suffrages. Seuls neuf sièges étaient en jeu dans le pays.
Lituanie
Onze eurodéputés devaient être élus. Le parti conservateur « Union de la patrie » arrive en tête (21,33 %), talonné par le Parti social-démocrate lituanien, avec 18,01 % des suffrages.
Luxembourg
Les Luxembourgeois ont confirmé dans les urnes la domination du CSV, le parti chrétien-démocrate, qui a obtenu 22,91 % des voix. Le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois et le Parti démocrate, situé à droite de l’échiquier politique, complètent le contingent luxembourgeois de six eurodéputés qui se rendra à Strasbourg et Bruxelles.
Malte
Le plus petit pays de l’Union européenne n’élit que six députés, comme le Luxembourg et Chypre. C’est le Parti travailliste qui s’est imposé en récoltant 44,67 % des voix des électeurs, selon les premières estimations, suivi du Parti nationaliste (42,52 %) dans une domination largement bipartite. Les deux partis obtiennent chacun trois sièges.
Pays-Bas
Alors qu’un accord de coalition vient à peine d’être trouvé six mois après les législatives qui ont vu le succès de Geert Wilders et du Parti de la Liberté, les Néerlandais n’ont pas porté en tête le parti d’extrême droite, qui termine deuxième (17,70 %), selon les premières projections. C’est en effet l’alliance formée par les travaillistes et les Verts qui est arrivée en tête dans le pays avec 21,60 % des voix. La droite arrive troisième (11,60 %) dans le pays qui avait donné jeudi le coup d’envoi du scrutin à l’échelle européenne.
Pologne
Le Premier ministre libéral Donald Tusk et sa Coalition civique confirment leur popularité en arrivant en tête du scrutin (38,20 %), huit mois après les législatives qui les ont portés au pouvoir. Ils devancent la Droite unie (33,90 %), regroupement du parti conservateur Droit et Justice qui a longtemps gouverné le pays, et d’un parti d’extrême droite.
Portugal
Avec 31,40 %, le Parti socialiste arrive en tête d’un cheveu, devant l’Alliance démocratique, qui groupe les trois principaux partis conservateurs du pays, avec 30,60 % des voix. Ces deux formations empochent les deux tiers des 21 sièges en jeu, et sont rejointes par des eurodéputés venus notamment de « Chega ! », parti populiste allié au RN.
Roumanie
Transpartisane, la Coalition nationale qui regroupe les deux principaux partis de gauche et de droite dans le pays obtient une très large majorité avec 54 % des suffrages. Cependant les élus ne siégeront pas au sein du même groupe au Parlement européen, et rejoindront selon leurs convictions le PPE (droite, centre droit) ou le S&D (gauche). Suivent l’Alliance pour l’Union des Roumains, parti populiste de droite, ainsi que l’Alliance de la droite unifiée.
Slovaquie
Le scrutin était attendu, quatre semaines après l’attaque contre le Premier ministre Robert Fico, blessé par balle en marge d’une visite le 15 mai. Le parti libéral d’opposition a créé la surprise en remportant les élections européennes face à la formation Smer-SD du chef du gouvernement, aux penchants pro-Poutine. Dans un message publié sur son site Facebook, ce parti a présenté ses « félicitations au vainqueur de l’élection, Progresivne Slovensko » (Slovaquie progressiste), et aux membres du Parlement nouvellement élus.
Slovénie
Le vote slovène a vu plusieurs partis atteindre des scores similaires autour des 10 %. Dans ce pays qui ne compte que 9 eurodéputés, cela éparpille la répartition des sièges avec le parti conservateur en tête (31,8 %), suivis du Parti de la liberté, un parti vert social-libéral (21,6 %). Se joignent à la délégation parlementaire slovène les Verts, les chrétiens-démocrates et un autre parti conservateur.
Suède
Comme leurs voisins danois, les Suédois ont placé la gauche sociale-démocrate en tête du scrutin avec 23,10 % des suffrages. Suivent les « Modérés » de droite, avec 17,30 % des voix. Les Démocrates de Suède (13,90 %) terminent quant à eux à la quatrième place, derrière les écologistes (15,70 %).
République tchèque
Un pirate au Parlement européen ! Les Tchèques ont porté en 6e position du scrutin le Parti pirate avec 6,2 % des suffrages, qui emportent donc un siège à Strasbourg sur les 21 dont bénéficie le pays. En tête, les électeurs ont plébiscité en masse le parti de centre droit Ano (26,1 %), suivi de la coalition des chrétiens-démocrates (22,2 %). L’extrême droite obtient également des sièges, tous comme la gauche radicale.
(avec agences et médias))