Une nouvelle étude publiée récemment par l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) en Tunisie, intitulée « État du marché de l’emploi international et identification des opportunités pour les demandeurs d’emploi tunisiens », a révélé que la migration tunisienne actuelle se compose de plus en plus de profils ayant suivi des études avancées renforçant la crainte de la fuite des cerveaux.
En effet, le pourcentage de migrants tunisiens actuels ayant un niveau d’éducation supérieur et ayant quitté le pays avant l’année 2000 s’élève à 17,3 %, tandis que pour les migrants actuels ayant un niveau d’éducation supérieur qui ont quitté le pays entre 2010 et 2020, ce chiffre atteint 47,4 %.
Les raisons principales de départ pour les migrants actuels sont, en premier lieu le travail (45 %), le regroupement familial (32 %) et les études (11,5 %). Bien que les motifs de départ diffèrent selon la destination, la recherche d’emploi constitue la principale motivation. Néanmoins, pour ce qui est de la migration vers l’Europe, le regroupement familial reste la première raison de départ.
Selon les résultats de cette enquête, il ressort que 67 % des répondants envisagent de quitter le pays pour chercher un emploi. Parmi eux, 34 % prévoient de partir via des parcours individuels, tandis que 32 % souhaitent le faire à travers l’Agence nationale de l’emploi et du travail indépendant (ANETI).
Concernant ceux qui ont l’intention de quitter le pays, il apparaît que 38 % ont déjà entamé le processus de migration et sont prêts à partir, tandis que 30 % sont encore en phase de recherche sans savoir concrètement planifié leur départ pour le moment. Il est essentiel de souligner que 17 % des répondants ont exprimé être confrontés à plusieurs obstacles, tels que les frais des agences privées
non agréées et le manque d’expérience et de compétences demandées à l’étranger.
Interrogés sur le type de soutien qu’ils aimeraient recevoir pour faciliter le processus de migration,53 % des répondants ont mentionné la nécessité de fournir des formations et des stages aux nouveaux diplômés, afin qu’ils acquièrent une expérience qui les aiderait à trouver des emplois appropriés à l’étranger.
En ce qui concerne leurs préférences en matière d’emploi, seuls 3,8 % des répondants seraient prêts à accepter n’importe quel emploi en Tunisie, quelles que soient les conditions, alors que ce pourcentage s’élève à 11,3 % s’il s’agit d’un emploi à l’étranger.
En outre, l’étude a révélé l’existence de sept pays de destination à fort potentiel pour les migrants tunisiens, à savoir l’Allemagne, la Belgique, le Canada, les Émirats arabes unis, la France, l’Italie et le Qatar.
Selon l’OIM, l’objectif principal de cette étude est de fournir, d’une part, une analyse initiale de l’état du marché de l’emploi international, en examinant ses caractéristiques, ses enjeux et ses tendances et, d’autre part, d’identifier les opportunités pour les demandeurs d’emploi tunisiens dont les qualifications n’ont pas trouvé de débouchés en Tunisie.
L’étude s’inscrit dans le cadre du programme « Pour une approche globale de la gouvernance des migrations et de la mobilité de main-d’œuvre dans les pays de l’Afrique du Nord » (THAMM), œuvrant à la facilitation des voies de migration régulières.
D’après l’étude, la dernière vague migratoire a eu lieu à la suite de la pandémie du COVID-19 et la crise socio-économique du pays. Cette tendance ne cesse d’évoluer avec une personne sur cinq de la population non-migrante tunisienne, âgée de 15 ans et plus, déclarant avoir l’intention de migrer pour vivre, travailler et étudier à l’étranger.
Durant les cinq dernières années, l’Amérique du Nord, le Grand Maghreb et le Moyen-Orient, ont également capté l’intérêt des migrants tunisiens et le nombre de ces derniers a augmenté progressivement avec une hausse continue de la migration des femmes atteignant actuellement 31 % du total des migrants. Cette hausse de la migration des femmes touche particulièrement les femmes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur.
La répartition spatiale des migrants actuels selon leur région de résidence montre que plus des trois quarts des migrants actuels sont originaires de trois régions : le Nord-Est (26,4 %), le Grand Tunis (26,2 %) et le Centre-Est (24,4 %).
La majorité des migrants tunisiens actuels sont installés en Europe, avec trois pays accueillant les trois quarts des migrants : la France (52,5 %), l’Italie (14,1 %) et l’Allemagne (8,2 %). L’Amérique du Nord attire quant à elle 4 % de ces migrants (2,5 % pour le Canada et 1,5 % pour les États-Unis d’Amérique).
Il est à noter que 11,4 % des travailleurs tunisiens résidant à l’étranger sont établis dans les pays arabes.
Afin d’améliorer l’insertion des Tunisiens sur les marchés d’emploi internationaux, l’étude recommande l’élaboration d’une stratégie de développement qui favorise le développement des compétences et améliore l’employabilité internationale des travailleurs migrants. Il s’agit également de mettre en place des systèmes d’information sur le marché du travail et de renforcer la collaboration entre l’industrie et les universités outre la création de plateformes en ligne pour entrer en contact avec les potentiels travailleurs migrants qualifiés et l’élaboration de politiques et programmes pour promouvoir le développement des compétences et de l’entrepreneuriat.