Le Festival international de musique symphonique d’El Jem a ouvert le bal samedi 13 juillet avec l’Opéra « Carmen » de Georges Bizet. Un total de 130 à 140 artistes, entre musiciens, danseurs et solistes, ont donné pendant une durée de 2h30mn un spectacle de musique classique, de chant, danse et art dramatique.
Carmen de Geogres Bizet, un opéra en quatre actes, a marqué les esprits à El Jem en réunissant sur scène plusieurs artistes, dont les danseurs du Ballet de l’Opéra, l’Orchestre symphonique tunisien, et le chœur de l’Opéra de Tunis, accompagnés de 11 chanteurs solistes. Sous la direction artistique de Sofiane Abou Lagraa, cette adaptation magistrale de l’œuvre mythique de Prosper Mérimée, sur une musique envoûtante de Georges Bizet, a attiré le public et a donné naissance à une expérience artistique exceptionnelle.
Le tout avec des décors et costumes d’époque qui, selon les organisateurs, se marient finement et apportent une esthétique subtile et réaliste à cet opéra dirigé par le maestro Fadi Ben Othman, Ilyes Blagui pour la direction de chœur, et Haythem Hadhiri en tant que responsable de l’atelier lyrique et scénique, ainsi que le régisseur général de l’orchestre Sadak Hammami. La régie son a été assurée par Aymen Boughdiri et Taha Ghozlene, tandis que la régie lumière était sous la responsabilité de Naceur Keraani, assisté par Oussema Jouini et Aymen Bouali pour les poursuites. Cette adaptation de “Carmen” a bénéficié de partenariats importants avec l’Institut français de Tunisie et l’Institut culturel italien de Tunis, renforçant ainsi les liens culturels entre la Tunisie, la France et l’Italie.
Amour interdit
Carmen a fait découvrir l’univers enflammé de l’amour interdit et des passions déchaînées. Le spectacle a attiré un public notable qui a exprimé son admiration pour l’histoire et ses scènes mêlant théâtre, danse et musique. Cette œuvre en quatre actes de Georges Bizet, d’après la nouvelle de Prosper Mérimée, a beau avoir deux cents ans, elle garde une dimension contemporaine ! On s’identifie toujours à cette histoire. Carmen, c’est l’opéra le plus joué au monde, mais c’est toujours un challenge de l’aborder, de le réaborder. Revisiter l’opéra Carmen est toujours excitant, et c’est aussi un plaisir. Les artistes tunisiens nous ont donné une envie de rêver cette histoire, d’en faire un conte de l’amour et de la liberté, souligne Jihene Turki, attachée de presse du festival.
Les artistes tunisiens nous ont donné une envie de rêver cette histoire, d’en faire un conte de l’amour et de la liberté, souligne Jihene Turki, attachée de presse du festival. Histoire d’amour très accrochante pleine de passion, d’émotions mais aussi de destruction. L’orchestre dirigé par Fadi Ben Othman, un chœur sous la houlette d’Ilyes Blagui et un atelier lyrique coaché par Haythem Hdhiri, le résultat ne peut être que magique. Et quand les rôles sont également interprétés par des stars dans ce registre particulier de la musique et du chant comme Hassen Doss dans le rôle de Don José, c’est bien lui qui capte tous les regards à travers les différents rôles qu’il endosse successivement, alliant la théâtralité à la virtuosité et au charisme, avec son visage d’ange et son insolente virtuosité.
Amour et jalousie
Son solo de personnage narcissique, tout comme son duo avec la talentueuse Carmen, ont électrisé le théâtre. Le public avait été frappé par sa capacité à passer en une seconde de la douceur la plus tendre à la colère la plus violente. Cette aptitude trouve ici pleinement à s’exercer. Il évolue magnifiquement de l’amoureux naïf du début aux nuances subtiles vers le criminel fou de jalousie du dernier acte avec une scène finale aux aigus tranchants et à l’intensité sidérante. Amina Baklouti dans le rôle de Micaëla était étonnante grâce à un timbre plutôt corsé et à sa remarquable homogénéité des registres. La grande triomphatrice de la soirée est Maram Bouhlel, qui n’a plus à prouver qu’elle est aujourd’hui sans rivale tunisienne dans ce rôle.
Haythem Hdhiri dans le rôle d’Escamillo était brillant. Amant de Carmen au caractère fougueux et courageux, c’est un personnage éclatant et acclamé par la foule. Dès l’acte 2, il est séduit par Carmen, qu’il finit par séduire avant l’acte 4, après le départ de Don José. Sa voix, agréable dans l’aigu, avec de résonances et de puissance dans le grave n’a laissé personne indifférent.. Mais le rôle de Zuniga, chanté par Yahya Jaziri prend beaucoup de relief, grâce notamment à une présence physique imposante et un timbre puissant. Dans une marche militaire avec les instruments de la fanfare, le “chœur des gamins” imite les dragons (soldats à chevaux) et les tambours de Séville, devant le poste de garde du brigadier Don José et près de la manufacture de tabac où travaille Carmen. Avec force et émotion, une vingtaine de choristes ont interprété des extraits de « Carmen », de Bizet. Un vrai régal pour les spectateurs venus en nombre.
Kamel BOUAOUINA
Photos Berrazagua