Par Mondher AFI
Le chef de l’État, Kaïs Saïed, s’est rendu à Hammam Lif, dans le gouvernorat de Ben Arous, le vendredi 12 juillet 2024, pour constater la situation environnementale catastrophique causée par le manque d’entretien et le déversement des eaux usées dans la mer, ainsi que par l’aménagement urbain inadéquat qui n’a pas respecté les normes de sécurité de base. Il a également souligné la dégradation des monuments historiques, devenus des bâtiments délabrés. Le chef de l’État a appelé à une campagne de nettoyage urgente en attendant des solutions radicales pour remédier à de telles situations, non seulement à Hammam Lif, mais aussi à l’échelle nationale, en tenant responsables ceux qui ont contribué à ces actes assimilables à des crimes.
Malgré l’insistance du législateur à consacrer le droit à un environnement sain en Tunisie, à travers l’État garantissant le droit à un environnement sain et équilibré et contribuant à la sécurité climatique, en fournissant les moyens nécessaires pour éliminer la pollution, la situation environnementale dans la plupart des gouvernorats est constamment mauvaise. La Tunisie est confrontée à une menace environnementale tridimensionnelle : la perte de biodiversité due à la chasse illégale, la propagation des incendies criminels dans les forêts et le dérèglement climatique dû au changement climatique.
Cependant, malgré la propagation de diverses formes de pollution, les politiques et choix environnementaux antérieurs étaient erronés, ne prenaient pas en compte les droits fondamentaux des citoyens et contribuaient à la détérioration continue de l’environnement.
Cadre institutionnel défaillant dans la gestion des déchets
La gestion adéquate des déchets urbains et le contrôle des ordures constituent un défi majeur pour les sociétés modernes. En Tunisie, la politique de gestion des déchets n’a pas suivi la bonne direction depuis des décennies, l’État se contentant souvent de tentatives de calmer la colère sociale avec des solutions temporaires, comme déplacer les décharges sauvages d’un endroit à un autre sans trouver de solutions radicales.
La gestion des déchets en Tunisie est régie par un arsenal juridique qui reflète l’intérêt gouvernemental à établir le droit à un environnement sain. Cependant, la gestion institutionnelle des problèmes environnementaux et des déchets reste insuffisante en raison de l’incapacité à élaborer des stratégies pratiques. Les plans de valorisation des déchets et de recyclage sont absents, la surveillance des décharges municipales est faible et les opérations de brûlage illégal sont répandues.
Il existe en Tunisie 13 décharges contrôlées, dont 4 ont été fermées en raison des protestations sociales. Dans d’autres régions, les déchets sont jetés de manière anarchique à proximité des zones résidentielles, causant des dommages environnementaux et sanitaires importants. Améliorer la situation environnementale en Tunisie nécessite la mise en place de stratégies claires, la fourniture d’incitations aux entreprises industrielles pour réduire la production de déchets nocifs, et le renforcement de la surveillance des décharges municipales pour limiter la pollution.
Pour faire face aux défis environnementaux, la Tunisie doit adopter des stratégies durables qui englobent plusieurs volets. D’abord, une éducation environnementale accrue pour sensibiliser les citoyens à l’importance de préserver leur environnement. Ensuite, l’investissement dans des infrastructures vertes et des technologies propres pour réduire l’empreinte écologique.
Rôle de la société civile
La société civile joue un rôle vital dans la promotion de la protection de l’environnement. Les organisations non gouvernementales et les associations locales peuvent servir de catalyseurs pour des initiatives écologiques et des campagnes de sensibilisation, en incitant à une participation communautaire active. Vers une politique environnementale intégrée et inclusive.
Pour une politique environnementale réussie, il est impératif d’adopter une approche intégrée qui combine les efforts gouvernementaux, l’engagement du secteur privé et la participation active de la société civile. Une telle approche doit être centrée sur la prévention, la gestion durable et l’innovation technologique.
Le cadre législatif doit être renforcé pour garantir une application stricte des lois environnementales. Cela inclut l’amélioration de la réglementation sur la gestion des déchets, la protection des zones naturelles et la réduction des émissions polluantes. Les institutions responsables de la surveillance environnementale doivent être dotées de ressources suffisantes et de pouvoirs accrus pour faire respecter la législation.
Le Président Kaïs Saïed a exprimé la nécessité d’adopter le concept de développement durable dans la stratégie de développement de la Tunisie. Cette approche intégrée vise à promouvoir un équilibre entre les dimensions économiques, environnementales et sociales. En renforçant la gestion durable des ressources naturelles et en encourageant les activités économiques respectueuses de l’environnement, la Tunisie aspire à améliorer le cadre de vie de ses citoyens tout en protégeant son patrimoine naturel.
La notion de développement durable, telle que préconisée par le président Saïed, repose sur une approche systémique qui reconnaît l’interdépendance des différents aspects du développement. Cette vision stratégique implique de considérer les impacts environnementaux dans chaque décision économique et sociale, afin de garantir que le progrès d’une dimension n’entraîne pas la régression des autres. En intégrant cette approche, la Tunisie cherche à créer un modèle de développement résilient et inclusif, capable de répondre aux besoins actuels sans compromettre ceux des générations futures.
En pratique, cela se traduit par des politiques et des programmes qui favorisent l’utilisation rationnelle des ressources, la réduction des déchets, la promotion des énergies renouvelables et la conservation de la biodiversité. Les initiatives locales, soutenues par des financements et des cadres réglementaires adéquats, jouent un rôle crucial dans cette transition vers la durabilité. En outre, la sensibilisation et l’éducation des citoyens sur les enjeux environnementaux sont essentielles pour instaurer une culture de responsabilité écologique au sein de la société tunisienne.
Le chemin vers un développement durable en Tunisie est semé d’embûches, mais il est également porteur d’opportunités significatives. La coopération entre les différents acteurs – des citoyens aux décideurs, en passant par les organisations de la société civile et les entreprises – est indispensable pour instaurer des changements durables. La mobilisation collective et l’engagement envers une vision commune de durabilité peuvent transformer les défis environnementaux actuels en moteurs de développement et d’innovation.
L’investissement dans les technologies vertes est essentiel pour moderniser les infrastructures existantes et réduire l’empreinte carbone. Cela comprend le développement de systèmes de gestion des déchets plus efficaces, l’adoption de sources d’énergie renouvelable et la promotion de pratiques agricoles durables.
Des incitations fiscales et financières peuvent encourager les entreprises à adopter des technologies respectueuses de l’environnement.