Nous sommes encore au tout début de la nouvelle échéance électorale pour la Présidentielle de 2024, mais la liste des prétendants commence déjà à s’élargir et les programmes des uns et des autres discrètement fuiter. Les citoyens vont découvrir, de jour en jour, les promesses de ceux qui désirent les gouverner et doivent faire preuve de pertinence et de vigilance face à quelques promesses qui tiennent plutôt du mystère pour ne pas dire du mensonge et de la tromperie.
Il suffit d’évoquer ce qui s’est passé en 2019 pour se préparer à ce festival qui va bientôt démarrer. Il dépendra, en grande partie, des personnalités en compétition, de leur compétence et de leur capacité d’assumer une aussi grande responsabilité au palais de Carthage.
D’ailleurs, les premières acrobaties commencent déjà à s’afficher sur les réseaux sociaux. Car, il y en a qui veut gagner du temps dès à présent, il y en a ceux qui veulent se faire connaître et il vaut mieux anticiper pour avoir de la place, et il y en a ceux qui vont cacher leur jeu jusqu’au démarrage officiel de la campagne électorale.
Les citoyens, rompus à présent à tout ce qui se passe pendant ces campagnes, savent désormais à quoi s’en tenir car ils avaient découvert, à travers les expériences passées, les dérapages et les mensonges de ceux qui leur promettaient monts et merveilles.
Un désolant spectacle de promesses
On se rappelle la promesse d’un certain Hechmi Hamdi de construire une autoroute entre la Tunisie et l’Italie pour mettre fin à la souffrance de ceux qui y vont dans des embarcations destinées à couler en pleine mer. Ce même Hamdi avait également promis de transférer la capitale de la Tunisie à… Kairouan. Sans commentaire…
Pour sa part, Nabil Karoui avait promis d’éradiquer la pauvreté et de lutter contre les difficultés sociales dont souffre le citoyen tunisien. La suite de son parcours, on en a une bonne idée avec ses démêlées avec la justice pour corruption.
Mehdi Jomaâ avait promis d’ouvrir les portes pour un million de jeunes promoteurs, à travers l’encouragement de l’initiative privée. En Tunisie, peut-on le faire, rien que pour un millier de promoteurs ?
Dans un autre registre, Abdelfattah Mourou promettait de consolider le processus de l’Etat démocratique, or, il appartient à un parti politique issu des Frères musulmans qui considèrent la démocratie comme le pire ennemi de leur idéologie.
Hamma Hammami, lui aussi présent sur l liste de 2019, avait promis d’interdire la présence de bases militaires étrangères sur le territoire tunisien, comme si notre pays en contenait déjà alors qu’à Carthage, on a toujours dit non à une telle présence étrangère.
L’autre candidat nahdhaoui de 2019, Hamadi Jebali, s’est engagé, dans son registre de promesses, à renforcer les capacités de l’armée nationale “dans la limite des moyens disponibles”. Or, nous savons tous ce que l’histoire retient, durant le règne de la Troïka, comme crimes odieux qui ont coûté la vie à des dizaines de nos vaillants soldats.
Lotfi Mraihi, le secrétaire général de l’Union populaire républicaine (UPR), qui compte se présenter à la Présidentielle de 2024, était déjà candidat à celle de 2019. Et il avait promis, il y a cinq ans, de juger ceux qui ont spolié l’argent et les richesses du pays. Sans entrer dans les détails des enquêtes menées par la justice dans sa bataille pour lutter contre la corruption, d’autant plus que l’accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire, Mraihi est actuellement accusé de…blanchiment d’argent !
Pour en finir avec ces promesses qui frisent, parfois, le ridicule, faut-il rappeler qu’un certain Slim Riahi, le fondateur et président de l’Union patriotique libre (UPR) avait promis de faire de la Tunisie le Singapour de l’Afrique. Il avait promis de faire du Club Africain, qu’il a présidé pour quelques années, un Real Madrid ou un AC Milan, et nous savons comment il a quitté le bateau laissant le club de Bab Jedid couler.
Pour un minimum de crédibilité
C’est dire que la prochaine période va nous permettre de découvrir tout un lot de promesses. C’est la loi des élections et il en est ainsi dans toutes les démocraties à travers le monde. Les candidats tentent de proposer plus que les autres, mais il y a des limites à ne pas dépasser pour garder un minimum de crédibilité auprès des électeurs. Il ne suffit pas d’être un bon orateur, ou d’avoir les plus hauts diplômes des grandes écoles internationales pour prétendre être le meilleur. Le citoyen pourrait être séduit par certaines promesses et des démarches qui vont dans le même sens que ses propres convictions, mais il finit toujours par découvrir les dérapages et les mensonges pour en prendre considération lors des exercices électoraux suivants.
Citoyens, vous allez très bientôt plonger dans un océan de promesses et vous aurez à les juger et à mesurer le degré de crédibilité des uns et des autres des candidats. Les Tunisiens, bien qu’ils aient vécu de longues décennies sous un régime autocrate, ont pu flirter avec la démocratie depuis 2011 malgré quelques débordements et ils ne sont plus dupes. Les prétendants à la présidence en sont avertis.
Kamel ZAIEM