Alors que selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), les mouvements de contestation sont en net recul, le président du Conseil national des régions et des districts (CNRD), Imed Derbali a déclaré lors de sa rencontre avec le président de la République Kais Saied que « cette chambre va permettre aux exclus et aux marginalisés de participer à la prise de décision politique ». Est-ce à dire que les contestations qui font partie des revendications des citoyens en tous domaines seront désormais transmises par le biais dudit conseil ?
En fait les mouvements de contestation des citoyens jouent un rôle crucial dans la dynamique politique et sociale d’un pays et c’est aussi bien l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) que le CNRD qui sont souvent au centre de ces mouvements, devant répondre aux revendications populaires et légiférer en conséquence.
Ces deux chambres parlementaires vont servir de lien entre le gouvernement et la population, relayant les préoccupations citoyennes au pouvoir exécutif. A plus forte raison, en ce qui concerne le CNRD qui transmettra les contestations et les revendications des régions les plus déshéritées et les plus marginalisées. Car comme l’a déclaré, Romdhane Ben Amor, porte-parole du (FTDES), dans son intervention du mercredi dernier sur les ondes de Mosaïque FM « Les gens sont convaincus que la protestation n’est plus capable d’apporter du changement ». Il a précisé que : « le nombre de mouvements de protestation est en recul depuis le quatrième trimestre de l’année 2023 pour atteindre 600 mouvements dont 86,5% de mouvements organisés, contre 680 mouvements de protestation au cours du troisième trimestre de 2023 ». Il y a en effet, une baisse continue des contestations et protestations, bien le gouvernorat de Gafsa ait conservé en l’occurrence la première place en enregistrant à chaque fois plus de 100 mouvements de contestations et ce, au vu des problèmes relatifs à la Compagnie de Phosphate à Gafsa et à la production des phosphates. Les protestations concernent en général des revendications financières ou professionnelles.
Les manifestations et leur impact sur les députés
En fait, il y devrait y avoir une influence des mouvements de contestation sur les députés des deux chambres. Les manifestations de grande ampleur peuvent mettre une pression significative sur les députés pour qu’ils agissent rapidement et répondent aux revendications. Ils peuvent inspirer de nouvelles propositions de loi visant à répondre aux problématiques soulevées. Sous la pression des citoyens, la Chambre des députés ainsi que la chambre du CNRD peuvent initier ou accélérer des réformes législatives importantes. Ce qui n’a été malheureusement pas le cas durant la dernière décennie au cours de laquelle, les députés se sont préoccupés plutôt de questions d’intérêts privés au détriment de ceux des citoyens. Les mouvements de contestations qu’il y a eu à cette époque, ont tourné aux troubles voire aux crimes politiques.
Baisse des protestations et déception chez les citoyens
Selon Romdhane Ben Amor la baisse des protestations est due aux promesses des responsables faites pour temporiser les choses, mais qui n’ont jamais été tenues. C’est pour cette raison que s’est créé à un moment donné chez les citoyens, une sorte de déception, teintée d’inquiétudes face aux malversations et à la corruption qui à un moment donné ont atteint toutes les institutions de l’Etat. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, le président de la République Kaïs Saïed a livré une bataille acharnée contre la corruption et les infiltrés dans l’administration publique.
C’est donc à travers le CNRD, que les députés seront les porte-voix de tous les marginalisés et exclus. Les protestations de ces derniers sont rapportées par les députés de l’ARP également. Les deux chambres coordonneront leurs actions dans le sens des revendications des citoyens à travers toute la République. Le rôle des députés du CNRD est plus probant étant donné qu’il a, en vertu de la constitution un rôle de contrôle concernant les finances publiques et le budget de l’Etat.
Les contestations et les revendications seront désormais entendues
Les contestations des citoyens dans les régions marginalisées et exclues seront désormais entendues. Ce qui les fera augmenter avec la certitude des citoyens que leurs revendications trouveront échos chez les responsables. C’est en tout cas ce que déclaré le président dudit conseil qui a mis en exergue le rôle important que jouera le CNRD afin de réaliser les aspirations et les espoirs en déclarant que « le Conseil œuvrera à la rupture avec toutes les formes d’exclusion et de discrimination ». En fait, les contestations servent de catalyseurs pour le changement, incitant les députés à agir et à légiférer en faveur des revendications populaires. De leur côté, les députés jouent un rôle crucial en canalisant ces revendications dans des cadres législatifs et en assurant une réponse institutionnelle aux demandes citoyennes. Cette interaction est essentielle pour la vitalité démocratique et la réactivité du système politique face aux besoins et aux aspirations de la population. C’est donc avec l’existence des deux chambres actuelles que les mouvements de contestations vont trouver plus d’échos. Bientôt, un décret présidentiel règlementera les relations entre les deux chambres. Ce qui consolidera davantage le mouvement des contestations qui seront rapportées et appuyées par les deux chambres tenues de travailler de concert dans l’intérêt général.
Ahmed NEMLAGHI