Partout dans le monde, l’abattage massif a démontré son inefficacité absolue et il est d’ailleurs déconseillé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pourtant des dizaines de milliers de chiens sont abattus chaque année. Chose qui révolte diverses associations de protection des animaux, qui font un effort fou de sensibilisation contre ce crime.
Il est vrai que depuis la nuit des temps, les chiens et l’Homme font d’excellents amis. Une amitié qui se brise quand il s’agit des chiens errants qui représentent souvent une menace et ne bénéficiant d’aucun suivi sanitaire. Mais peut-on considérer l’abattage comme solution ? « Non », estime Monia Mellah Kchouk vice-présidente de l’association Ezzahra Pets Lovers qui a organisé avant hier au parc Zahrour à Ezzahra une grande manifestation sous le slogan «Chiens Errants… l’abattage n’est pas la Solution». Objectif affiché : sensibiliser le public et promouvoir la stérilisation comme alternative responsable.
Solution inhumaine et barbare
Au menu des démonstrations par des maîtres-chiens expérimentés, des interventions de spécialistes sur les bienfaits de la stérilisation, des animations ludiques pour les enfants et des moments d’échange avec les membres de l’association. L’occasion pour le public de s’informer, de comprendre les enjeux de la cause animale et de s’engager aux côtés d’Ezzahra Pets Lovers. L’abattage est une solution inhumaine et barbare. Il ne respecte pas les libertés individuelles des animaux . Cette opération est inefficace pour maîtriser la population canine. C’est une perte de temps, d’argent et d’ efforts .Il est temps que ça cesse une fois pour toute, les citoyens en ont marre de ces massacres », explique t-elle.
Pour prévenir la surpopulation de chiens, l’Association Ezzahra appuie les méthodes humaines et efficaces comme les cliniques de vaccination et de stérilisation de masse. « La stérilisation est une solution à long terme, sans cruauté, qui a prouvé son efficacité dans le monde entier pour contrôler les populations canines. L’opération ne dépasse pas les 200 dinars par animal et ne manque pas d’avantages. Les animaux stérilisés deviennent plus dociles et moins agressifs tout en agissant comme gardiens chassant les autres animaux intrus. « Capturer, vacciner, stériliser, déparasiter et relâcher dans le territoire d’origine est la meilleure démarche scientifique, éthique et durable qui préserve doublement la santé humaine et animale », affirme la vice- présidente de l’association.
En attendant la construction de refuges et des locaux de vaccination
Les municipalités notamment celles de Tunis et de l’Ariana ont intensifié l’approche TNR (pour Trap Neuter Release/attraper, stériliser ou castrer, relâcher) surtout que le grondement des voix qui appellent à bannir l’abattage ne cesse de grandir. Les différentes communes ont, également, été invitées à travailler sur l’aménagement d’espaces d’accueil, de stérilisation et de vaccination pour les chiens errants. Or, jusqu’à aujourd’hui rares sont les communes qui disposent de tels espaces.
En dehors de la Capitale, il existe pour le moment quelques refuges à Djerba, à la Marsa, à Nabeul et Sousse. Si certaines communes penchent vers cette solution radicale, c’est parce qu’elle est moins coûteuse à leur sens et le résultat est instantané en cas de forte population et de cas de rage déclarés. En effet, on peut abattre jusqu’à une dizaine de chiens en moyenne par campagne. Cependant, une fois ceux-ci enterrés, d’autres naissent et rebelote. « Une chienne de grande taille peut, note la vice-Présidente de l’Association Ezzahra, avoir jusqu’à deux portées par an avec en moyenne six chiots par portée. Nous nous battrons pour la vaccination et la stérilisation des chiens errants.
Autrement dit, la castration des mâles ou l’Ovariohystérectomie chez la femelle, à travers une opération chirurgicale. Cette méthode permet de réguler durablement la population canine, tout en améliorant la santé publique et le bien-être animal. Une prise de conscience collective est primordiale, un avis que Monia Mellah Kchouk partage avec un réseau de personnes qui s’activent dans la défense de la cause animale bravant une multitude d’obstacles, la perception citoyenne de l’animal en premier. D’ailleurs elle appelle la municipalité d’Ezzahra de doter l’Association d’un local pour les opérations de stérilisation, de la vaccination et du suivi des chiens avec l’implication des vétérinaires de la région.
Kamel BOUAOUINA