Touristes étrangers mais aussi tunisiens retrouvent le chemin des hôtels en ce week-end prolongé. Les prix, eux aussi, se réveillent. Un cauchemar pour ceux qui espéraient se loger dans les hôtels, en raison d’un rush inhabituel vers les grandes stations touristiques, où les vacanciers ont eu du mal à trouver des lits disponibles. Pendant ce temps, le prix à payer pour des vacances de quelques jours s’alourdit et risque de se révéler quelque peu plus salé.
La douloureuse règle économique de l’offre et la demande s’applique. Parfois à outrance. « Les prix ont doublé voire triplé durant ce mois de juillet. Comme pour le train ou l’avion, les tarifs des hôtels fluctuent selon la demande et la date de réservation. Difficile pour un client qui voyage peu d’observer une hausse réelle. Dans l’hôtellerie, les prix évoluent de jour en jour. Un élément clé est à prendre en compte pour les prix : le taux de remplissage.
Tarifs prohibitifs
« Il faut le tenir en compte. Parfois nous avons beaucoup de monde, parfois nous n’en avons pas beaucoup et on doit faire jouer le prix en fonction de l’offre et la demande », explique un directeur d’hôtel à Hammamet. Ce qui explique les fluctuations des prix. Quant à la hausse, elle est globale dans le secteur hôtelier à cause de l’inflation. La note a explosé de 50 % avec un prix moyen de 250 dinars la nuitée. Outre un tarif prohibitif, certains hôtels proposant des chambres exigeaient que l’on réserve au moins 2 nuitées tandis que 50 % des hôtels contactés disaient ne plus avoir de disponibilités pour ce weekend.
La guerre en Ukraine, et ses conséquences sur le marché de l’énergie touche l’hôtellerie, gourmande en électricité et en gaz. « Les hôtels doivent mettre la climatisation l’été, cuisiner au gaz… Sans parler des services externalisés comme les blanchisseries qui sont aussi consommatrices d’énergie », explique Samir un patron d’hôtel. Autre explication, « la hausse des prix des matières premières comme celles utilisées pour les petits-déjeuners ».
Les raisons de ces hausses de prix amorcées ne sont pas que conjoncturelles. Il est vrai que l’offre touristique est trop faible en Tunisie. On n’a pas beaucoup d’hôtels comparé à d’autres destinations. Les chiffres officiels du ministère du Tourisme parlent de 242.000 lits que compte l’hôtellerie tunisienne, 184.000 seulement ont été mis en exploitation, soit 76%. Ce qui représente les trois quarts de la capacité totale. Ce qui fait qu’on a une forte demande et une faible offre touristique, ce qui donne automatiquement suite à une hausse des prix . Cette hausse des prix des nuits d’hôtel a permis aux hôteliers de compenser la hausse des charges d’exploitation , comme les prix de l’énergie, le coût de la main-d’œuvre.
Éviter les deux premières semaines d’août
Pour le président de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien (Fi2T), Houssem Ben Azouz, « les prix sont très élevés pour le pouvoir d’achat des Tunisiens. Il s’agit d’une tendance internationale notamment après la reprise du tourisme suite à deux années marquées par la crise pandémique ». Lors de l’ouverture des réservations, qui a commencé très tôt, il y avait alors des tarifs très abordables grâce notamment à des ventes flash et des promotions alléchantes. Malheureusement, il relève que les Tunisiens s’y prennent pour la plupart à la dernière minute.
« Cela s’explique également que lors de l’ouverture des réservations et des prix abordables, il y avait la période de Ramadan et l’Aïd qui ne permettaient pas à ce moment là de se projeter sur un projet de vacances », nous dit-il, tout en rappelant que les charges pour les hôteliers ont largement augmenté notamment en ce qui concerne la main d’œuvre, la consommation d’électricité, les produits alimentaires, les poussant à augmenter leurs tarifs. »
Cette hausse des coûts bouscule la relation traditionnelle entre l’offre et la demande dans le secteur de l’hôtellerie. En pratique, cela signifie que voyager en dehors des périodes de forte affluence facilitera la tâche des vacanciers et permettra de réaliser des économies, car le lien entre les tarifs et le taux d’occupation s’affaiblit. Dans un contexte de hausse des prix des chambres d’hôtels, certaines semaines et certains jours semblent être à privilégier pour obtenir des tarifs plus bas cet été. De façon générale, il faut éviter les deux premières semaines d’août pour éviter de payer trop cher.
Kamel BOUAOUINA