Par Raouf KHALSI
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». L’oxymore de Gramsci n’y va pas avec le dos de la cuillère. En quelques mots, il fait le constat d’un monde déjà révolu mais qui résiste et d’un autre en gestation, mais qui prend déjà forme. Il se meurt le vieux monde, mais il a encore une capacité à tirer vers le bas. Une force de rétention qui fait que le changement, ou la métamorphose butte sur des écueils. Et, plus problématique encore, les monstres surgissent sur fond d’un paysage clair-obscur.
Les monstres ? Oui, ce sont les traîtres, les voleurs et les malfrats.
Le Chef de l’Etat aura fait le tour de la question avec la conviction que l’œuvre de réédification de l’Etat et de parachèvement de la souveraineté nationale est un labeur continu, patient et qui exige l’apport et le concours du peuple, ce peuple qui sait aussi infléchir le destin.
Sans doute, tous ceux qui tablaient sur la faillite du tournant du 25 Juillet, ont-ils dû déchanter face au rythme imprégné à ce changement salvateur.
Engoncés dans leurs fantasmes apocalyptiques, manipulés par des loges suspectes, ils ne sont toujours pas au bout de leurs illusions, taraudés qu’ils sont par une espèce de syndrome dissociatif. Ils conspuent le pouvoir, descendent en flammes le régime, mais que proposent-ils comme solution de rechange, en dehors de l’alignement sur ces congélateurs idéologiques que sont les lobbies malfaisants et dont on connaît le mode opératoire.
Sans aller jusqu’à emprunter sa description à Trotski de « La révolution permanente », il va sans dire que la révolution tunisienne doit retrouver sa trajectoire régulière, autant dire aussi sa genèse.
Une révolution faite par les jeunes, tous les laissés-pour-compte, mais qui a été détournée de ses fondamentaux et écorchée dans le vif comme par le tranchant d’un glaive satanique.
Aujourd’hui, c’est le peuple qui veut. Il est à la fois le dépositaire de la légalité et de la légitimité. Un peuple anobli et qui redevient au centre d’intérêt d’un Etat fort, vent debout.
Voilà : nous sommes aujourd’hui en plein exercice d’une donne que nous croyions à jamais perdue : L’Etat-Nation. Il reste juste à réduire à l’impuissance les forces occultes nées d’un système destructeur et pervers. Quant aux monstres, ils n’auront plus rien à corrompre et guère d’âmes faibles à vampiriser.