Par Slim BEN YOUSSEF
Israël peut-il frapper le QG de la Finul au Liban, tirer à balles réelles sur des Casques bleus de l’Onu, endommager leurs véhicules et, pour couronner le tout, détruire leurs caméras de surveillance et leurs installations de communications ? Bien sûr que oui. Qu’est-ce que la Finul ? Une mission militaire des Nations unies. Qui sont les Casques bleus ? Des soldats de plusieurs nationalités qui sont déployés au Liban dans le cadre de cette mission des Nations unies. Qu’est-ce que les Nations unies ? Une organisation qui regroupe 193 pays ; en gros tous les pays sauf l’État de Palestine. 193 pays sont-ils en mesure de stopper Israël ? Bien sûr que non. Ce n’est là qu’un simple échantillon de l’impunité totale et chronique d’une entité coloniale qui se place au-dessus de toutes les nations.
La Finul, créée en 1978 en pleine guerre civile libanaise télécommandée par Israël et l’Occident, devait œuvrer à l’origine au retrait des forces sionistes du territoire libanais, à la restauration de la paix et de la sécurité à la frontière et enfin aider le gouvernement libanais à rétablir sa souveraineté dans la zone. En 1982, lorsque l’entité sioniste lança son invasion du Liban pour exterminer tous les militants de l’Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafet, finalement accueillis en exil par la Tunisie, la Finul a été attaquée à plusieurs reprises par l’armée israélienne. Ce fut également le cas durant la guerre entre Israël et le Hezbollah, qui a débouché sur la victoire du mouvement militant libanais en l’an 2000, mettant fin à l’occupation israélienne au Liban Sud. Même son de cloche durant la guerre de juillet 2006, gagnée également par le Hezbollah et menant à l’adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. En 46 ans de présence sur le sol libanais, pas moins de 329 militaires de l’Onu ont été tués par Israël.
Aujourd’hui, la mission compte environ 10 500 soldats originaires de 48 pays pour un budget avoisinant les 500 millions de dollars annuels. Après la guerre de juillet 2006, les prérogatives de la Finul ont été élargies en vertu de la résolution 1701. Les principaux éléments de la résolution, qui compte 19 paragraphes, confèrent notamment et en premier lieu à la Finul la responsabilité de maintenir un cessez-le-feu « permanent » et d’empêcher Israël de franchir la « ligne bleu », appuyer le déploiement des forces armées libanaises dans la zone et « s’interposer en cas de nécessité ».
S’interposera-t-elle aujourd’hui alors qu’elle est attaquée de front par l’armée israélienne ? Sur le papier en tout cas, la Finul « peut exercer son droit inhérent à la légitime défense », dit chapitre 6 de la Charte des Nations Unies, en vertu duquel elle doit « résister aux tentatives visant à l’empêcher par la force de s’acquitter des tâches qui lui incombent en vertu du mandat qui lui a été confié par le Conseil », « protéger le personnel, les installations et le matériel des Nations Unies », « assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations unies et des travailleurs humanitaires » et « protéger les civils sous la menace imminente de violences physiques ». Sur le papier ? Oui mais en lettres mortes.