Malgré les crises structurelles et conjoncturelles, les agences de voyages ont su résister à la fermeture et ont ainsi prouvé que la profession conservait son utilité, sa raison d’être. En effet, passé « l’effet Covid-19 », les citoyens du monde se sont à nouveau mis à voyager. Les Tunisiens ne furent pas en reste. En principe, cette embellie devrait rejaillir sur la situation économique des agences de voyages. Il n’en est rien comme l’ont signalé les agents de voyages lors de la réunion groupant le ministre du tourisme Sofiane Tekaya et la Fédération Interprofessionnelle du tourisme tunisien en vue d’examiner la situation du secteur des agences de voyages. Les explications de Houssem Ben Azouz, président de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien
Depuis le début de la pandémie, les agences de voyages ont été parmi les plus touchées par les conséquences de la crise. Entre les fermetures des frontières et les restrictions gouvernementales fluctuantes, les agences ont enregistré une baisse de 75 % de leur chiffre d’affaires.
La crise sanitaire a fait émerger de nouvelles manières de s’évader. La pandémie a obligé les agences de voyages à envisager de nouvelles façons de travailler. Les processus traditionnels de réservation ont en effet été remis en question. Ainsi, elles ont dû renforcer leur système de réservations en ligne afin de proposer aux clients des prestations qui répondent à leurs besoins sans avoir à se déplacer physiquement en agence.. Les agences ont pu malgré tout garder un contact relationnel avec leur clientèle tout en répondant à leurs moindres interrogations. Après la crise sanitaire, le secteur des agences de voyages commence à reprendre son souffle vu la bonne reprise de l’activité touristique nationale et internationale. Tous les indicateurs actuels sont positifs et enregistrent des progressions notables : nombre d’entrées, recettes, nuitées…Encouragés par cette reprise les agences commencent à vouloir réinvestir dans les ressources humaines, le matériel roulant et les frais promotionnels et de communication.
Le parc roulant, les sociétés de service, et la main d’œuvre qualifiée entravent la profession
Le secteur souffre de plusieurs difficultés conjoncturelles et structurelles, explique Houssem Ben Azouz « Nous citons la suppression en 2024 des avantages douanier et fiscal pour l’acquisition des véhicules touristiques microbus (12 à 16 places) et minibus (27 places). Or après vérifications et enquête conjointe avec les autorités de tutelle, les micro bus et minibus produits ou rassemblés en Tunisie ne donnent satisfaction ni sur le plan quantitatif ni sur le plan qualitatif.
Par ailleurs, les prix de ce type de matériel roulant crucial pour notre activité ont doublé voire triplé. Aussi beaucoup d’agences de voyages seront incapables de renouveler leur parc roulant de microbus et minibus. Je rappelle que le régime fiscal privilégié pour l’acquisition de matériel roulant par les agences de voyages vise à encourager les investissements dans le secteur touristique qui est un pilier important de l’économie tunisienne. En réduisant les coûts d’acquisition des véhicules, ces avantages permettent aux agences de d’investir davantage dans leur flotte et d’améliorer leurs services »
Le Président de la Fédération Interprofessionnelle du tourisme tunisien devait indiquer qu’une grande concurrence déloyale sévit dans le secteur des agences de voyages. « Une multitude d’offres de produits touristiques sont fournies par des structures illégales. Les prestations touristiques pour les touristes nationaux et internationaux ne peuvent être légalement fournies que par les agences de voyages agréées et ce dans l’intérêt du touriste.
Or on voit un grand nombre de sociétés de services, d’associations, des intrus qui offrent des forfaits et des excursions touristiques en Tunisie et à l’étranger. Je rappelle que ces structures pirates ne fournissent pas au client les mêmes garanties exigées des agences de voyages agréées (assurances, capital, compétences…) »Et d’ajouter « . Notre activité manque aussi de personnel touristique dans toutes sortes de métiers : guides professionnels, chauffeurs, agents de comptoir, personnel hôtelier… La saisonnalité de l’activité, la faiblesse des salaires, les départs à la retraite… aggravent ce problème .Malgré ces difficultés, notre priorité demeure encore et toujours la même : épauler les voyageurs et leur proposer les voyages et les destinations qui les font rêver»
Kamel BOUAOUINA