Une opération de grande envergure effectuée dernièrement par les agents de la Police et de la Garde nationale, a permis d’arrêter plusieurs trafiquants de stupéfiants et de saisir d’importantes quantités de drogue. A ce propos, le colonel Houssem Jebabli, porte-parole de l’administration générale de la Garde nationale, a déclaré lors de son intervention sur les ondes d’une radio de la place, que 205 individus ont été arrêtés et de grandes quantités de drogue, de sommes d’argent et d’armes blanches, ont été saisies, en précisant que « cette campagne visait les principaux trafiquants de drogue dans le Grand Tunis ». En effet, des individus ayant de lourds casiers judiciaires, qui étaient en fuite, ont été arrêtés après des perquisitions dans leurs domiciles.
Le colonel Jebabli a ajouté que « la guerre de libération de plusieurs régions des stupéfiants continue ». Deux parmi les suspects ont été arrêtés au niveau des frontières ouest avec six cents pilules stupéfiantes et un réseau de distribution de drogue à Msaken, composé de trois personnes, a été également démantelé avec la saisie de 13.650 pilules stupéfiantes. Le colonel Jebabli a également fait remarquer que « ces campagnes sécuritaires ne concernent pas que les quartiers populaires, expliquant que même les classes sociales aisées sont concernées et que les forces de l’ordre avaient saisi auparavant de la drogue dans des yachts et des lieux huppés ». Le fléau a également atteint le milieu scolaire. Lors de ces dernières opérations et comme l’a indiqué également le colonel Jebabli, cinq plaques de cannabis ont été saisies à quelques mètres d’un établissement d’enseignement à Naassen, en précisant que « la cocaïne, le cannabis et l’ecstasy sont les produits les plus répandus pour les consommateurs en Tunisie ».
A la recherche du gain facile : le piège
Il faut dire que le fléau de la drogue en Tunisie ne date pas d’aujourd’hui. Il s’est de plus en plus amplifié pour toucher particulièrement les jeunes et notamment ceux qui émigrent à l’étranger et se trouvent exposés à des réseaux de trafiquants de drogue. Ils sont entraînés soit par pur hasard, soit à la recherche de meilleures conditions de vie. C’est ainsi que, ne trouvant pas d’emploi pour survivre, ils tombent facilement dans le piège des activités illégales que leur tendent les trafiquants, en les appâtant par le gain « facile » ou en les engageant carrément dans leurs réseaux. Certains d’entre eux tombent dans la délinquance avec toutes ses conséquences, car il y a au bout, soit la mort, soit la prison. Plusieurs d’entre eux, en effet, ont fini par être abattus par ceux-là mêmes qui les ont employés au départ. D’autres sont extradés après avoir été arrêtés et après avoir purgé des peines de prison pour moult trafics de stupéfiants. Revenus au pays, ils sont suivis par la justice et la police, et certains peuvent récidiver après un moment de trêve. C’est ainsi que s’est constitué petit à petit un réseau dirigé par les grands barons de la drogue dont certains opèrent en Tunisie en utilisant des sociétés écrans pour tromper la vigilance de la police.
Trafic de stupéfiants, blanchiment d’argent et terrorisme
Derrière le trafic de drogue, il y a également le terrorisme et le blanchiment d’argent. Il s’est avéré en effet, depuis 2011 et durant la dernière décennie, que des trafiquants de stupéfiants en Tunisie sont en relation avec des réseaux internationaux de stupéfiants. Le trafic de drogue, souvent dirigé par des réseaux criminels, fournit des ressources financières au terrorisme, alimentant ainsi la violence et toutes sortes d’activités contraires à la loi. Pour dissimuler ces profits illégaux, le blanchiment d’argent passe souvent par des circuits financiers complexes.
Intensifiant les mesures de surveillance financière et les efforts de coopération internationale, la police des stupéfiants parvient de plus en plus à réaliser d’importants coups de filet, en interpellant de gros trafiquants avec des quantités de stupéfiants dont de la cocaïne en importante quantité, ou en déjouant des opérations visant à acheminer toutes sortes de drogue, par voie aérienne ou maritime. Certes, à cause de toutes les manœuvres frauduleuses utilisées par les trafiquants de drogue, les enquêtes deviennent complexes pour les autorités, cependant, celles-ci continuent à œuvrer à démasquer des réseaux de stupéfiants cachés derrière des structures « légales ».
Vigilance et campagnes de sensibilisation
C’est la raison pour laquelle il est nécessaire en plus de l’approche répressive, de concevoir une approche préventive afin de réduire durablement l’impact du trafic de drogue. Des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes sont essentielles. Ces campagnes peuvent les informer des dangers de la drogue, des conséquences légales et des pièges tendus par les trafiquants. Les initiatives de prévention dans les écoles, les universités et les communautés locales, contribuent à renforcer la résilience des jeunes face à l’influence des réseaux criminels. Par ailleurs, il est important de revoir la loi 52 relative aux stupéfiants, afin de permettre, entre la prévention et la sanction, d’élaborer des mesures plus efficaces concernant les trafiquants de stupéfiants et de faire reculer en même temps le nombre de consommateurs ainsi que celui des détenus.
Il faut plus de vigilance pour prévenir le trafic et la consommation de stupéfiants, notamment dans les milieux scolaires. Pour cela, une action commune entre toutes les instances de l’Etat est nécessaire, afin de mener une lutte sans merci contre le fléau de la drogue et surtout, contre les gros trafiquants qui se retranchent derrière des organisations et des entreprises factices et tirent profit au détriment des faibles. Dans la présente affaire, le directeur de la sécurité de la région de Ben Arous et porte-parole de l’administration générale de la sécurité nationale, le colonel Imed Mhamdi, a déclaré de son côté que « la main de la sécurité finira par atteindre tous les trafiquants conformément à la loi ». Acceptons-en l’augure.
Ahmed NEMLAGHI