Le tourisme de santé se décline en trois sous-produits : tourisme médical, bien-être et tourisme de seniors. Ce secteur nous rapporte, chaque année, plus que le pétrole et le phosphate, à même de réaliser 50% des recettes touristiques en général, soit environ 2.500 millions de dinars tunisiens. Les tarifs pratiqués sont nettement inférieurs à ceux des pays européens, avec des coûts de séjour médical en hôpital privé en Tunisie de 30 à 50% inférieurs à ceux d’une clinique privée en France. Ce facteur prix, combiné à des temps d’attente réduits pour les interventions chirurgicales, rend le pays particulièrement attractif pour les patients étrangers qui viennent en Tunisie pour une large gamme de soins, comme le souligne Nadia Fnina, directrice générale de la Cellule de promotion de l’investissement et de l’exportation des services de santé lors du dernier congrès africain sur le tourisme médical à Hammamet.
La Tunisie est numéro un en Afrique pour tout ce qui est demande de soins et offre. Elle dispose de grands atouts dont une formation dans les métiers de la santé performante, un grand potentiel en télémédecine, et une médecine de pointe très développée. Plus de 600 000 patients étrangers sont hospitalisés chaque année en Tunisie, et plus de deux millions sont pris en charge pour des soins ambulatoires. Les Libyens figurent en tête des patients étrangers (40%), suivis des Africains (29%) des Européens (21% dont 16% français), sans oublier les Algériens (5%), les Mauritaniens (1,%) les pays arabes ( 1%), puis les ressortissants d’Afrique subsahariens (29%).
Plusieurs facteurs encouragent les patients à venir en Tunisie : une technologie avancée (40%), une meilleure qualité de prestation (32%) et un accès rapide aux soins (15%). Le premier facteur d’attractivité de la Tunisie, est de loin la qualité des prestataires de santé (31%), alors que le variable prix a beaucoup moins influencé (7%). Les autres facteurs sont la proximité géographique (18%), l’accueil (15%) et la qualité des services (10%). Le taux de satisfaction 94% des patients étrangers apparaît très élevé, 94 % reviendraient. Le Grand Tunis accapare 59% des patients suivis par Sfax (19%) Djerba (9%) Nabeul, Sousse et Monastir (8%) et 5% pour le reste du pays.
La Tunisie est apte à devenir une destination privilégiée pour le tourisme médical et l’exportation des services de santé et aussi à promouvoir davantage ce secteur, vu qu’elle est dotée d’équipements médicaux modernes, de cadres médicaux et paramédicaux qualifiés à même d’assurer la promotion du tourisme médical. Elle est capable de doubler le nombre des patients étrangers en 5 ans, soulignant que le calcul des revenus a été fait sur la base de 5 000 dinars de dépenses par patient. Les exportations des services de santé ont été multipliés par 8 entre 2001 et 2013 , par 26 entre 2003 et 2023 et par 6 entre 2013 et 2023.
Le ministère a intégré le développement de l’investissement et de l’exportation des services de santé parmi ses priorités dans le plan de développement 2023-2025 et que la Tunisie est capable de développer ses exportations en médicaments à plus de 7 fois, ce qui permettra de consolider davantage nos apports en devises et de créer de nouveaux postes d’emploi. L’unité de promotion de l’investissement et de l’exportation des services de santé du ministère de la Santé s’emploie actuellement à mettre en place une structure institutionnelle de coordination entre les différents intervenants des secteurs public et privé, du tourisme et des affaires sociales pour le renforcement de ce secteur, outre la consolidation des techniques de communication pour impulser la coopération et le partenariat.
Côté législatif, le texte réglementant les établissements d’hébergement et les centres de convalescence a été publié, avec des progrès enregistrés au niveau de l’élaboration du cahier des charges organisant les activités des centres d’hébergements et de soins pour personnes âgées dépendantes, les centres d’hébergement et de soins pour patients atteints de la maladie d’alzheimer et les centres de promotion du tourisme médical , d’accompagnement et de suivi du parcours du patient sans oublier un cahier de charge des établissements exportateurs des médicaments. Nous travaillons sur plusieurs dossiers, dont l’amélioration de l’attractivité du secteur public et privé de la santé pour les patients tunisiens et étrangers, surtout que le secteur public dispose de hautes compétences médicales et d’un ensemble d’équipements de pointe pouvant inclure le secteur public dans le tourisme médical, comme la transplantation d’organes. Nous accordons un grand intérêt à la communication digitale et relationnelle.
Kamel BOUAOUINA