Les réformes des systèmes de santé, ont montré que la prestation de services de soins de santé primaires intégrés et centrés sur la médecine de famille est l’approche la plus efficiente pour atteindre la couverture sanitaire universelle. En Tunisie, l’enjeu est donc la capacité de notre système de santé à intégrer une approche de soins basée sur la médecine générale et familiale.
Ces médecins généralistes jouent un rôle primordial dans notre système de santé. Ils sont les premiers points de contact pour les patients et offrent une gamme complète de soins, de la prévention à la gestion des maladies chroniques. Ils connaissent leurs patients et leurs familles, et sont en mesure de leur fournir des soins personnalisés et adaptés à leurs besoins. Véritables interlocuteurs de confiance, ils accompagnent les patients dans la gestion de leur santé au quotidien. Leur expertise et leur connaissance approfondie de la santé publique font d’eux des acteurs incontournables pour promouvoir la prévention et améliorer la qualité des soins.
Notre système de santé est en constante évolution. Les années à venir nous promettent des bouleversements de taille. Les besoins en soins primaires seront directement influencés par le vieillissement de la population, la migration vers le milieu urbain et les habitudes et attentes des citoyens face à la médecine perçue de plus en plus comme un bien de consommation. Apparemment, la médecine générale et la médecine de famille (MF) devront occuper une place centrale. Des études scientifiques démontrent qu’un système de soins efficace et efficient se base sur une médecine de famille forte et qu’il faut donc la développer.
Tisser des liens de partenariat avec les sociétés savantes nationales
Malgré l’importance de leur rôle, nos médecins de famille font face à de nombreux défis au quotidien. C’est pourquoi il est essentiel de prendre des mesures afin de valoriser leur métier. Cette manifestation, comme le précise souligne, Mohamed Kamoun, Président de la société tunisienne de médecine générale et de médecine familiale nous a offert encore une fois l’occasion de mettre en lumière le rôle central que joue notre discipline dans la réalisation des objectifs d’universalité et de santé pour tous. Elle nous rappelle l’importance du rôle du médecin généraliste et de famille dans le système de santé et permet d’attirer l’attention des autorités, une fois de plus, sur ce métier qui peut résoudre 80% des problèmes de santé de la population dans 80% de cas sans avoir recours aux soins spécialisés.
« Suite au succès de l’édition de 2023, qui a vu la participation de plus de 1400 médecins et qui a été le fruit d’efforts fournis depuis 2017 pour le bien de la médecine générale et de la médecine de famille, la STMGF a affirmé sa notoriété comme acteur principal dans la formation médicale continue. Cette nouvelle rencontre scientifique a pour thème principal « Une médecine plurielle pour un patient singulier » . Elle a vu la participation de plus 1500 médecins qui ont suivi 36 conférences, 240 intervenants et 144 ateliers . 540 e-posters ont été présentés par les médecins et des résidents parmi 1000 e-posters envoyés. La faculté de médecine de Sousse a organisé à cette occasion 4 master-class qui ont abordé les sujets de l’obésité, l’insuffisance respiratoire chronique, la sexologie et la nutrition. 24 associations savantes tunisiennes de spécialités ont assuré des ateliers pratiques à nos médecins comme la petite chirurgie. »
Le rôle de notre société savante, la STMGF, précise Dr Habib Jerbi, président du Congrès, est de rapprocher les différentes associations d médecine générale et de médecine de famille existante, uniformiser les sessions de développement professionnel continu sur tout le territoire en fonction des besoins spécifiques des régions, tisser des liens de partenariat avec les sociétés savantes nationales et internationales et participer à l’élaboration des recommandations nationales .Il est vrai que les médecins généralistes ou de famille font preuve d’une grande polyvalence ont un rôle important à jouer dans la gestion et l’organisation des soins pour peu qu’ils soient concertés. D’où la nécessité de placer ces acteurs comme acteur des évolutions nécessaires dans la modernisation du système de soins, faire évoluer la représentation sociale du médecin généraliste, promouvoir la recherche en médecine générale et la spécialité de médecine familiale, développer plus la formation médicale continue validante et diplômante, promouvoir la hiérarchisation des soins et harmoniser le travail de collaboration entre médecins de famille et médecins spécialistes »
La médecine générale ou de famille de demain devrait ainsi évoluer avec toutefois de nouvelles compétences, de nouveaux outils pour fonctionner dans un nouveau concept de soins. Mais un phénomène inquiétant prend de l’ampleur et touche cette activité : l’exode massif des médecins tunisiens vers d’autres horizons. Au-delà des défis locaux tels que les conditions de travail difficiles et les salaires peu attractifs, cette migration de l’expertise médicale laissera-t-elle un vide conséquent dans le système de santé tunisien ?
Kamel BOUAOUINA