Dans les arts de la scène, il est dans le métier depuis quelques décades, que ce soit en région où il a passé une douzaine d’années ou à Tunis dont il est natif. Lassaad ben Abdallah est metteur en scène, dramaturge et producteur de théâtre. Il a dirigé des compagnies privées et publiques. Consultant et président de plusieurs commissions, il est aussi programmateur et directeur artistique de plusieurs festivals et manifestations. Il collabore souvent avec des organisations du tissu associatif pour l’élaboration et la mise en place de projets dont le thème central reste la culture.
Le Temps.news : Le citronnier malade, est votre deuxième livre. Peut-tu nous en parler ?
Lassaad Ben Abdallah : Il y a quelques jours sortait en librairie mon livre «Le citronnier malade » chez Contraste Editions. C’est notre seconde collaboration après « La fin tragique du théâtre… ? Notes confinées » en 2020. Le premier était un ouvrage tournant principalement autour du théâtre sans oublier que nous étions en pleine pandémie précisément pendant l’écriture de cet essai. Par contre, ce dernier opus est un roman de 280 pages. Sans dévoiler le contenu, on peut dire que les évènements se déroulent tout au long de soixante-quinze ans dans différentes régions de notre pays essentiellement la banlieue nord de Tunis en l’occurrence La Marsa et puis Le Kef.
C’est une fable avec un début et une fin où s’entremêlent différentes générations de personnages. Les évènements de cette saga débutent en 1942 pendant le protectorat et surtout l’arrivée des allemands, et se poursuivront tout au long des années et des décades. Trois personnages sont présents tout au long des années décrites dans le livre et font le liant entre les différentes étapes du récit : il s’agit de Betbet, un receleur qui profite de toutes les opportunités qui lui ont été offertes à travers les différents bouleversements historiques qu’a connu le pays. Sleh et Anouchka deux de ses victimes, bien sur chacun à sa manière qui sont liés aussi à l’avancement des actions dramatiques. Mais une multitude d’autres personnages, adjuvants et opposants, viennent se greffer et interférer avec nos trois personnages principaux. L’écriture commence comme une simple histoire pour terminer en polar.
Vous adorez écrire. Vous avez la passion de l’écriture aussi ?
Parallèlement à mes travaux de mise en scène théâtrale et parfois en dehors dans les périodes d’attente d’une production à l’autre ; l’écriture était présente d’une manière ou d’une autre à travers des textes d’accompagnement ou carrément des textes se suffisant à eux-mêmes.
Ces écritures ne sont pas des brouillons mais des textes aboutis même si parfois ils sont très courts. Des exercices de style ? Pouvons-nous considérer ces textes comme un matériau de travail, de départ ?…Peut être. Ces écritures toujours présentes m’ont interpellé et questionné dans mes parcours créatifs. En tout cas une technique d’écriture s’est mise en place tout au long des années.
Vous excellez aussi dans la mise en scène ?
Ce que je sais par contre c’est que j’ai retrouvé, des années après et même des décades parfois, sans faire exprès, ni se référer particulièrement à l’un de ces écrits, des bribes de ces textes dans des travaux qui ont abouti sur scène, des idées qui ont été développé, des ébauches qui sont devenu des textes. Les enchevêtrements que produit la mémoire font que vous vous retrouvez à travailler sur la suite, ou bien sur des personnages qui reviennent dans plusieurs textes. Des petites histoires qui reviennent hanter, des personnages et surtout leurs noms qui reviennent résonner dans la tête, parfois je les retrouve d’histoire en histoire, sous d’autres formes aussi, des versions du même personnage. C’est un background très lointain et dans le même temps très proche puisque ces textes n’ont jamais fait l’objet d’un intérêt scénique particulier : cependant dans certains travaux il y a des airs de résonances et de survivances.
Pourquoi la fin tragique du théâtre ?
Écrit durant le confinement, ce texte m’a invité à une promenade à travers le temps, pour découvrir avec moult exemples l’évolution du quatrième Art. En cours de route, j’ai témoigné de ma propre vision du passé, du présent et du futur de cette forme d’expression, qui annonce peut être les prémices de sa fossilisation. Le texte n’est pas une suite chronologique, il est plutôt réflexion. J’ai essayé de créer une sorte de bulle, où le lecteur/spectateur se trouve emmené sur le chemin de la réalité/fiction. C’est aussi ça le théâtre, un jeu!.
Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA