- Vers l’accroissement de la part de l’investissement à 16,2% du PIB et la révision du code d’investissement
Le Chef du gouvernement Kamel Maddouri a présenté hier à l’ouverture des séances plénières conjointes entre le parlement et le Conseil régional des régions et districts la vision globale et les objectifs du budget de l’Etat pour l’exercice 2025. Kamel Madouri a réitéré la volonté du gouvernement de consolider le rôle de l’Etat social conformément aux directives du Président de la République Kaïs Saïed affirmant que les prévisions du budget tablent sur une croissance de 3,2% en 2025. Le gouvernement s’attend à une amélioration de la balance des paiements, et ce, grâce à la maîtrise du déficit budgétaire courant qui devrait atteindre 2,7% du PIB en 2024, en dépit de la hausse remarquable du déficit énergétique. « Un objectif ambitieux qui nécessite l’implication de tout un chacun », affirme-t-il. « L’année 2025 sera l’année de la relance économique », ajoute-t-il. Une croissance qui passera inévitablement par le triptyque : investissement, production et digitalisation.
Dans la déclaration du gouvernement, Kamel Maddouri a souligné la forte résilience de l’économie nationale face aux transmutations internationales et régionales. Il a souligné l’amélioration deplusieurs indicateurs économiques dont principalement le tourisme, l’agriculture, les revenus du travail, la maîtrise du taux d’inflation contre le repli de l’industrie manufacturière et l’industrie extractive.
Augmentation du SMIG de 7,5% à partir de janvier 2025 et un fonds d’assurance chômage
Sur le plan social, le Chef du gouvernement a affirmé que le budget économique 2025 traduit le prolongement de l’intérêt porté par le Président de la République aux catégories sociales les plus vulnérables plaçant la justice sociale au cœur de l’action gouvernementale.
Il a passé en revue les différentes mesures engagées en 2024 dont l’augmentation du salaire minimum garanti (Smig) de 7% dans le secteur privé pour les travailleurs actifs et l’ajustement des pensions de retraite, lequel profitera à un million de retraités. « Une deuxième majoration de 7,5% du SMIG est prévue à partir de janvier 2025 », a-t-il affirmé, outre la révision du code travail et la création d’un fonds d’assurance de perte d’emplois pour des raisons économiques.
Révision globale du système d’assurance maladie
D’un autre côté, le Chef du gouvernement a confirmé l’engagement du gouvernement à faire monter l’ascenseur social pour relancer la croissance économique via notamment une révision globale du système d’assurance maladie et du rôle des caisses sociales, dans le cadre d’une réforme globale visant à renforcer l’accès aux soins pour les Tunisiens. L’amélioration de la qualité services à caractère social est également dans le ciblage du gouvernement pour la prochaine étape entre autres dans les domaines de la santé et du transport.
Par ailleurs et dans l’objectif de renforcer l’inclusion financière, de nouvelles mesures prévues dans la LF 2025 destinées à accompagner et promouvoir les sociétés communautaires.
Un fonds additionnel de 20 millions de dinars au profit des sociétés communautaires
« Un fonds additionnel de 20 millions de dinars sous forme de ligne de financement sera réservé aux sociétés communautaires et un montant de 10 millions de dinars sera alloué à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) afin d’assurer les financements octroyés à ces entités productives », a souligné le chef du gouvernement affirmant l’ajustement à la hausse du plafond de financement accordé à ces sociétés.
Le gouvernement poursuivra par ailleurs l’appui aux PME qui constituent la pierre angulaire du développement et le renforcement de leur solidité financière de manière à faire face aux menaces conjecturelles.
Des mesures révolutionnaires dans le secteur agricole
Sur le plan sectoriel, un intérêt particulier sera accordé au secteur agricole. Une batterie de mesures est prévue dans le PLF 2025 pour la réalisation de la souveraineté alimentaire et parvenir à l’autosuffisance aspirée. « Des mesures révolutionnaires dans le secteur agricole sont attendues », assure le Chef du gouvernement. D’autres secteurs sont sur la liste des priorités dont la promotion de l’économie verte, de l’économie bleue et des énergies renouvelables outre les secteurs traditionnels dont le tourisme et l’artisanat, l’industrie du textile-habillement et les industries manufacturières en général.
Le gouvernement est déterminé à poursuivre les chantiers de réformes en relation avec la lutte contre la corruption, la contrebande et le commerce parallèle tout en améliorant l’infrastructure de base, la numérisation de l’administration et la veille technologique. L’objectif étant d’améliorer le climat des affaires.
Révision du code d’investissement
D’ailleurs, l’Investissement demeure la principale orientation du programme économique pour l’exercice 2025 et le champ de bataille du gouvernement Maddouri. Le Chef du gouvernement a en effet assuré que l’attraction des investissements est une priorité nationale, du fait de son rôle de locomotive de la croissance, annonçant l’objectif de porter la contribution de l’investissement dans la croissance à 16,2% du PIB en 2025. Il a indiqué à juste titre que l’Etat œuvrera à la révision du système législatif régissant l’investissement pour surmonter les obstacles qui entravent le développement de l’initiative privée et la réalisation de projets prometteurs dans les domaines stratégiques.
Cette révision du système législatif de l’investissement sera réalisée dans le cadre d’un unique texte juridique, unifié et horizontal, en plus des avantages inclus dans le projet de révision du Code des changes, lesquels permettront de libérer l’initiative privée, d’améliorer les avantages concurrentielles des entreprises pour mieux se repositionner sur les chaînes de valeur mondiales.
Le Chef du gouvernement a annoncé par ailleurs la création d’une plateforme unifiée d’investissement et le développement du portail numérique de l’Agence foncière industrielle (AFI), en plus du lancement d’un portail pour l’identification des financements et ce en partenariat avec le conseil financier et bancaire.
Sur le plan régional et pour réduire les disparités régionales Maddouri a relevé l’élaboration d’une carte d’investissement pour chaque district, en vue de garantir la répartition équilibrée des mégaprojets d’investissement sur le territoire tunisien, en prenant en considération les avantages compétitifs de chaque district ainsi qu’une meilleure affectation des compétences humaines et des ressources naturelles.
Une nouvelle gouvernance pour les mégaprojets
Une nouvelle gouvernance des mégaprojets sera prochainement mise en place de manière à surmonter les obstacles entravant le lancement de ces projets d’envergure. Un comité de suivi des grands projets a été créé. En effet, la Présidence du Gouvernement a publié récemment l’arrêté réglementant les procédures de mise en œuvre des grands projets publics, prévoyant la création d’un « Comité des grands projets » dirigé par le chef du gouvernement. Ce comité, qui relève de la présidence du gouvernement, comprend le ministre des Finances, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, le ministre chargé des technologies de la communication, le ministre de l’Équipement, le ministre chargé des Domaines de l’Etat et de l’Immobilier, le Ministre chargé de l’Environnement et le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie. La Commission des grands projets, conformément à l’arrêté n° 497 de 2024 publié au Journal officiel n° 130 de 2024, est chargée d’approuver la nature des grands projets et d’exprimer un avis sur les propositions d’attribution de marchés liés à la mise en œuvre des grands projets, et l’avis du comité lie toutes les parties.
Maddouri a annoncé à juste titre la résolution des problèmes fonciers liés deux projets d’investissements sur les côtes Nord de la ville de Sfax et à sebkha Ben Ghayadha à Mahdia.
Le chef du gouvernement a mis par ailleurs l’accent sur la nécessité de prendre des décisions pour accélérer la réalisation d’un nombre important de projets bloqués depuis 5 et 10 ans ; à l’instar de l’hôpital Roi Salmen Ben Abdelaziz à Kairouan, l’hôpital universitaire à Sidi Bouzid, l’hôpital multidisciplinaire à Gafsa et autres hôpitaux régionaux ainsi que le projet du RFR (Réseau Ferroviaire Rapide) reliant Tunis à Manouba et le projet du super phosphate triple à Mdhila 2 et le projet de l’unité de production du phosphate commercial à Oum Khcheb.
Après la lecture de la déclaration du gouvernement par le Chef du gouvernement, les rapporteurs de la commission des finances de l’Arp et du CNDR ont présenté un aperçu sur le rapport final sur le PLF soulignant certaines réserves exprimées par les députés notamment ceux liés à l’augmentation de la pression fiscale, la poursuite du même schéma budgétaire qui repose sur l’endettement et le bâton fiscal appelant le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour endiguer le fléau de l’économie informelle.
Yosr GUERFEL AKKARI